Anne Démians : "Les architectes doivent retrouver leur liberté"

Rédigé par

Grégoire Brethomé - Construction21

Responsable éditorial

4093 Dernière modification le 18/01/2023 - 15:06
Anne Démians :



Les Black Swans à Strasbourg, le siège social de la Société Générale, la restructuration de l’Hôtel Dieu et l’extension de l’Ecole des 6 Nobels à Paris, la restructuration et l’extension des thermes de Nancy, la gare de Vilnius en Lituanie, sont représentatifs de la diversité des projets et des réalisations d’Anne Démians. Développant une architecture sensible et sensée qui joue et mise sur le temps long. Agile et méthodique, elle a pris l’habitude de travailler en croisant les savoir-faire tout en militant pour que les dimensions scientifique et artistique de l’architecture se croisent à l’intérieur d’un même langage. Le 18 janvier 2023, elle est installée à l’Institut de France, Académie des Beaux-Arts, et sera la première femme à en rejoindre la section architecture. Elle nous livre, à cette occasion, ses projets, ses ambitions et sa feuille de route. 

 

Quel est le rôle de l’architecture aujourd’hui ?

Les questions sociales (considérées sur le plan national) et les questions écologiques (considérées sur le plan mondial) croisent les questionnements actuels sur l’architecture, la ville et les territoires, voire les océans. Elles devraient pousser les professionnels, les intellectuels, les femmes et les hommes aux affaires à prendre des positions ambitieuses et précises face aux changements citoyens et civils secouant aujourd’hui nos sociétés et aux mutations et dangers qui touchent à l’essence même de notre planète.

De tous temps, l’architecture et le pouvoir ont contribué aux évolutions multiples de nos sociétés. En France, la loi de 1977 sur l’architecture l’aura même déclarée d’intérêt public. C’est donc avec l’appui de l’Etat que, depuis, nombre de réalisations livrées ont été de très bonne qualité. C’est donc de mêmes conditions que nous pourrions être en mesure de faire face aux enjeux climatiques et sociaux, nouveaux pour nous et tout aussi complexes. 

En disant, en 1990, « nous dépendons de ce qui dépend de nous », Michel Serres proposait déjà une réflexion à travers laquelle l’attitude consciente s’installait, pour être agissante, dans le long terme. Au contrat social de Rousseau qui se construisait sur le rapport de l’homme à l’homme -et dans le monde entier- s’ajouterait maintenant le contrat naturel scellant le lien entre l’homme et la nature. On passerait ainsi d’une dévastation -souvent incontrôlée- de la nature à une attention précieuse qui serait apportée à tout ce qui nous entoure. Pour mieux nous protéger nous-mêmes. 

L’architecture s’inscrit donc dans un acte politique fort et doit s’accompagner le plus loin possible, sans rien abandonner. Elle est un des vecteurs incontournables de la société dans laquelle elle agit et demeure un des témoins incontestables de notre histoire. Elle est cette matière première et active qui nous propulse, interrogatifs, dans les transformations rapides du progrès et des règles de vie. 

L’architecture joue ce rôle social, culturel, esthétique, économique et politique qui transforme des dimensions invisibles ou sensibles en réalités. Arts, littérature, sciences, procédés constructifs nouveaux, nouvelles techniques de construction, tout cela constitue une manne de ressources inépuisables. Lesquelles, encadrées par l’action, doivent nécessairement nous conduire à l’art.

Comment mesurez-vous l’urgence à agir pour transformer durablement notre patrimoine bâti ? 

L’urgence est réelle. Si l’on peut envisager atteindre les objectifs de réduction carbone à l’échéance de 2030, définis par la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone), il faudra pour cela travailler sur l’économie de matière, prendre comme indicateur de conception des paramètres spécifiques à chaque région, innover dans la capacité à décloisonner nos savoirs faire. Tandis que l’objectif de réduction carbone de 2050 -défini également par la SNBC- est pour l’instant hors de portée et devra, pour atteindre cet objectif, nous amener à un changement de modèle et de références, voire de croyances.

C’est dans ce cadre que s’inscrit, l’opuscule « Rêver-Civilité » (publication prévue en avril 2023). Il ouvre une voie militante capable de faire évoluer les mécanismes de décision et de réglementations qui ne sont plus du tout en phase avec la volatilité des usages et des rythmes économiques qui deviennent de plus en plus rapides. Il s’agit désormais d’installer une certaine agilité de pensée, à considérer comme la nouvelle base d’un format prospectif en mouvement sachant réinterroger, voire réécrire nos modèles obsolètes.

Vous avez développé le concept d’Immeuble à Destination Indéterminée (IDI), pouvez-vous nous l’expliquer ? 

Comme réponse à l’obsolescence des bâtiments, de plus en plus rapide, voire très importante dans certaines régions, je propose de retarder le plus tard possible la définition de l’usage d’un bâtiment pour considérer que la question de l’usage multiple et interchangeable pourra générer une nouvelle esthétique et même une nouvelle façon de comprendre l’espace. Ce nouveau modèle de construction doit se réaliser grâce à une plus grande qualité constructive des bâtiments et à travers une réflexion très large sur l’industrialisation des procédés constructifs.

Cette attitude ne cherche pas à dessiner une vision universelle d’un modèle de construction qui serait le même au sud ou au nord de la France, mais, au contraire, à révéler toutes les spécificités territoriales particulières pour les croiser avec l’esprit moderne d’une évolution permanente des lieux dans lesquels nous vivons. 

L’enjeu est de casser la ligne de produits préformatés qu’on donne désormais aux logements, aux bureaux, aux lieux de résidence étudiante, aux hôtels -entre autres- au profit d’une grille géométrique simple, mise à plat, poreuse, solide, hybride, confortable et modifiable à souhait.  Il s’agit d’installer, dans le temps, une nouvelle façon de voir la densité verticale rendant compatibles les aspirations de chacun et les enjeux visant une ville décarbonée.

Les Immeubles à Destination Indéterminée s’appuient sur la notion de réversibilité des usages. Ils n’offrent pas une réponse unique qui pourrait couvrir l’ensemble de nos territoires, mais qui reste systémique. Elle permet d’intégrer des valeurs attentives à la dimension sensible d’un lieu, à son histoire, à son environnement, à ses ressources naturelles, à ses caractéristiques climatiques considérées jusque-là comme souvent inconciliables avec les enjeux économiques du projet. 
L’acte de réversibilité n’est pas, en soi, une œuvre d’architecture. Mais il dénonce de mauvaises habitudes et peut, à lui seul, offrir des champs de liberté et de création incroyables. 

Les bâtiments "Black Swans" que vous avez réalisés à Strasbourg répondent à cette exigence de réversibilité, comment avez-vous procédé ? 

La mise au point de la réversibilité est le fruit d’une collaboration de longue date avec Icade Promotion, qui vit, avec les tours Black Swans, édifiées à Strasbourg entre 2014 et 2019, une première et véritable matérialisation de ses propres envies, bien que jamais formulées.

Cette opération mixte de bureaux, de logements, de résidence service, d’hôtel, de logements étudiants et de commerces, a vu son programme évoluer de plus de 50% entre le lancement du concours et sa réalisation. La réversibilité proposée, sans que cela soit une demande expresse du concours, a permis d’intégrer ces évolutions de l’usage au plus près d’une demande, au bénéfice de l’équilibre financier de l’opération. Le site de la presqu’île André Malraux retrouva alors une cohérence urbaine grâce à ces bâtiments évolutifs ouverts sur le centre-ville de Strasbourg et dont l’écriture entra immédiatement en résonnance avec les bâtiments anciens, des bâtiments industriels des anciens docks, conservés et transformés dans leur destination.

L’industrialisation des constructions est un des socles du projet. Elle permet d’atteindre l’objectif économique, et réaliser un projet d’architecture qui bouscule la façon de penser les logements et les bureaux, pour pérenniser leur aspect. L’effet de série produit par un morceau de façade, calé sur la trame de structure de 6,66 m a permis d’aller loin dans la mise au point de filières spécifiques au projet. 

Nous avons pu sortir de l’économie courante et restrictive de la construction et mettre en place celle de l’excellence, en matière d’efficacité et de résultats, des chaines de production automobile. Cette façon de réfléchir aura permis une mise en œuvre précise et rapide pendant le chantier et aura contribué à la qualité de son exécution. Le clos couvert et la structure extérieure sont en aluminium. Ils ne demandent pas d’entretien particulier. Construire ces bâtiments n’aura nécessité aucun financement complémentaire particulier. Régulée par la loi du marché Strasbourgeois du logement et des bureaux, la construction des Black Swans a pris en compte les différentes économies locales et s’en est arrangée.  

Cette réalisation est une réalisation pionnière. Elle a servi de référence aux immeubles de même nature cherchant à proposer des immeubles réversibles. La démonstration réussie, elle rend désormais opérationnelle cette nouvelle forme d’architecture. J’ai déposé en 2016 le label IDI (Immeubles à Destination Indéterminée). 

Les Black Swans, sont considérés comme réversibles grâce à 3 de leurs points : 

  • Une trame constructive unique de 0,74m, compatible avec l’ensemble des programmes (chambres PMR, chambres d’hôtel, chambres d’étudiants, bureaux…) ;
  • Des noyaux verticaux et des façades porteuses libérant toutes contraintes sur les cloisonnements intérieurs ;
  • Des coursives ou balcons filant sur la périphérie des ouvrages. 

Ces points particuliers et fondateurs permettent de basculer d’un usage à l’autre avec des interventions limitées, économiquement maitrisées et sans que ne soit jamais remise en cause l’intégrité esthétique du bâtiment à l’occasion de ces évolutions. Or, opposés au développement d’une parfaite réversibilité des usages, des freins existent. Ils sont à la fois juridiques, fiscaux et réglementaires. 

Comment les surmonter ? 

D’un point de vue réglementaire, il faut absolument faire évoluer le cadre des permis de construire, en harmonisant en priorité les réglementations entre bureaux et logements du point de vue de la sécurité incendie puis en harmonisant les prélèvements fiscaux fixés entre bureaux et logements. Ce point peut être un levier important pour lutter contre les millions de m² de bureaux laissés vides notamment, puisque les produits financiers soumis à la TVA (bureaux) le sont pour un cycle de 20 ans. Or, la remise en cause de la déduction de la TVA qui découle d’un passage d’une activité récupératrice de TVA à une activité non-récupératrice de TVA, engendre un cout important pour les propriétaires. Elle pénalise, de fait, la réversibilité.

Pour les bâtiments neufs, le permis de construire devrait montrer que le projet permet plusieurs usages au moment de sa construction. Il devrait être demandé que soit fournie la démonstration en réversibilité, à ce stade des études et des demandes administratives. 

C’est une façon de se réapproprier le temps long de la ville, faisant en sorte qu’on ne puisse plus construire autre chose qu’un bâtiment réutilisable dans le temps, à moindre frais et sans démolition possible. 

Comme l’explique très bien Sylvain Grisot dans son ouvrage "Manifeste pour un urbanisme circulaire", beaucoup de villes et de territoires perdent de nombreux habitants tout en accroissant -et c’est paradoxal- leur surface bâtie. Il faut donc arrêter cela de toute urgence. Car, face à la rentabilité financière qui crée assurément de la vacance, il semble indispensable de réagir. 

Cela suppose une redéfinition des rôles des intervenants privés et publics dans les projets de construction ? 

Nous allons livrer en 2023 le complexe de Nancy Thermal, un centre de bien-être, loisir, sport et santé qui doit remplacer les anciens thermes de la ville. Un projet ambitieux, caractérisé par sa pluridisciplinarité autour de l’eau. Un projet qui a permis de transformer et d’étendre un bâtiment appartenant au patrimoine nancéen par un prolongement bâti d’écriture contemporaine. C’est, là, le résultat d’une volonté politique forte, portée par la ville de et la Métropole de Nancy et d’un croisement d’expertises diverses. Je veux parler d’une architecture autour de l’eau, portée par Valvital et Bouygues Bâtiment. Un dispositif qui a bien fonctionné. 

Un concours fait ensemble dans le cadre d’une conception-construction classique. Le partenaire public -la Métropole de Nancy- était puissant, Ce qui permit d’équilibrer les rapports de force. Travailler en même temps avec le privé et l’entreprise aura permis de trouver le dynamisme nécessaire à la validation des solutions innovantes.

On notera que ces équilibres entre puissance publique, architecte et constructeur privé, institués dans le cadre des procédures de conception-construction ont augmenté avec les obligations de la Loi Elan et que les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Quand la puissance publique n’est pas suffisamment présente, les architectures issues de la procédure conception-construction, sont souvent de faible qualité et de courte portée. La démonstration d’une plus grande rapidité d’exécution et d’un cout respecté n’est pas efficiente. L’acteur public doit rester le garant des enjeux portés par toute construction quand on l’arrête sur l’intérêt public. Mettre en vraie concurrence des entreprises reste le moyen le plus efficace pour y arriver. Les faire intervenir au moment où le projet se précise est certainement une des façons la plus efficace pour promettre une architecture. 

Redonner du pouvoir à l’architecte peut-il contribuer à faire bouger les lignes ? 

Les architectes doivent retrouver leur liberté d’action. Actuellement, les architectes sont censurés par une économie d’études et de travaux désastreuse. Ils ne sont pas en position forte pour proposer toutes les innovations propres à leur métier et à leur créativité. D’autre part, on ne peut pas éternellement éviter la question d’une restructuration urgente de l’enseignement des écoles d’architecture. L’enseignement se devrait d’être beaucoup plus scientifique sans que cela se fasse au détriment d’une sensibilité artistique. 

Leur capacité à rêver est indispensable. Et pour l’affirmer, l’architecte doit assoir son propos sur une technicité plus grande qu’auparavant. Il, doit se renforcer a techniquement pour pouvoir défendre ses idées visionnaires. Fut un temps -celui de Le Corbusier ou de Roger Taillibert, par exemple – où les normes étaient moins nombreuses et beaucoup moins castratrices. 
Car, si elles se justifient, elles rendent trop technique l’acte de construire. Je travaille quotidiennement de façon fusionnelle avec des ingénieurs et je peux vous dire que nous validons certaines solutions beaucoup plus rapidement que dans un contexte de travail solitaire. 

Que répondez-vous à ceux qui promeuvent que seule la construction neuve permettra de répondre à la carence de logements ? 

Si on dit qu’il faut beaucoup de nouveaux logements rapidement, transformons déjà le maximum de bâtiments existants en urgence. C’est réalisable, mais ce ne sera pas moins cher, ni plus cher. Donc est-ce que d’un point de vue éthique et constructif, nous n’aurions pas intérêt à le faire ? Devant la pénurie de matériaux qui s’annonce nous n’avons plus beaucoup le choix. Les architectes ont un rôle important à jouer pour sortir des sentiers battus, proposer des idées, transformer des bâtiments quelles que soient les situations. 

Face à des États bloqués, les architectes sont toujours en mesure de trouver un tas d’astuces constructives et confortables. Il semble nécessaire de nous engager dans cette voie, creuser un sillon et surtout changer les cadres de la fiscalité, des règlementations et des états d’esprits.

Comment définiriez-vous la question de la notion de valeur quand on parle de bâti ? 

Je pense que la question de la valeur est complètement liée au rapport immédiat entre construction et son climat, voire sa situation géographique et son histoire. A l’opposé, les systèmes de ZAC. C’est certes une façon pour l’Etat d’avoir la main sur le développement, mais elle reste factice. On retrouve, en effet, les mêmes ensembles urbains du Sud au Nord du pays. Ils banalisent l’architecture, quel que soit le climat. 

Il est donc important de repenser la question des spécificités territoriales. Beaucoup de gens rejettent l’architecture contemporaine car elle ne leur parle pas. Il y a donc bien un problème de rupture entre la proposition contemporaine et la réalité des cultures régionales. Les ZAC ont normalisé la production et contribué à ce que les tableaux Excel -ceux qui règlent et affichent la rentabilité financière- soient le seul recours à la règle. On oublie les caractéristiques industrielles et climatiques de chaque région et personne ne dit rien.  

Aujourd’hui, il s’agit de mener une reconquête. Et c’est aux pouvoirs publics de reprendre la main au travers d’un terreau intellectuel transversal. Un comité de sages : les Instituts pour le Développement d’un Environnement Évolutif (IDEE). L’ancien député et mathématicien Cédric Villani dit que l’intelligence artificielle peut produire de nombreuses données pertinentes de gouvernance. 

La solution serait de regrouper des philosophes, des historiens, des économistes, des industriels, des architectes, au sein d’un IDEE. C’est l’idée de proposer, région par région, des pôles de réflexion pouvant contribuer à bâtir des villes plus en rapport direct avec les plans climat (PACT) et les SCOT, définissant précisément ce qu’il faut protéger dans les territoires. 

Quelles sont vos ambitions à l’Académie des Beaux-Arts ?

Mon admission à l’Académie des beaux-arts ne relève en rien d’un plan de carrière.  Quand on me l’a proposé, le moment était celui où je ressentais une profonde inertie ministérielle et interministérielle. Les innovations étaient devenues inaudibles. J’ai alors pensé que l’Académie des beaux-arts, par sa structure même, là où les arts peuvent se parler entre eux mais aussi croiser d’autres disciplines comme les sciences, par exemple, pourrait assumer cette transversalité universelle à laquelle je croyais et je crois tant et que je ne constate dans aucun des projets actuels portés par notre gouvernance.  

Notre mission c’est d’abord d’ouvrir l’architecture à tous les arts et de la rendre plus accessible par la question scientifique. C’est-à-dire fabriquer un élan collectif autour de propositions concrètes pour qu’interviennent nos différents mondes sur le cadre bâti et son environnement naturel. Entre patrimoine et modernité, entre classicisme et innovation. Pour réaliser ce travail, nous sommes 9 architectes, au sein de l’Institut et nous requestionnons les attendus, misant sur le rayonnement qu’elle peut avoir pour étonner de nouveau. 

Quel sera le sens de votre engagement ? 

Ce qui est surprenant c’est que l’Académie des beaux-arts ait valorisé une démarche comme la mienne, car on ne peut pas vraiment me rattacher à une école de pensée particulière. J’ai été très tôt convaincue de la question de la pluralité des démarches. Mon grand-père était historien et je trouvais qu’on était toujours à sortir une réflexion pour passer dans le lit d’une autre pour enrichir le présent. 

Le très bon livre de Pierre Miquel « Le pouvoir et l’artiste » montre que la liberté de créer pour les architectes fut très fluctuante au fil des siècles. Les architectes ont parfois été martyrisés, à d’autres moments idolâtrés. Les grands combats entre Michel Ange et Jules II sont épiques, tandis que Francesco Borromini, mal aimé, qui n’était pas un architecte adoubé par le pouvoir en place réussit malgré tout à réaliser d’immenses chefs d’œuvres.

On retrouve toujours ce rapport entre la petite histoire et la grande histoire. On l’oublie trop souvent et l’architecture est alors amputée d’un espace de réflexion plus large. Dans tous les projets que j’ai pu développer, j’ai toujours été très attirée par cela.  

Le magnifique discours d’Emmanuel Macron prononça au moment de la remise du Pritzker Price à Arata Isokaki, à Paris, en 2019 portait en lui tout ce qu’il fallait savoir et faire pour que l’architecture revive en France et brille de ses mille feux. Malheureusement rien ne fut fait en ce sens. Et la technocratie, discours passé, lui fit vite la peau. Mais, peut-être n’est-il pas trop tard pour faire encre valoir un énoncé si pertinent. Ce ne serait qu’une question de mise à l’ordre du jour et de volonté. La France pourrait alors être si belle.

Propos recueillis par Grégoire Brethomé, Responsable éditorial de Construction21 

Crédit photo : Grégoire Brethomé
 

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