2 questions à… Rami Hariri, Délégué biométhane, GRDF

Rédigé par

Ludovic GUTIERREZ

Responsable Grands comptes

2250 Dernière modification le 30/05/2022 - 13:14
2 questions à… Rami Hariri, Délégué biométhane, GRDF

Gains environnementaux et économiques, grandes capacités de production, nombreux retours d'expérience disponibles : le biométhane présente de sérieux atouts pour accélérer la transition énergétique. Cependant, son développement dépend du soutien des pouvoirs publics et de la sensibilisation des acteurs de la méthanisation. Il lui faut donc continuer à convaincre pour consolider la filière. Rencontre avec Rami Hariri, Délégué biométhane, GRDF.

 

Quels sont les gains environnementaux et économiques du biométhane ?

Rami Hariri : Le biométhane a un impact environnemental positif sur les émissions carbone, la gestion des déchets, la production énergétique et l’agriculture. En effet, c’est un gaz vert, peu carboné. Il pèse 23,4g de CO2 par kilowattheure, soit 10 fois moins que le gaz naturel. De plus, le processus de méthanisation permet d’une part une production énergétique (du gaz en injection, mais aussi de l’électricité en cogénération) et une production de digestat, avec des vertus fertilisantes, d’autre part. Les agriculteurs ont ainsi accès à du digestat peu carboné. Enfin, le biométhane est une solution de valorisation des biodéchets et des boues d'épuration des collectivités. Ce gaz vert répond donc à de nombreux enjeux environnementaux.

Sur le plan économique, le biométhane présente également des avantages intéressants. Produit localement, il s’inscrit dans une logique d’économie circulaire. De plus, il favorise la création d'emplois dans les territoires. Par exemple, une unité de méthanisation crée 10 emplois directs et indirects dont 2 pérennes. Ensuite, la production de méthane soutient les agriculteurs en leur assurant une rentrée financière. Il faut savoir que 80% de la méthanisation s’appuie sur le monde agricole. Pour les consommateurs, le biométhane reste à un coût plus élevé, mais ce dernier devrait continuer à baisser grâce au travail de R&D sur l’efficience des processus, malgré le contexte actuel de hausse de l’inflation.

 

Quels sont les objectifs de la filière du biométhane et les obstacles à son développement ?

Rami Hariri : Nous avons absolument besoin du gaz dans le mix énergétique français, notamment en appui à la production électrique lors des pointes de consommation. De plus, certains secteurs professionnels du pays, comme la mobilité lourde, s’appuient fortement sur le biogaz pour se décarboner. Il est donc urgent de développer le biogaz. L'objectif de GRDF est d’atteindre 20% de gaz vert dans nos réseaux à horizon 2030. C’est un peu plus que la part du gaz russe dans notre consommation totale de gaz. Nous pourrions alors nous passer de ces importations. Notre objectif est plus ambitieux que celui de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui se situe à 10%. Aujourd’hui, nous sommes en avance sur la PPE : le gaz vert représente entre 2% du gaz dans nos réseaux.

Le respect de notre objectif passera essentiellement par le développement du biométhane. En effet, ce gaz bénéficie d’une grande capacité de production. Les gisements de biomasse et de biodéchets sont très importants. Le biométhane est d’ailleurs mis en avant dans les différents scénarios neutralité carbone de l’Ademe, de RTE ou encore de l'association négaWatt.

Nous avons besoin que les pouvoirs publics aient confiance dans la filière et soutiennent le développement du biométhane. Jusqu’ici, le cadre réglementaire était plutôt favorable ; de nombreux sites de méthanisation ont pu être développés grâce au soutien de l’État (par exemple les aides sur le coût de revente du biogaz). A présent, la filière a besoin de trouver des mécanismes financiers qui ne pourront pas dépendre du seul budget de l’État. Il faut se tourner vers d’autres outils pour maintenir la dynamique pour le biométhane, comme les certificats de production.

Le développement de la filière dépend également du travail de sensibilisation et d’organisation mené auprès des acteurs concernés. Il faut travailler sur l’acceptabilité et l’appropriation de la technologie avec les agriculteurs. Il faut également accompagner les collectivités, dont les démarches administratives peuvent être assez complexes. Enfin, il faut aider les acteurs à travailler ensemble. Par exemple, la filière déchets et eaux, la filière agricole, la filière mobilité, la filière de l’énergie, etc., ne sont pas forcément habitués à discuter et à travailler ensemble.

 

GRDF soutient les Green Solutions Awards. Le concours vous intéresse ? Plus d'informations

Propos recueillis par Manon Salé, Construction21 - La Rédaction dans le cadre du parrainage Green Solutions Awards 2022-23

Partager :