« Bâtiments et quartiers pour bien vivre ensemble » Sophie Moreau - Directrice de Domaine d'Action Stratégique Recherche - CSTB

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Communication CSTB

2485 Dernière modification le 06/10/2021 - 10:11
« Bâtiments et quartiers pour bien vivre ensemble » Sophie Moreau - Directrice de Domaine d'Action Stratégique Recherche - CSTB

Sophie Moreau est la nouvelle Directrice du Domaine d'Action Stratégique Recherche "Bâtiments et quartiers pour bien vivre ensemble" du CSTB. Le récent rapport RSE du CSTB lui donne la parole : elle y revient sur son poste, sur les enjeux du bien vivre ensemble et sur ce que peut apporter le CSTB à ce sujet.

Vous venez de prendre la direction du domaine d’action stratégique « Bâtiments et quartiers pour bien vivre ensemble », n’est-ce pas plutôt un sujet social, voire sociétal ?

En effet, nous proposons d’investiguer des sujets qui font écho aux préoccupations de la société. Sortir des champs disciplinaires pour accompagner des enjeux sociétaux est précisément l’objet de la restructuration profonde de la Recherche du CSTB. Le « bien vivre ensemble » est un objectif ambitieux qui touche l’humain et suppose des actions dynamiques mises en œuvre par la collectivité au sens large. Notre capacité à répondre à nos besoins fondamentaux est étroitement liée à nos lieux de vie et à nos imaginaires. Nous devons avant tout offrir à chacun, tout au long de la vie, des espaces sûrs, sains et confortables et proposer des quartiers et des villes agréables et « apaisés », propices au lien social et favorisant les activités socio-économiques. Cela impose d’embrasser la sphère privée du logement et l’espace public, en passant par les différents lieux de vie et en intégrant les modalités de déplacement. Tout ceci est loin d’être acquis. Notre territoire compte encore un trop grand nombre de logements indignes, insalubres ou de ménages en situation de précarité énergétique. Quand bien même ces logements bénéficieront d'un investissement massif au travers du Plan de Relance, tout ne sera pas réglé. Nous le savons, le contexte du parc de logements existant et les attentes futures nous obligent. Nous devons nous projeter vers les bâtiments et les villes de demain en réponse aux nouveaux modes de vie et aux aspirations des habitants, tout en maintenant l’attention sur les problèmes non résolus à ce jour. Que ce soit à l’échelle du bâtiment ou à celle du quartier, le CSTB doit prendre part à cette réflexion multiscalaire, dynamique et systémique, et élargir le spectre de l’approche purement « technicienne ». Aborder ce sujet suppose des regards croisés entre spécialités, une vision globale des problématiques et la ferme volonté d’éclairer les champs scientifiques en vue de réponses opérationnelles qui apporteront des progrès visibles et concrets dans la vie de chacun.

 

Bâtiments et quartiers, le lien entre ces deux espaces de vie est évident, mais l’approche du CSTB peut-elle être unique ? Allez-vous adresser les problématiques de ces deux écosystèmes de la même manière ?

C’est le terme adéquat : écosystème ! Le tissu urbain est un écosystème constitué de bâtiments qui composent des quartiers. Et c’est bien cet écosystème-là qu’il nous faut regarder de près. La compréhension de l’ensemble des interactions du système bâtiments-quartiers est un passage obligé pour quasiment tous les sujets que nous investiguons. Il en est ainsi, par exemple, pour le domaine du changement climatique comme pour celui de l’économie circulaire. Aborder les sujets en intégrant différentes échelles est désormais devenu assez usuel au CSTB. Les outils et méthodes développés et exploités peuvent être différents, mais les phénomènes sont proches et maîtrisés par les équipes de chercheurs qui ont déjà franchi les murs du bâtiment depuis longtemps.

 

Vous nous avez parlé de bases de données, ces connaissances et leur consolidation semblent être un pilier de votre recherche. Comment allez-vous les collecter et les traiter ? Et ces données seront-elles partagées ?

Sur nombre de sujets, la question des données est centrale. La constitution d’un socle de connaissances structurées et qualifiées est essentielle pour le développement d’outils de simulation ou d’aide à la décision, de systèmes experts, etc. Ces bases de données sont souvent agnostiques des sujets qu’elles alimentent ; celles que nous constituons seront indispensables pour évaluer le coût du mal logement, mais également pour fiabiliser et massifier la rénovation. Nous avons déjà, grâce à nos travaux antérieurs, collecté un grand nombre d’informations et développé des compétences dans leurs analyses et traitements. Nous devons poursuivre en ce sens via l’enrichissement et la structuration de cette base et le croisement avec des données exogènes, concernant, par exemple, l’état des bâtiments, les substances présentant un risque sanitaire ou encore la qualification des zones urbaines. Nous aurons également besoin de constituer de nouvelles bases pour étudier certains sujets émergents en rassemblant les connaissances d’autres acteurs. Nos partenariats académiques qui complètent nos compétences seront renforcés, et nous en construirons de nouveaux pour enrichir les connaissances requises pour investiguer les sujets, développer de nouvelles approches et permettre le transfert de nos résultats de recherche.

 

Les notions telles que Smart Building, IT, Big Data, ou encore bâtiment augmenté, parfois sources d’inquiétude pour les populations, s’imposent de plus en plus dans nos quotidiens. De quelle manière peut-on lever les freins pour aller vers plus de services et un mieux « vivre ensemble » ?

Ces technologies inquiètent en même temps qu’elles fascinent. Néanmoins, bien au-delà du gadget, elles peuvent apporter des services aux occupants des lieux de vie. Cibler un large impact de ces technologies dans la construction suppose donc une appropriation par les habitants, qui ne viendra que par des bénéfices de bien-être et de confort et des gains en coûts directs et indirects sur le temps long.

Elles proposent également des soutiens aux exploitants, avec notamment des solutions facilitant la maintenance préventive. Et c’est possiblement sur ce second point qu’elles seront les plus utiles en permettant aux bâtiments de tenir leurs promesses dans le temps, tout en assurant le même niveau de confort et de performance, qu’à la livraison. Il faudra mettre en place des démarches d’industrialisation et de contrôle pour rendre les solutions fiables, robustes et accessibles. En outre, on ne pourra envisager un déploiement massif que sous réserve d’une standardisation qui rendra les solutions connectées interopérables.

 

Le « bien vivre ensemble » est un objectif ambitieux qui touche l’humain et suppose des actions dynamiques mises en œuvre par la collectivité au sens large.

 

Accéder au Rapport Responsabilité Sociétale des Entreprises. Au travers de ce premier rapport RSE, articulé autour de trois enjeux majeurs, le CSTB souhaite partager ses actions RSE - qu'elles concernent ses missions ou son fonctionnement interne - et ses projets phares de l'année 2020.

 

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