« Avec les Green Solutions Awards, Eiffage a montré que Cestas est bien plus qu’une centrale photovoltaïque », Dena Villanueva pour Eiffage
Nadège Rigaudeau
En 2017, Eiffage participait aux Green Solutions Awards, concours international de solutions durables organisé chaque année par Construction21. Récompensée par le Prix du public français, Cestas est l'une des centrales photovoltaïques les plus performantes d'Europe. Pour Dena Villanueva, chargée de mission développement durable et innovation au sein du Groupe Eiffage, le concours a mis en avant la démarche de développement durable de la centrale de son conception jusqu'à sa fin de vie, au-delà de la performance énergétique. Découvrez ce projet hors-norme !
Parlez-nous de votre parcours professionnel et de l’engagement d’Eiffage en faveur des énergies renouvelables.
Architecte de formation, j'ai rejoint le groupe Eiffage en 2009 à travers la branche Énergie au sein d'un bureau d'études interne dédié aux énergies renouvelables ; où je me suis spécialisée dans ce domaine et plus particulièrement dans le photovoltaïque. Je me suis ensuite naturellement tournée vers la gestion environnementale autour d'une stratégie bas carbone 360° au sein de la Direction de Développement Durable et Innovation Transverse d’Eiffage, où je pilote actuellement l'accompagnement de nos projets en matière de ville durable.
Le Groupe Eiffage est en pointe dans les domaines de l’éolien, de la géothermie (partenaire du programme de recherche et développement Geodeep), et de la biomasse. Eiffage, à travers ses filiales internationales comme Eiffage Energía, est l'une des principales entreprises « d'EPC » [Engineering, Procurement and Construction, ndlr] dans le domaine des parcs éoliens et photovoltaïques avec une participation dans plus de 80 parcs éoliens et 3 500 MW installés, ainsi que dans plus de 60 centrales photovoltaïques et plus de 1 100 MW installés dans le monde.
Comment est né le projet de centrale photovoltaïque à Cestas et quelles sont ses caractéristiques principales ?
La centrale photovoltaïque de Cestas est située à proximité de Bordeaux et s’étend sur une surface de plus de 250 hectares. Erigée entre 2014 et 2015, elle est composée de 25 tranches (c’est-à-dire de 25 mini-centrales) de 12 MWc (Mégawatt crête) pour accumuler une puissance de 300 MWc (Megawatt crête), directement connectée au réseau de très haute tension. En produisant plus de 350 gigawatts par heure, la centrale répond aux besoins de consommation de 116 700 ménages, soit environ 280 000 habitants (= consommation moyenne d'énergie d'une ville comme Bordeaux).
Le parc produit trois fois plus d’électricité par hectare que la plupart des autres centrales construites en France et en Europe, montrant ainsi la capacité du photovoltaïque à s’intégrer avec la meilleure efficacité possible dans les territoires avec des prix toujours plus compétitifs (électricité vendue 105€/MWh, pour un projet d’un montant de 285 millions d’euros). L’orientation des panneaux Est/Ouest a largement contribué à l’optimisation du sol. Et le découpage des 250 ha en 25 SPV a également permis de minimiser le coût foncier de ce projet.
Portée par un consortium d’industriels (Eiffage via sa filiale Clemessy, Schneider Electric et Krinner), la centrale est considérée comme l’un des plus grands projets d’énergie photovoltaïque d’Europe. Des études de conception, au pilotage de groupement, en passant par les processus de choix et de validation des modules, le groupement d’entreprises a mis en place une véritable organisation industrielle pour une gestion de production rigoureuse et efficace : planification, gestion de stock, suivi des sous-traitants.
Quels défis avez-vous rencontrés pour réaliser ce projet ?
Au-delà de la recherche et de la performance énergétique, deux défis ont été relevés pour faire de Cestas une des centrales photovoltaïques les plus performantes d’Europe : l’organisation d’un chantier propre et efficace et le respect de l’environnement.
Des études de conception au pilotage du groupement en passant par les processus de choix et de validation des modules, Clemessy a mis en place une véritable organisation industrielle à la hauteur des enjeux de ce projet. Les 983 500 panneaux photovoltaïques qui composent la centrale ont été achetés, testés, acheminés et posés en 7 mois au lieu de 8 (5 000 panneaux posés par jour !) ; avec un taux de casse très faible de 0, 0023%. De l’expédition des panneaux de Chine jusqu’à leur arrivée au port de Bordeaux et à leur pose, 7 500 échantillons qualité ont été réalisés afin d’assurer une qualité maximale de la production. Un bureau d’études européen (CMI), implanté en Chine, a été mandaté par Clemessy pour assurer le contrôle de la fabrication.
Afin d’assurer une production maximale d’électricité et un chantier le plus court possible, une multitude d’astuces et d’innovations ont été mises en place. Pour tirer les 680 km de câbles enterrés, nos ingénieurs ont inventé un dispositif spécifique permettant de mettre 5 tourets sur une même remorque. La pose des panneaux, par la société Krinner, a été réalisée à l’aide de « petits trains » conçus et fabriqués spécialement pour ce projet. La performance de ce procédé est largement démontrée avec des pointes de 15 500 modules posés par jour.
Chaque panneau photovoltaïque dispose d’une fiche d’identité et d’un code barre qui permettront, en exploitation et maintenance, de le localiser en cas de problème et de retracer l’ensemble de son processus de fabrication et de contrôle. Les coffrets de regroupement et de protection disposent également d’un code barre. Ils sont, à l’instar des panneaux, surveillés par contrôle thermographique via un drone.
Quelle a été la démarche du consortium pendant l’ensemble du projet ?
Le chantier a été placé sous le signe du développement durable : l’installation d’une déchetterie a permis la collecte des matériaux recyclables : au total 38 000 tonnes de palettes bois et 800 tonnes de cartons ont été recyclées. La séparation de la totalité des déchets d’emballage des panneaux a été mise en œuvre dès le démarrage du projet.
Le fadet des laîches, une espèce de papillon protégée, était présent sur le site de la centrale. La lande humide de Molinie, son lieu de reproduction de prédilection, a été préservée et 3,35 hectares de terrains ont été aménagés en landes humides avec l’appui d’écologues.
Au-delà de la production d'énergies renouvelables, quels sont les autres aspects développement durable de ce projet ?
La centrale a été entièrement pensée de sa conception à sa fin de vie. L'installation photovoltaïque est constituée de trois éléments principaux : des modules, des structures porteuses et des équipements électriques (onduleurs, boîtes de jonction…). L’analyse de l’impact environnemental de chacun de ces éléments a été prise en compte pour l’analyse du cycle de vie de l'installation. Les structures porteuses en acier ainsi que les éléments électriques sont aisément recyclables. Le module photovoltaïque, composant essentiel de l’installation, sera recyclé via CLEMESSY, membre du réseau PV Cycle pour élimination des panneaux photovoltaïques en fin de vie. Au final, la centrale permet la réduction de 19 200 tonnes de CO2 par an.
La centrale a également été pensée dans un souci de préservation des ressources naturelles. Afin faciliter le montage et le démantèlement en fin de vie de la centrale, les structures de support des panneaux sont enfoncées directement sur le terrain à l'aide des fondations à visser, sans terrassement, sans excavation et sans béton. Un plan de contrôle et entretien régulier de la végétation au sol a été mis en place : un contrat a été signé avec un éleveur local pour pâturer la zone.
Les zones situées entre les modules sont végétalisées, ce qui permet de limiter les risques d’érosion et de faciliter l’infiltration des eaux au niveau du site en cas de fortes pluies.
Le nettoyage des panneaux est réalisé avec de l’eau osmosée. Dans cette eau, les minéraux sont extraits à l’aide de filtres ce qui la rend plus douce et facilite le nettoyage. Spécialement conçu par le projet, ce système de nettoyage est plus écologique car sans produits chimiques ; et limite la consommation d’eau et le temps de séchage.
Une attention particulière a également été portée à la faune et la flore environnante. La plantation d’arbres et buissons le long des clôtures et la création d’espaces herbeux sous les panneaux d’accès ont permis l’intégration paysagère de la centrale ainsi que la protection de la petite faune des landes. Les premiers rapports de suivi de la recolonisation du site par la petite faune et par le fadet des laîches sont très encourageants et valident les mesures prises.
Quels avantages avez-vous retirés de votre participation aux Green Solutions Awards ?
Les Green Solutions Awards ont permis d’apporter une forte visibilité au projet dans son ensemble, au-delà de ses performances techniques et énergétiques.
En effet, la centrale Cestas a eu des impacts sociaux positifs sur le territoire. Par exemple, plusieurs apprentis et stagiaires ont été mis à contribution dans la réalisation du projet. D’importantes responsabilités ont été confiées à des jeunes diplômés travaillant aux côtés de professionnels confirmés.
Afin de faire connaître le projet, un showroom a été installé à proximité de la centrale. Écoliers et riverains pouvaient découvrir les différentes sources d’énergie et comprendre de façon ludique l’histoire et les principes de l’énergie photovoltaïque. Les habitants des communes environnantes ont également pu découvrir le fonctionnement et les caractéristiques du projet.
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