3 questions à Christian Brodhag, Président de Construction 21

Rédigé par

Communication CERTIVEA

Direction de la communication

2500 Dernière modification le 12/02/2021 - 16:31
3 questions à Christian Brodhag, Président de Construction 21

 

Suite de notre série d’interviews consacrée à l’urgence climatique. Découvrez les états des lieux dressés par des acteurs engagés et institutionnels, ainsi que leurs préconisations pour atténuer les effets du changement climatique, s’adapter à ses conséquences et tirer parti des opportunités engendrées par ces évolutions.

 

Aujourd’hui, nous vous proposons l’interview de Christian Brodhag, Président de Construction 21 France, qui dresse un état des lieux du secteur de la construction face à l’urgence climatique, présente ses recommandations pour favoriser la transition écologique du BTP, une relance verte et la rénovation des bâtiments tertiaires, ainsi que les actions de Construction 2021 auprès des professionnels de la construction pour lutter contre le changement climatique. 

 

1. Quel est votre constat de la situation actuelle vis-à-vis du changement climatique dans le secteur de la construction et de l’immobilier de manière plus générale ?

Ce secteur pèse près de 40 % dans l’impact sur le climat. Un impact direct, du fait des consommations d’énergie pour le chauffage ou la climatisation, mais aussi indirect sur l’ensemble du cycle de vie, notamment en amont par les matériaux mobilisés et en aval par les usages et les activités qui s’y déroulent. C’est aussi un secteur avec une structure diversifiée, tant de l’offre que de la demande, qui pose des problèmes spécifiques vis-à-vis de la transition écologique. En Europe, le tiers du chiffre d’affaire dans la profession est le fait d’entreprises de moins de 10 salariés. Les maîtres d’ouvrages et les occupants sont aussi nombreux et décentralisés ; leurs activités dépendent de conditions et de ressources locales. Le bâtiment s’intègre dans des systèmes locaux comme des écoquartiers ou des smart grids. Enfin, dans nos pays, l’enjeu n’est pas dans le neuf mais dans la rénovation profonde du bâti et la reconstruction de la ville sur la ville, ce qui limite aussi les économies d’échelle.

 

2. Quelles actions mener, selon vous, pour accélérer la transition écologique du BTP et favoriser une relance verte ? Comment encourager, notamment, la rénovation des bâtiments tertiaires ?

La transition et les objectifs ambitieux, conséquences de l’accord de Paris, ont vocation à reposer sur des processus d’innovation collective à tous les niveaux de la profession, qui permettent le développement et la diffusion massive des solutions les plus performantes, tant pour l’usager que pour l’environnement. Mais elles visent aussi à être les plus économiques, c’est à dire à créer de la valeur. Le cadre juridique et institutionnel devrait mieux accompagner ce processus. Pour le tertiaire, la rénovation est centrale. Si 11 % du parc immobilier existant au sein de l’Union Européenne fait l’objet de rénovation chaque année, seulement 1% porte sur la performance énergétique et 0,2 % sur des rénovations lourdes, celles qui réduisent la consommation énergétique d’au moins 60 %. Celles-ci devraient être la règle pour atteindre l’objectif global de 60% de réduction des émissions d’ici 2030 fixés par l’Union Européenne dans son programme « Renovation wave ». La crise de la Covid et les pratiques de travail à distance vont conduire les entreprises tertiaires à reconsidérer leur organisation, leur patrimoine et leur usage du numérique. Une écoconception de ces solutions est nécessaire, avec notamment la rénovation profonde.

 

3. Comment Construction 21 participe-t-il à la lutte contre le changement climatique ? Quelles actions particulières déployez-vous à l’attention des acteurs de la construction et de l’immobilier ?

Construction 21 est un média social qui vise à permettre cette massification, en donnant accès aux cas exemplaires, aux bonnes pratiques, aux connaissances, aux formations ainsi qu’à la mise en réseau des professionnels et acteurs de la construction et des travaux publics. Il s’agit en effet d’éduquer le marché, notamment par l’exemple. La diversité de ses adhésions et sa gouvernance, qui recouvrent toutes les catégories d’acteurs du secteur, garantit à la fois son indépendance et sa pertinence. Notre enjeu est d’embarquer les collectivités locales françaises sur le dossier rénovation. Enfin, déjà présent au niveau mondial (Chine et Maroc), Construction 21 doit se renforcer en Europe, notamment sur le projet rénovation, et en Afrique où l’on attend un milliard d’habitants supplémentaires en ville d’ici 2050.

Partager :