#20 - La place du végétal et de l’eau dans le rafraichissement de l’espace public

4444 Dernière modification le 09/12/2021 - 16:10
#20 - La place du végétal et de l’eau dans le rafraichissement de l’espace public

Conséquence directe du changement climatique, l’augmentation des vagues de chaleur et des canicules, tant en fréquence qu’en intensité, peut rendre la vie des Nanterriens difficile en période estivale. Pour préserver les publics les plus fragiles et améliorer le confort thermique de tous, la Ville a mis en place des solutions pour rafraichir l’espace public en constituant des oasis de fraicheur.  

La ville de Nanterre, contexte social et environnemental


Avec ses 97 453 habitants en 2021 (6ième ville d’IDF), ses 95 319 salariés (pôle d’emploi majeur), ses 32 000 étudiants (ville universitaire d’envergure) et ses grands équipements (ville-préfecture), Nanterre est une centralité incontestable de l’Ouest parisien. La Ville se démarque au sein de POLD, du fait de caractéristiques atypiques tant d’un point de vue social (55% de logements sociaux contre 26% pour POLD, présence de 5 Quartiers Politiques de la Ville représentant 31% de la population municipale), qu’urbain avec des quartiers aux identités fortes (centre historique, secteurs pavillonnaires, habitat mixte, quartiers populaires), marqués par de grandes infrastructures de transport qui fragmentent la ville. Nanterre s’inscrit dans une logique de développements raisonnés, visant à préserver cette diversité, effacer les fractures urbaines, poursuivre la rénovation des quartiers populaires en s’appuyant sur les grands secteurs de projets, pour une ville mixte, durable et solidaire, attachée au bien-être de tous les Nanterriens.


La Ville de Nanterre poursuit l’objectif de créer des environnements favorables au bien-être et à l’amélioration des conditions de vie de tous les Nanterriens, y compris pour les plus vulnérables, et a inscrit cette ambition dans son Plan Local d’Urbanisme (PLU) en 2015. La qualité environnementale et urbaine portée par les documents-cadres de la Ville : PLU et son PADD, charte qualité des constructions neuves, son premier plan climat en 2007 renouvelé en 2015.


Inscrit dans l’axe 6 du plan climat adopté par la Ville en 2015, la lutte contre les îlots de chaleur urbain (ICU) et le rafraichissement l’espace public constituent des enjeux forts de l’aménagement du territoire. Parmi les solutions mises en œuvre, la Ville avait déjà instauré une charte pour l’aménagement de l’espace public ainsi qu’une charte de qualité des constructions neuves (Bâtiment HQE). 
Entre juin 2020 et juin 2021, la ville a conduit une étude sur les ICU qui s’est traduite par un double diagnostic, à la fois technique, par le biais d’instruments de mesures et d’imageries satellites, et sensible en associant la population et acteurs du territoire pour connaitre leurs usages de l’espace public et leurs besoins. Ce diagnostic sensible s’est fait à l’occasion d’une importante phase de concertation, en ligne à travers un questionnaire sur les pratiques des Nanterriens face à la chaleur (également distribué aux personnes âgées via la livraison de repas), à travers une cartographie interactive où la population pouvait renseigner les points chauds et frais de la Ville, un micro-trottoir, des balades thermiques au sein de 8 quartiers et enfin des ateliers de co-construction du plan d’action. L’étude a abouti à des outils opérationnels et partagés par la Ville et les aménageurs : ScoreICU pour évaluer l’impact du phénomène dans un projet d’aménagement et l’outil Arbre en Ville pour choisir des essences résilientes en fonction de leurs apports écosystémiques. Pour prendre en main ces nouveaux outils, des formations ont dispensées au mois d’octobre pour les services de la Ville et la Semna, société d'économie mixte d'aménagement et de gestion de la ville de Nanterre.
Les résultats de l’étude ont déjà été utilisé à travers différentes études d’impact et les outils « évaluatifs » seront mobilisés sur les prochaines phases des projets d’aménagement.

La collectivité dispose également d’un plan d’action, dont certaines sont fondées sur la végétalisation et l’utilisation raisonnée de l’eau et qui sont présentées ci-après

Le rafraichissement par le végétal


Par retour d’expérience, Nanterre a estimé qu’un des moyens pour répondre à la problématique des îlots de chaleur en ville tout en permettant un rafraichissement durable, était la plantation de végétaux de diverses strates.
Elles peuvent se décomposer en 3 types :

  • La plantation d’arbres d’alignement ou en isolé : nécessite un décroutage pour la création des fosses de plantation et implique la désimperméabilisation du sol. Il faut alors compter en moyenne et par arbre, 3 200 euros pour ces travaux préparatoires auxquels s’ajoutent environ 800 euros pour la fourniture et la plantation d’un arbre en motte 18/20. Grâce à la hauteur de leur tronc et la largeur de leur couronne, ils apportent une surface plus ombragée et plus fraiche sur la voirie. Ex : Projets réalisés (rue Rouget de Lisle, square des Lauriers) ou de projet à venir (boulevard Emile Zola, etc.).
  • La plantation de boisements : sur un espace libre existant, la plantation plus serrée de petits sujets permet la création d’un poumon vert dans un quartier. On choisira alors des arbres de type scion ou baliveau pour une fourchette de prix allant de 5 à 20 euros par unité.  Ex : boisement allée de Savoie, projet de mini forêt urbaine Parc Nord.
  • La plantation d’arbustes et vivaces : nécessite moins de profondeur de terre et peut donc répondre à plus de contraintes de terrain tout en enrichissant le sol. La plantation peut se réaliser sur une plus longue période car les arbustes sont conditionnés en conteneurs, généralement de 4 à 10 litres pour un montant allant de 5 à 20 euros selon l’espèce. Il en est de même pour les vivaces que l’on trouve la plupart du temps en conteneur de 2 litres ou en godet pour un montant allant de 1,50 à 4,50 euros. Ex de projet réalisé (boulevard National) ou de projet à venir (boulevard du Général Leclerc).

Les bienfaits de la végétalisation pour le rafraichissement de l’espace public se résument par l’apport d’ombre et d’humidité, l’absorption du CO2 et de la pollution par le feuillage ainsi que des eaux par le sol, la stabilisation et l’enrichissement du terrain, la diversification de la faune et un cadre plus agréable à vivre pour les habitants. 

Le rafraichissement par des structures


D’autres moyens ont été mis en place par la Ville pour répondre à cette nécessité pour les habitants. Il s’agit de structures à consommation d’eau qui peuvent se décomposer en 2 types :

  • L’installation de bornes fontaines dans les parcs et les lieux de fort passage pour permettre l’hydratation et le rafraîchissement immédiats des riverains. Pour un budget d’environ 30 000 euros nécessaire à l’installation complète d’une borne et une consommation moyenne de 85 m3 par semestre, les habitants sont très satisfaits de cet investissement et en profitent pleinement.  Ex : Parc des Anciennes Mairies, Terrasses de l’Université et de l’Arche
  • L’installation de systèmes de brumisation aux endroits les plus minéralisés et très exposés au soleil. Ils rafraichissent l’air ambiant à proximité en consommant peu d’eau et sont accessibles à tous. Afin de faciliter et homogénéiser leur utilisation, ils fonctionnent tous par bouton poussoir, à partir de 20 °C entre 11h et 23h de juin à septembre. Pour répondre au besoin d’un plus grand nombre de personnes, la Ville a sélectionné des sites plus densément peuplés et n’ayant pas d’espaces verts à proximité. Nous avons mis en place différents types de brumisateurs tels que des mâts (de 10 000 à 15 000 euros/mât et une consommation de 2,16L/min), des systèmes de brumisation aérienne par câble ou rampe (de 15 000 à 20 000 euros/installation et une consommation moyenne de 3,36 L/min), des brumisations par la sol (de 30 000 à 35 000 euros/installation et  une consommation de 2,34 L/min) et une structure sur mesure de type « Rubik’s Cube » (de 30 000 à 40 000 euros/installation et une consommation de 3,12L/min) Ex : parc Hoche, Place Voltaire, coulée verte du Petit Nanterre, mairie annexe du Parc, terrasses 8 et 15.

Une étude de faisabilité va être menée prochainement pour la mise en place de corolles végétales (Type Urban canopée) pouvant être équipés de bancs, de tablettes ou de brumisateurs. 
L’installation de telles structures répond à un besoin immédiat de rafraichissement tout en veillant à une consommation raisonnée de l’eau car elle n’est utilisée qu’en cas de besoin des habitants. De plus, elles sont accessibles à tout public.

En conclusion, la collectivité de Nanterre s’attèle à répondre aux problématiques de réchauffement de la ville d’une façon immédiate avec des solutions de végétalisation et de brumisation mais aussi sur le long terme

  • en prenant en compte la problématique des ICU dans l’aménagement de l’espace public à travers la plantation de 5000 arbres sur la mandature ;
  • en entretenant des relations de travail étroites avec les aménageurs pour intégrer le végétal au sein des espaces privés (exemple : 0,5m²/occupant de jardins partagés sur les résidences de plus de 50 lots dans le secteur des Groues ; végétalisation de la 5ème façade) ;
  • en créant de nouveaux espaces verts ouverts au public (Orientations d’Aménagement et de Programmation de 4 ha minimum dans le secteur des Groues,  composés à plus de 50% en pleine terre, volonté d’élargir les bords-de-Seine, etc) ;
  • en construisant des équipements publics privilégiant des conceptions bioclimatiques, les matériaux biosourcés et un haut niveau de performance environnementale étendus à la construction privée à travers la « charte qualité construction neuve » ;
  • de par son plan climat qui vise à rendre l’action municipale exemplaire dans divers domaines (achats, mobilités, énergie, etc.) et mobiliser les acteurs du territoire. 

Un article signé Luce-Marie Guillot et Raphaël Martin, Mairie de Nanterre


 


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