Béton de chanvre et feu de façade : retour d’expérience sur le comportement au feu

Rédigé par

Patricia Desmerger

Directrice

6566 Dernière modification le 20/01/2021 - 10:22
Béton de chanvre et feu de façade : retour d’expérience sur le comportement au feu

Le Centre d’Essais au Feu du CERIB a conduit en octobre dernier pour Construire en Chanvre un essai Lepir 2 (Local expérimental pour incendie réel à 2 niveaux) sur une paroi en béton de chanvre pour compléter les références déjà acquises pour ce matériau en matière de comportement au feu. Rappelons que le béton de chanvre, mélange d’un liant minéral, d’un granulat végétal labellisé (obtenu après défibrage de la tige de chanvre) et d’eau, est une belle découverte qui remonte à 1986.

L’objectif de cet essai était de voir comment se comportait la façade en termes de propagation des flammes, de vérifier que le feu ne se diffuse pas par la jonction entre la façade et le plancher entre les deux étages et de s’assurer que la température ne dépasse pas 180 °C sur la face supérieure de ce plancher.

L’analyse de l’ensemble des relevés de température issu des 125 thermocouples équipant la façade béton de chanvre et ossature bois a permis de confirmer les appréciations qualitatives formulées lors de l’essai :

L’élément soumis à essai est déclaré « … conforme à la réglementation applicable vis-à-vis de la non-propagation du feu par les façades pour une durée de 60 minutes » (extrait de l’appréciation de laboratoire n° 026090).

Ainsi, expérimenter une configuration assez minimaliste (épaisseur minimale de béton de chanvre et absence de finition intérieure) associée à des facteurs à priori pénalisants (présence d’une importante masse combustible exposée et mobilisable – plancher intermédiaire et encadrements de baies en bois massif) s’est avéré être un pari gagnant.

A l’instar de ce que laissait présager « la hauteur impressionnante des panaches de flammes », la sollicitation a bien été extrêmement sévère : la température dans la chambre de feu a dépassé 1100°C après 36 minutes pour revenir à 900°C en fin d’essai et les deux panaches de flammes atteignant 950 à 1050°C ont sollicité la maquette par l’extérieur.

En réponse, l’enduit extérieur de 2 cm est resté adhérent au béton chanvre.  Celui-ci a pleinement joué son rôle d’écran de protection thermique de l’ossature bois noyée. En effet, à l’exception des linteaux et des double-montants au niveau des ouvertures, aucun bois d’ossature n’a dépassé 100°C pendant l’essai.

Le dernier résultat attendu était le comportement de la jonction façade / plancher intermédiaire pour laquelle l’élévation de température admissible en face non exposée de plancher (face supérieure) mesurée à 50mm en retrait de la façade est bornée à 180°C. Résultat obtenu : 44°C soit le quart de la valeur limite ! A cet instant, il y avait plus de 800°C d’écart de température entre la face supérieure du plancher et la chambre de feu (26 cm plus bas).

L’important programme d’étude du comportement au feu des parois de béton de chanvre, mené en étroite collaboration entre le Centre d’Essais au Feu du CERIB et Construire en Chanvre pendant trois ans se solde donc avec la parution imminente de l’AL (Appréciation de Laboratoire) n°026090 qui sera disponible sur la partie publique du site Internet de Construire en Chanvre (au même titre que l’AL et le PV de classement EI 240).

Ces documents de références se distinguent notamment par l’étendue des domaines d’application favorable à leur exploitation pour le développement de divers types de projets de construction.

Le travail mené marque un pas important dans la validation réglementaire et la compréhension des phénomènes mis en jeu au niveau du comportement au feu des systèmes constructifs à base de bétons de chanvre, et des poursuites sont déjà engagées ou envisagées.

 

 

 

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