4 questions à Alexandra Lebert - Rapport RSE du CSTB

Rédigé par

Communication CSTB

1671 Dernière modification le 30/09/2021 - 14:48
4 questions à Alexandra Lebert - Rapport RSE du CSTB

Alexandra Lebert est la nouvelle Directrice du Domaine d'Action Stratégique Recherche "Bâtiments et villes face au changement climatique" du CSTB. Le récent rapport RSE du CSTB lui donne la parole : elle y revient sur son poste, sur les enjeux du bâtiments dans le changement climatique et sur ce que peut apporter le CSTB à ce sujet.

 

Alexandra Lebert, le CSTB vient de vous proposer de prendre la direction d’un de ses quatre domaines d'action stratégique, « Bâtiments et villes face au changement climatique ». Comment avez-vous accueilli cette proposition ?

Alexandra Lebert : Lorsque la direction m’a proposé ce poste, j’étais responsable de l’équipe Environnement et je pilotais le programme scientifique et technique Énergie- Environnement. J’ai hésité quelques jours, mais la réponse était évidente : oui, j’avais envie de m’investir encore plus au sein du CSTB et d’accompagner la mutation écologique du secteur de la construction. C’est ce qui apporte du sens à mon travail, me passionne et me donne le sentiment d’être alignée avec mes valeurs. J’ai choisi de faire des études en énergie et environnement, et en rejoignant le CSTB, mon objectif était que mon travail ait un impact sur la société. Ce sont sans doute mes convictions et mon attachement à la concertation et au collectif qui ont conduit le Groupe à me proposer ce poste.

 

Les préoccupations liées au changement climatique ne sont pas une nouveauté. Pour quelle(s) raison(s) le CSTB investit-il dans le domaine du changement climatique ? Et pourquoi renforce-t-il son engagement maintenant ?

Alexandra Lebert : Les préoccupations liées au changement climatique sont loin d’être une nouveauté pour le CSTB. Un programme de recherche autour de ce thème était déjà en place dans les années 2000. Pendant longtemps, nous avons travaillé sur les sujets de maîtrise de l’énergie à l’échelle des bâtiments, puis des quartiers, avec le prisme de raréfaction des ressources énergétiques. Aujourd’hui, il faut combiner cet enjeu avec celui du changement climatique, qui devient plus prégnant, plus urgent et plus évident pour une large part de la population. Le CSTB est un établissement public, nous sommes engagés sur des enjeux de société. Le changement climatique fait partie des grands enjeux des générations actuelles et à venir, il est indispensable que le groupe s’y implique et « fasse sa part » dans cette mutation essentielle. Le CSTB renforce ses travaux de recherche et la visibilité de ceux-ci, parce que nous savons que l’effort est immense, les solutions longues à mettre en œuvre et que les enjeux sont majeurs et que les conséquences vont être colossales.

Nos quatre domaines d'action stratégique de la recherche fédèrent deux stratégies indissociables : atténuation ET adaptation. La rénovation, sujet majeur inscrit dans la feuille de route pilotée par Romain Mège, est un levier substantiel pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et un formidable potentiel pour l’adaptation du cadre bâti. Quant aux sujets de confort et de santé, dans un contexte de changement climatique ou d’îlots de chaleur urbains, on les retrouve bien sûr dans le domaine d’action stratégique porté par Sophie Moreau.

 

Nous savons que le bâtiment représente une part conséquente des émissions de CO2. Mais le CSTB n’est ni fabricant, ni constructeur. De quelle(s) manière(s) peut-il être un acteur constitutif d’avancées dans ce domaine ?

Alexandra Lebert : Le CSTB anticipe les enjeux, mène les recherches nécessaires avec tous les acteurs. Sur le carbone, nous avions des travaux centrés à l’échelle du bâtiment, que nous avons récemment renforcés à l’échelle des produits et des matériaux pour encourager l’innovation bas carbone, ainsi qu’à l’échelle du quartier pour mieux rendre compte des leviers d’action des différents acteurs de la construction. Par sa stratégie de recherche, son expertise, son rôle d’évaluateur, de passeur de connaissances, par sa présence au sein des comités de normalisation, son appui aux pouvoirs publics, le CSTB a la capacité de faire bouger les lignes de manière globale en déplaçant les curseurs dans chaque groupe auquel il appartient. Le sujet de la lutte contre le changement climatique fait appel à des compétences diverses pour caractériser les aléas actuels et futurs, les conséquences sur le cadre bâti et ses usagers et mettre en place des stratégies d’adaptation. Pour comprendre les enjeux, les leviers, les impacts, pour simuler, inventer des solutions, les tester, nous avons besoin de climatologues, de structuristes, d’énergéticiens, d’experts en analyse du cycle de vie des bâtiments et des systèmes constructifs, de spécialistes du confort et de la qualité de l’air, de sociologues, d’écologues, de développeurs informatiques, de spécialistes du traitement de données, etc.

« Le CSTB fédère les compétences, construit une vision transverse des sujets, et nourrit les collectifs dont vont émerger des solutions. »

 

L’une des missions du CSTB est de développer et partager les connaissances scientifiques et techniques. Comment cela se traduit-il dans votre domaine de recherche ?

Alexandra Lebert : La responsabilité du CSTB est de permettre aux acteurs, qu’ils soient opérationnels ou étatiques, d’avoir une vision objective des enjeux et de leurs propres leviers d’action en faveur de la lutte contre le changement climatique. Nous construisons et diffusons aux acteurs les outils pour qu’ils puissent prendre les meilleures décisions pour lutter contre le changement climatique et préparer l’adaptation des territoires, des bâtiments et de leurs usages. Nous travaillons ainsi pour la maîtrise d’ouvrage, les bailleurs, les collectivités et l’État. Nous préparons les cadres réglementaires et normatifs ainsi que des indices de qualité qui sont des boussoles pour les acteurs. Nous évaluons l’impact des politiques incitatives et, surtout, nous fournissons des données et des connaissances aux acteurs pour qu’ils puissent agir de manière éclairée, efficace et massive. Les résultats de nos travaux sont diffusés dans le monde scientifique via des articles ou des communications ; sur le terrain avec la diffusion d’outils (cœurs de calculs, applications, abaques, guides techniques, formations), mais également au travers de missions d’expertise. Notre objectif, c’est d’atteindre le point d’inflexion, celui où la massification devient incontournable. C’est ce que fait le CSTB, seul ou en partenariat avec des projets tels que ÉLODIE, GO RÉNOVE et la Base de Données Nationale des Bâtiments, SEREINE, etc.

 

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