[Dossier énergies renouvelables] #6 - Relever le défi du travail collaboratif

Rédigé par

LYDIE OUGIER

Conseillère technique

2292 Dernière modification le 02/06/2021 - 12:09
[Dossier énergies renouvelables] #6 - Relever le défi du travail collaboratif

La parution en 2018 du livre blanc « Optimiser le mix énergétique local » a mis en exergue la nécessité de faire travailler ensemble une multitude d’acteurs aux cultures et compétences spécifiques mais complémentaires. Ce travail collaboratif est une clé de succès pour le déploiement d’un mix énergétique équilibré dans les projets de planification urbaine et d’aménagement opérationnel, et notamment des réseaux de chaleur et de froid, vecteurs essentiels des EnR&R en milieu urbain.

Articuler politiques territoriales énergie-climat et urbanisme

La réussite du déploiement des EnR&R implique de travailler et d’articuler différentes échelles territoriales (Région, EPCI,…) et temporelles. Du temps long pour la planification, et de court à moyen termes pour la traduction opérationnelle dans les projets urbains. Les acteurs concernés sont nombreux, spécialistes de domaines variés : planificateurs, urbanistes, aménageurs publics et privés, énergéticiens, donneurs d’ordre (collectivités, promoteurs,…), producteurs d’EnR&R, concepteurs et gestionnaires de réseaux, usagers, financeurs,… Pour  favoriser le nécessaire dialogue entre tous ces acteurs, l’ADEME, avec ses partenaires, développe et diffuse des ressources visant une montée en compétences partagées : formations urbanisme climat énergie avec la FNCAUE ; guide pour élaborer un schéma directeur des énergies (SDE) avec GrDF ; animation du Club STEP (Synergie pour la Transition Energétique par la Planification) ; et bientôt la parution d’un guide co-construit avec GRDF et des experts représentant l’ensemble de la chaîne de l’aménagement sur l’optimisation du mix énergétique dans l’aménagement opérationnel.

Mobiliser massivement des gisements d’EnR&R locaux grâce aux réseaux de chaleur et de froid

Pluralité des sources d’EnR&R (chaleur de récupération, géothermie, ressources forestières, méthanisation territoriale ou encore solaire thermique), mixité des usages (logement, tertiaire,…), potentiel (à terme) de stockage de chaleur en provenance d’électricité renouvelable, variable disponible en surplus de production, ou encore du captage de la chaleur excédentaire des bâtiments, sont les atouts des réseaux contribuant ainsi à leur sécurisation et à l’optimisation de leur fonctionnement. 

En 2019, avec plus de 59% du mix réseau assuré par des EnR&R, la France se distingue par un taux d'EnR&R élevé mais qui peut encore aller plus haut grâce une politique publique ambitieuse. Ainsi, la LTECV (Loi de Transition Énergétique et la Croissance Verte) donne l’objectif de multiplier par 5 la production de chaleur et de froid renouvelable, soit l’équivalent de plus de 40 TWh délivrées par les réseaux à horizon 2030. La SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) fixe quant à elle un objectif de 100% du mix réseau assuré par des EnR&R à 2050. Fin 2019, la part des EnR&R représentait de l’ordre de 15 TWh. Il y a donc besoin d'accélérer le rythme d’évolution (par densification, extension, interconnexion) et de création des réseaux existants et d’accroître le taux d’injection d’EnR&R avec le soutien du Fonds chaleur.

Là encore le dialogue entre les acteurs est incontournable pour connaître les infrastructures existantes avec leurs atouts et leurs contraintes, identifier les gisements d’EnR&R mobilisables et les besoins en chaleur et froid pour les croiser, et ainsi définir des objectifs communs.

Pour des retombées socio-économiques et de décarbonation significatives

L’étude parue en 2020 sur le développement des réseaux de chaleur à horizon 2050 évalue ce marché entre 4,2 et 5,2 Milliards d’euros en France. Il représenterait entre 41 000 et 57 000 etp directs et indirects (soit 4 à 5 fois plus qu’en 2017) dont une grande partie sont non délocalisables car liés à l’entretien et à la maintenance des installations. L’atteinte de l’objectif de 100% d’EnR&R à 2050 conduirait à décarboner l’énergie consommée pour les besoins de chaleur équivalent à 9 Millions de logements, soit 21 Millions d’habitants.
 

Un article signé Lydie Ougier (ADEME – Direction de l’Expertise et des Programmes),
Anne Lefranc (ADEME – Pôle Aménagement des Villes et des Territoires,
Bouzid Khebchache (ADEME- Service Réseaux et Energies Renouvelables).

https://www.ademe.fr/

 

Sources

Le Fonds Chaleur en bref, Ademe

Optimiser le mix énergétique local dans la planification et l'aménagement, Ademe

Le Schéma Directeur des Energies, Ademe

Développement des filières réseaux de chaleur et de froid renouvelables en France à horizon 2050, Ademe

Réseaux de chaleur et de froid, état des lieux de la filière : marchés, emplois, coûts, Ademe

Avis de l'ADEME sur les réseaux de chaleur alimentés par des énergies renouvelables et de récupération

Urbanisme-climat-energie 2 : les fondamentaux, FNCAUE, Ademe et fédération Flame

 


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