[Dossier Hors-Site] # 18 – RE2020, nouveaux usages, économie : le hors-site et le modulaire, tremplins pour la construction de demain ?

Rédigé par

Philippe Marras

Président

6523 Dernière modification le 15/02/2021 - 17:03
 [Dossier Hors-Site] # 18 – RE2020, nouveaux usages, économie : le hors-site et le modulaire, tremplins pour la construction de demain ?

Diminuer l’impact carbone des bâtiments, poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et en garantir la fraîcheur pendant les étés caniculaires… tels sont les objectifs posés par la RE2020, qui s’appliqueront aux constructions neuves. Les réglementations ambitieuses qui en découlent visent à atteindre la neutralité carbone pour 2050. Le hors-site, qui permet d’optimiser l’ensemble du processus de fabrication d’un bâtiment, se présente comme une des solutions pour la construction de demain. Rencontre avec Philippe Marras, CEO de Avelis, qui se propose d’accompagner professionnels et institutions publiques dans leur projet composés de solutions modulaires hors-site.

Quels changements dans les modes constructifs seront nécessaires pour répondre à la RE2020 ?

Philippe Marras :  La mise en application de la future RE2020 devrait être lancée à l’été 2021. Elle pose un plan d’action dans les secteurs énergétique et environnemental autour de 3 points principaux : la diminution de l’impact carbone des bâtiments, l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments et la garantie de la fraîcheur pendant les étés caniculaires. Or, cette prise en compte de l’énergie et de l’environnement n'est pas nouvelle chez Avelis. Nous y voyons une exigence à la fois morale et matérielle. Ainsi, nous avons relié nos approches déjà initiées dans les secteurs économiques, technologiques et humains aux nouvelles normes lancées par la RE2020. 

Sur le plan économique, tout d'abord, nous abordons une approche vertueuse des processus de fabrication : faciliter l'économie circulaire et considérer le produit en appréhendant son cycle complet, sa provenance, sa durée de vie, son recyclage. Cela implique nécessairement de modifier notre façon de concevoir nos bâtiments : nous ne sommes plus dans une perspective de destruction des ressources, mais dans leur optimisation, en imaginant le scenario le plus profitable tant sur le plan économique qu'écologique. Nos recherches nous ont amené à développer des principes constructifs encore plus efficaces et en phase avec une réalité économique fluctuante.

Nous agissons sur le plan technologique et de l'innovation également. Il est nécessaire de remettre en cause les techniques constructives dites « traditionnelles ». Le changement majeur réside dans l'essence même de la construction. Les enjeux sociétaux de demain nécessiteront une adaptation intelligente de nos ressources. Dans ce monde en mutation, c'est l'innovation technologique qui fera la différence. Notre département R&D s'est attelé à cette tâche en s'appuyant sur notre capacité à construire « mieux ». Cette réflexion stratégique a donné des résultats significatifs non seulement sur l'efficacité énergétique, mais également au niveau du bilan carbone des matériaux, avec l’utilisation d'éléments biosourcés ou recyclables, par exemple.

Et finalement, sur un plan social et humain, le « mieux vivre » passe obligatoirement par le « mieux habiter » ! Concevoir nos bâtiments en tenant compte de critères de bien-être et d'ergonomie c'est penser la construction dans une approche humanisante. Ce n'est plus l'humain qui s'adapte au bâtiment mais l'inverse. Les systèmes intelligents ou le « smart building » sont également là pour améliorer le rapport confort/consommation d'énergie. Cette approche recentrée sur l'humain induit des méthodes constructives nouvelles, conçues sur des analyses systémiques et dans un questionnement global du bâtiment.

Vous avez construit des bâtiments E+C-. En quoi le hors-site permet-il de construire des bâtiments plus performants énergétiquement, avec un meilleur impact carbone ? 

P. Marras : Bien que la France accuse un certain retard dans la construction hors site, cette technique n’est pas nouvelle. Son principe est relativement simple : fabriquer des bâtiments en usine, puis les transporter sur le site d’implantation. La préfabrication en usine permet d’optimiser l’ensemble du processus de fabrication. L’étude et la micro-planification tient compte des changements à court et moyen terme, ce qui permet de réduire les erreurs de conception et de fabrication. Cette étude en amont permet d’induire un gain de temps et d’énergie.

Le hors-site permet également de garder un impact environnemental minime. En effet, l’approche industrialisée améliore les coûts liés au cycle de vie des constructions, car les pièces de rechange peuvent être utilisées sur l’ensemble des actifs. La préfabrication minimise la production de déchets, et donc le gaspillage. Les matériaux sont recyclables avec pour objectif d’atteindre 100% des matériaux issus de filières sèches. Le bilan carbone a également diminué : pas de matières premières nécessitant de nombreux transports sur site, peu d’empreintes mécaniques sur les sols, une moindre nuisance sonore et atmosphérique sur le lieu d’implantation. 

Les performances énergétiques des bâtiments tridimensionnels modulaires hors-site sont également excellentes. Celles-ci sont anticipées dès la conception du bâtiment, lors des phases de tests et de prototypages. La performance énergétique s'obtient tout d'abord par la structure même du bâtiment qui permet une flexibilité accrue dans le choix des matériaux, leur épaisseur et leur qualité intrinsèque. Il en est de même pour le contrôle continu lors des étapes de montage, les conditions de réalisation étant optimales dans des unités de production hors-site. L'utilisation de la domotique intégrée lors des phases de fabrication permet d'anticiper et de réduire considérablement le gaspillage énergétique. L'étude conceptrice couplée à l'utilisation d'énergies renouvelables (comme le solaire) permet un rapport production/consommation le plus optimal possible.

Selon vous, quels seront les usages des bâtiments de demain ? Comment le hors site et le modulaire peuvent y répondre ?

P. Marras : La demande en matière de construction sera conditionnée par de nombreux facteurs : la pression du marché, les enjeux économiques liés à la proximité des pôles d'attractivité, l’ancien parc immobilier, etc.  Les nouvelles habitudes de travail, de vie et de consommation induiront la nécessité d’offrir à la population et les collectivités des bâtiments minimisant les contraintes techniques et environnementales. 

Le Hors-site modulaire remplit pleinement ce cahier des charges. Que ce soit pour des logements individuels ou collectifs, le tertiaire commercial ou de services, les bâtiments devront répondre à des contraintes géographiques, d'implantation, d'usages et de modularité. La capacité du constructif modulaire à répondre à ces défis le place en première ligne des solutions constructives. Nous pouvons facilement imaginer la fabrication de bâtiments définitifs modulables et surtout déplaçables, dans le cadre d'affectations temporaires. La fonction première du bâtiment hors-site modulaire est d'être extrêmement flexible dans sa mise en œuvre, son déploiement et sa mobilité. Nos solutions constructives, conformes à la norme RE2020,permettent cette flexi-modularité. 

Vous travaillez autant pour le tertiaire que l’habitat. Quelle démarche de construction avez-vous mis en place ?

P. Marras : Chez Avelis, nous avons mis au point un standard de qualité pour les constructions définitives. Notre principe constructif est basé sur une structure 3D mixte bois/métal. Ce système optimise la relation structure/pérennité et s'inscrit complètement dans une démarche d'éco-responsabilité. Bien que ce principe possède des caractéristiques de standardisation, il permet néanmoins une adaptabilité presque infinie avec de nombreuses compatibilités transversales. 

Cette solution mixte bois/métal permet le déploiement de bâtiments tertiaire/logement en adéquation avec les besoins du marché à venir et notamment dans l’implantation en milieu urbain et semi-urbain. Il permet en outre d’avoir des performances environnementales élevées et un haut degré de modularité. Dans une perspective de projets temporaires ou définitifs, mobiles ou permanents, ce standard normatif permet la réalisation de bâtiments pérennes.

Quels sont les leviers à activer pour développer le hors site et la modularité ?

P. Marras : Le caractère même du logement est en train d’évoluer pour pouvoir s'adapter aux nouveaux critères socio-économiques et aux nouvelles typologies sociales. Dans sa fonction, tout d'abord, avec notamment le développement de logements partagés ou collectifs ; dans sa nature ensuite, avec un habitat adapté à des besoins spécifiques et des usages parfois transitoires. 

La construction modulaire hors-site, telle qu'envisagée chez Avelis, va permettre de répondre à ces évolutions majeures. Nos perspectives de développement s'orientent de plus en plus vers une maitrise globale du projet. Ce mouvement nous amène à nous positionner sur les nouveaux marchés de la construction de demain et accroître nos offres par la promotion immobilière. 

Nos solutions hors-site modulaires sont parfaitement adaptés à ces nouveaux enjeux. D'autant plus que notre expérience de la construction, nos standards normatifs et notre expertise du « clé en main » nous assurent une maitrise complète dans cette production de biens immobiliers.

 

Entretien avec Philippe Marras, CEO de Avelis

https://avelis.com/

 

Propos recueillis par Construction21 - La rédaction

Consulter l'article précédent :  # 17 - Vers des bâtiments modulaires préfabriqués de plus en plus complexes et vertueux

 


           

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