Aller vers une sobriété foncière avec l’outil UrbanSIMUL

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

2688 Dernière modification le 22/02/2023 - 11:21
Aller vers une sobriété foncière avec l’outil UrbanSIMUL

 

« La sobriété dans la consommation d’espaces », pour le Cerema c’est « l’idée de ne plus considérer le développement du territoire comme étant automatiquement dépendant de la consommation foncière, de sortir des logiques classiques de lotissement, de concilier les usages des sols entre agriculture, habitat, activité, biodiversité   ». L’outil UrbanSIMUL a été développé dans le but d’encourager les acteurs à agir dans le sens de cette définition. Rencontre avec Manon Chategnier-Mizzi, Cheffe de projet Enjeux foncier et Territoires au Cerema.

 

Quels sont les enjeux de la « transition foncière » aujourd’hui ? 

Cela fait plusieurs années que le secteur de l’aménagement et de la construction souhaitent aller vers une dynamique de sobriété foncière, qui revient à tendre vers un aménagement urbain plus durable au regard des enjeux environnementaux actuels. Nous nous sommes rendu compte que les résultats sont encore insuffisants à ce jour et que nous devions agir plus rapidement pour les générations futures. C’est d’ailleurs pourquoi la loi Climat et résilience, votée en 2021, donne des obligations plus quantitatives avec des objectifs chiffrés et dans un calendrier défini. Il est donc nécessaire de revoir en profondeur nos façons de faire avec ces nouvelles contraintes qui peuvent générer une opportunité de se renouveler et initier une nouvelle dynamique foncière du territoire.

 

Comment est né l’outil UrbanSIMUL, quelle est sa fonction et qui concerne-t-il ? 

L’outil UrbanSIMUL existe depuis 2011. Il est né d’un partenariat entre l’INRAE, le Cerema et la région Provence-Alpes Côte d’Azur. Au départ construit de façon très localisée, il a eu l’opportunité de se développer grâce au Plan de relance en 2021 et aux financements de la DGALN. Nous avons donc pu déployer UrbanSIMUL pleinement à l’échelle nationale depuis l’année dernière. 

Il s’agit d’un outil cartographique en ligne gratuit qui agrège et rend intelligible plusieurs types de données– environnementales, cadastrales, fiscales… – soumises à des conditions d’accessibilité. UrbanSIMUL est ainsi ouvert à tous les ayants-droits de ces données, qui sont en fait tous les acteurs de la sobriété foncière : les collectivités locales, les régions,  les établissements publics d’aménagement, des bureaux d’études sous contrat…  
 

 

Combien comptez-vous d’utilisateurs à ce jour ?

Aujourd’hui, déjà plus de 1000 communes utilisent UrbanSIMUL, ainsi que la presque totalité des régions françaises. Cela représente plus de 1 800 comptes ouverts sur l’outil en un peu moins d’un an. Cela démontre l’intérêt d’un tel outil pour les collectivités et l’enjeu de bien connaître la disponibilité foncière sur son territoire.

 

Quel accompagnement offre le Cerema aux utilisateurs d’UrbanSIMUL ?

Nous sommes dans un esprit de co-construction. Au Cerema, nous suivons les utilisateurs d’UrbanSIMUL pour les accompagner dans leur démarche d’utilisation de l’outil – via la plateforme Expertises territoires notamment –, même si l’application a un process très intuitif dans son fonctionnement. 

Depuis septembre, nous avons mis en place une hotline (US and You) via laquelle l’équipe d’UrbanSIMUL consacre au moins une heure tous les mois pour répondre aux questions des utilisateurs, leur présenter les nouvelles fonctionnalités de l’outil, décrypter des données en particulier ou des problématiques telles que les enjeux environnementaux dans le foncier… Nous avons également élaboré des fiches techniques, FAQ, … pour aider les utilisateurs. Pour rester dans cette dynamique d’écoute des utilisateurs, nous avons lancé d’autre part auprès d’eux un sondage pour connaître leurs besoins et remarques. 

Enfin, notre site éditorial sert à donner les informations nécessaires à la bonne compréhension des données. 

 

Pour bien comprendre, pouvez-vous nous donner des exemples concrets de l’utilisation de l’outil ?

UrbanSIMUL agrège plein de données qui n’avaient jamais cohabité ensemble auparavant : fichiers fonciers, contraintes environnementales, logements vacants, prix de l’immobilier… Les usages de l’outil sont encore récents, mais nous pouvons déjà anticiper les futurs besoins des utilisateurs à partir des premiers retours collectés. 

L’outil permet notamment de connaître l’évolution de l’urbanisation sur un territoire donné, où se situent les zones potentiellement urbanisables ou en extension, quelles sont les densifications possibles, donne des renseignements sur la typologie des bâtis, sur les logements vacants présents sur le territoire (ce qui peut permettre notamment d’accompagner une stratégie de re densification dans une perspective de sobriété foncière)… 

Nous avons également généré des modules spécifiques qui permettent d’aller encore plus loin dans l’utilisation de ces données. Sur les logements vacants par exemple, un module permet d’afficher d’une couleur spécifique les secteurs de vacances, secteurs ou les logements dépassant un certain seuil de vacance (en capacité et en durée). Cela permet de donner des clés de lecture et cibler les zones sur lesquelles il faut mener une réflexion particulière pour porter par exemple une politique de l’habitat ou dans une démarche de démolition/reconstruction. 

Aujourd’hui, tout l’enjeu est d’asseoir ces usages et les valoriser grâce aux prochains retours d’expérience que nous aurons.  
 

Comment l’outil a-t-il évolué depuis sa création ? 

Plusieurs améliorations ont été apportées à UrbanSIMUL depuis son déploiement, à la demande des utilisateurs. Notamment en termes d’ergonomie, pour faciliter la lecture, mais aussi avec des ajouts de fonctionnalités, par exemple pour mieux sélectionner des couches et périmètres en particulier ou encore avec la fonction de téléchargement

 

Comment comptez-vous faire évoluer UrbanSIMUL dans les années à venir ? 

L’équipe du Cerema, et en particulier celle d’UrbanSIMUL, s’est attachée à répondre aux besoins des usagers et à anticiper les besoins futurs au vue des questionnements partagés et des collectes d’information lors des interactions avec les usagers.

Les projets d’évolutions sont nombreux, et nous avons listé quatre d’entre eux en priorité  :

 

  • L’intégration des DOM TOM dans l’outil dès le premier trimestre 2023. 
  • La mise à jour des données avec le millésime 2022. Cette actualisation en continu est d’ailleurs l’une des forces d’UrbanSIMUL. 
  • Nous allons poursuivre le travail avec les utilisateurs pour asseoir leurs usages, toujours dans cet esprit de co-construction et d’interaction. 
  • Enfin, nous avons initié tout ce qui relève du recensement (enjeux des zones d’activités économiques (ZAE)) avec la création d’un module dédié. 
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