4 questions à Romain Mège - Rapport RSE du CSTB

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Communication CSTB

2400 Dernière modification le 08/10/2021 - 10:06
4 questions à Romain Mège - Rapport RSE du CSTB

Romain Mège est Directeur de Domaine d'Action Stratégique Recherche « Innovation, fiabilisation de l’acte de construire et rénovation » au CSTB. Dans cette interview, il revient sur ses missions ainsi que le rôle du CSTB dans ce domaine.

Vous venez de prendre la direction du domaine d’action stratégique « Innovation, fiabilisation de l’acte de construire et rénovation » du CSTB. Quelles vont être vos missions ? Et comment comptez-vous aborder cette nouvelle responsabilité ?

En tant que directeur, j’ai pour rôle de structurer, planifier, coordonner et superviser la réalisation de la recherche sur cette thématique. Ma mission consiste également à décloisonner et à faire vivre la transversalité au sein de ce domaine. Concrètement, il s’agit, en lien avec l’ensemble de nos chercheurs et les acteurs de la construction, de définir les grands enjeux de recherche des dix prochaines années, puis d’identifier les actions permettant de répondre au mieux aux besoins de la filière. C’est une mission particulièrement intéressante, car elle couvre un champ très large allant de l’innovation de pointe à la massification des rénovations performantes et durables, en passant par la caractérisation tout au long de leur durée de vie des procédés et des ouvrages. L’articulation avec les 3 autres domaines d’action stratégique « Bâtiments, quartiers et villes pour bien vivre ensemble », « Bâtiments et villes face au changement climatique », et « Économie circulaire et ressources pour le bâtiment » permet de couvrir l’ensemble des enjeux des bâtiments d’hier, d’aujourd’hui et de demain dans l’approche pluridisciplinaire systémique qui caractérise notre recherche.

À titre personnel, cette nomination me permet d’avoir des interactions avec tous les métiers du CSTB, sur de nouvelles thématiques, mais aussi de m’appuyer sur mon expérience opérationnelle pour la mettre au service d’une approche stratégique globale.

 

« Innovation, fiabilisation de l’acte de construire et rénovation ». Ces thèmes sont bien connus. En quoi votre recherche va-t-elle se différencier ? Quelle va être sa valeur ajoutée ?

Il est assez rare de voir rénovation, fiabilisation et innovation cohabiter au sein d’une même thématique de recherche. C’est pourtant le parti pris du CSTB pour les dix prochaines années, qui se positionne ainsi sur le renforcement des innovations dans le domaine de la rénovation, alors que la majorité des dépenses R&D du secteur privé alimente la construction neuve. Force est de constater que le secteur a aussi de grands progrès à faire dans la fiabilisation des constructions neuves ou en rénovation. En effet, selon les sources, la reprise des non qualités du bâtiment et des pathologies associées sont estimées à environ 10 % du chiffre d'affaires de la construction.

Il s’agit là de contribuer à fournir à l’ensemble des acteurs de la rénovation des outils, des produits et des méthodes qui leur permettent de fiabiliser et de massifier l’acte de construire en rénovation. En parallèle, nous continuons à accompagner la filière sur l’ensemble de l’acte de construire, en neuf comme en rénovation, dans ses nouveaux développements en l’orientant vers les évaluations multicritères, la mixité des matériaux, l’optimisation de la conception, la réduction des vulnérabilités ou le numérique. Concrètement, nous allons étudier des conceptions optimales des structures classiques des bâtiments afin d’identifier les critères (acoustique, incendie, structure, isolation, carbone) qui contraignent le dimensionnement, alors que d’autres sont largement respectés. Ce nouvel éclairage permettra aux concepteurs d’optimiser leurs projets. Concernant le numérique, nous prolongerons nos activités de structuration des outils numériques et des standards afin que ceux-ci soient interopérables dans l’ensemble des métiers de la construction. Nous misons aussi sur la préfabrication et sur la fiabilisation des métrés et des plannings pour réduire les besoins en matériaux et répondre aux enjeux forts de délais, de coûts et de qualité environnementale des projets.

Le CSTB s’inscrit dans une logique forte de partenariat afin d’être au plus proche des besoins du terrain et de diffuser le plus largement les connaissances développées. Il se doit d’être fédérateur en jouant le rôle du maillon manquant entre les développements universitaires en amont et les besoins de l’acte de construire, associés à la fiabilisation.

 

Comme vous venez de le souligner, les résultats de votre domaine de recherche concernent une grande diversité de protagonistes : majors du bâtiment et des travaux publics, très petites entreprises, petites et moyennes entreprises, ou encore acteurs socio-économiques. Comment s’adresser à des typologies aussi différentes ?

L’acte de construire est en effet fortement segmenté avec, d’un côté, des grands groupes et, de l’autre, un tissu extrêmement diffus. À cela s’ajoutent les acteurs de la conception, notamment les architectes ou les bureaux d’études. Chacun des acteurs a un bagage technique et des contraintes propres à son métier et à la taille de sa structure. Nous allons donc communiquer nos résultats de recherche à tous ces publics et entreprendre un travail interne de recensement fin de nos connaissances et de nos actifs de recherche, associé à une démarche de Knowledge Management. Nous allons également renforcer notre communication pour rendre plus visibles nos travaux les plus structurants et donner accès à nos résultats de manière plus immédiate. À titre d’exemple, nous visons la mise en ligne prochaine de la base de données nationale des bâtiments, regroupant l’ensemble des connaissances disponibles en libre accès sur une unique plateforme, accessible au grand public. Nous allons aussi travailler sur la mise à disposition d’outils numériques permettant de fiabiliser les chantiers, notamment en simplifiant les métrés ou en rendant consultables les documents visuels pour que les propriétaires individuels qui font réaliser des travaux puissent, sans connaissances préalables en bâtiment, détecter et signaler des anomalies lors de la livraison.

 

Et le grand public dans tout ça, n’a-t-il pas un rôle à jouer ?

Afin de renforcer et prolonger les effets bénéfiques de la réhabilitation ou de l’intégration des innovations au sein du bâtiment, nous pensons qu’il est également nécessaire de travailler sur la compréhension du fonctionnement du bâtiment, des enjeux que représente le logement, mais aussi des bonnes pratiques, auprès des personnes qui y vivent et qui l’entretiennent au quotidien. Nous transmettrons donc nos résultats de recherche clés, vulgarisés pour être accessibles au plus grand nombre. Cela passera par des actions de sensibilisation, pour tous les âges, sur la structure, les réseaux d’eau, la thermique, l’humidité, le confort ou encore la qualité de l’air. Nous chercherons notamment à créer des partenariats durables avec des éditeurs de manuels scolaires ou à proposer des communications adaptées au grand public.

 

« Il est assez rare de voir rénovation, fiabilisation et innovation cohabiter au sein d’une même thématique de recherche. C’est pourtant le parti pris du CSTB pour les dix prochaines années. »

 

Accéder au Rapport Responsabilité Sociétale des Entreprises. Au travers de ce premier rapport RSE, articulé autour de trois enjeux majeurs, le CSTB souhaite partager ses actions RSE - qu'elles concernent ses missions ou son fonctionnement interne - et ses projets phares de l'année 2020.

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