[Dossier santé] #12 - Habitat pour personnes électrohypersensibles (EHS) et/ou chimicosensibles (MCS), On efface tout et on recommence ?

Rédigé par

Claire-Sophie Coeudevez

Directrice associée

6010 Dernière modification le 09/12/2020 - 18:00
[Dossier santé] #12 - Habitat pour personnes électrohypersensibles (EHS) et/ou chimicosensibles (MCS), On efface tout et on recommence ?

Une partie de la population est devenue intolérante aux ondes électromagnétiques, c’est-à-dire électrohypersensible (EHS). Les EHS sont sensibles aux ondes hautes fréquences émises par des antennes relais de la téléphonie mobile, téléphones portables, wifi, compteurs communicants, objets connectés etc. et aux basses fréquences émises par des lignes électriques, des transformateurs, des moteurs électriques, des appareils qui comportent des bobinages, des radiateurs électriques, des plaques de cuisson etc .

La chimicosensibilité (MCS pour « multiple chemical sensitivity »), quant à elle, concerne l’exposition à des substances chimiques présentes dans notre environnement : parfums, peintures, vernis, colles, meubles, lingettes, lessives ou tout autre composant chimique, des substances qui indisposent et rendent malades les personnes MCS.

Un très grand nombre de personnes EHS est également MCS et réciproquement.

Quels en sont les symptômes ?  

L'EHS-MCS provoque un dérèglement physiologique dont les symptômes les plus courants se caractérisent par des insomnies, de la fatigue, des difficultés de concentration, des nausées, des palpitations cardiaques, des troubles digestifs, des brulures etc.

Quels en sont les conséquences ?

La vie d’une personne EHS-MCS est bien souvent un enfer : afin de limiter son exposition aux champs électromagnétiques elle est obligée de restreindre ses contacts et face à l’incompréhension de l’entourage professionnel, familial et médical, la solution peut consister à fuir, entrainant parfois une perte de travail et un isolement social. Les EHS-MCS vont habiter/déménager en zones rurales lorsque cela est possible. Dans les cas les plus dramatiques certains individus deviennent SDF.

Comment le bâtiment peut ‘il répondre aux enjeux de santé des personnes EHS-MCS ?

Sans vouloir trahir ses connaissances, appréhender l’EHS-MCS dans le bâtiment nécessite de mettre de côté ce que l’on a appris, de repenser les choses, voire de « déconstruire » ce que l’on croyait être acquis.

Il faut réinventer, remettre sur le métier toutes les étapes de la construction en ayant une attention majeure sur tout ce qui crée du champ électromagnétique (l’électricité, le mode de chauffage etc..).

Nous conseillons de travailler avec des professionnels avertis qui connaissent les contraintes. Il faut réfléchir à l’impact de chaque étape, du gros œuvre au second œuvre en conduisant une réflexion poussée sur le choix des matériaux de construction, isolants, matériaux de couverture, matériels électriques (ou solution d’évitement), moyens de chauffage, équipements divers ; bref ne rien laisser au hasard. Ce syndrome nécessite de réfléchir à de nouvelles expertises.

Quels matériaux ou produits utiliser, limiter ou éviter ?

Il est difficile de trouver un produit sûr, il faudra essayer de faire les meilleurs choix à partir des très nombreux écolabels et sélectionner ceux dont le cahier des charges est le plus exigeant.

Les grands principes à retenir :

-          Toujours s’interroger sur la composition des matériaux

-          Éviter toutes émanations (produits chimiques, fumées etc ..)

-          Éviter dans la mesure du possible les équipements électriques ou à défaut les blinder

-          Éviter les champs conducteurs

Un bâtiment dédié aux personnes EHS-MCS

La Suisse fait figure de proue, à Zurich, en 2013, sous l’impulsion de Christian Shifferlé très chimicosensible un bâtiment neuf de 15 appartements, conçu pour accueillir 15 à 20 personnes a vu le jour.  Des spécialistes en géobiologie ont analysé les sols et harmonisé les lieux. Des études préalables ont été réalisées sur la population, la structure terrestre, la pollution de l'air, et les champs électromagnétiques. Tout a été soigneusement réflechi… Des précautions spécifiques ont été prises pour ne pas polluer l’air à l’intérieur des appartements en aménageant aux entrées un sas ventilé pour limiter les pollutions chimiques. L’éléctricité a fait l’objet d’une attention particulière avec des cables blindés de toutes parts. Des matériaux anti-ondes ont été choisis : un filet de protection et des peintures spécifiques. Tous les matériaux ont été étudiés et testés avant d’être utilisés.

À noter qu’un nouveau projet de bâtiment dédié aux personnes EHS est en cours dans la région de Fribourg.

En conclusion

A l’heure du déploiement du tout connecté, l’EHS-MCS est en progression constante dans la population. L’Anses (L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) dans un rapport de mars 2018 indique une première estimation officielle nationale de la prévalence de l’EHS autour de 5%, soit 3,5 millions de Français et 25,6 millions d’Européens potentiellement touchés.

Avec l’arrivée de la 5G, il va falloir que les professionnels du bâtiment s’intéressent de près au sujet et qu’ils développent de nouvelles expertises.

Article signé Association Zones Blanches.

AZB – Association Zones Blanches (asso-zonesblanches.org)

 Consulter l'article précédent :  #11 - Prendre en compte l’acoustique dans la rénovation des bâtiments

 


           

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