2 questions à… Chantal Degand, Directrice adjointe Département Stratégie et Régulation chez EDF

Rédigé par

Chantal Degand

1112 Dernière modification le 06/07/2022 - 16:29
2 questions à… Chantal Degand, Directrice adjointe Département Stratégie et Régulation chez EDF

Bas carbone, réduction des factures, gestion simplifiée, etc., la pompe à chaleur présente de multiples avantages. Pourtant, ce système énergétique peine à s’implanter dans le résidentiel, notamment en logement collectif. Chantal Degand, Directrice adjointe Département Stratégie et Régulation chez EDF, revient sur les atouts de ce système et sur les leviers pour massifier sa diffusion.

Quels sont les avantages d’une pompe à chaleur (PAC), notamment pour les logements collectifs ?

Chantal Degand : La pompe à chaleur est une machine très performante qui transforme l’énergie qu’elle tire de l’air, de l’eau ou du sol en chaleur ou en rafraîchissement. Elle chauffe ainsi les locaux, produit de l’eau chaude sanitaire ou encore ramène de la fraîcheur dans les bâtiments. Installer une PAC, c’est installer une énergie renouvelable. Saviez-vous que les PAC en France se classent, selon les années, 3e ou 4e sur le podium des énergies renouvelables, côte à côte avec l’éolien ?

C’est réellement une solution phare de la décarbonation du bâtiment. Remplacer une chaudière par une PAC permet de diminuer les émissions de carbone de 90% ! De plus, le rendement énergétique élevé de la PAC permet de réduire les factures de 50%. Le seul bémol de cet équipement est encore son coût à l’achat, malgré les aides financières existantes. Cependant, sur le moyen terme, la PAC reste un investissement avantageux : l’achat est rapidement compensé par la baisse des factures.

La PAC est aussi une solution performante pour le logement collectif. Depuis l’interdiction du fioul par décret et dans un futur proche avec l’abandon annoncé des énergies fossiles, les copropriétés doivent se tourner vers d’autres solutions énergétiques. Le passage d’une chaudière fioul ou gaz à une PAC est réaliste vu l’offre de matériels qui existent en collectif ou en appartement.

Comment massifier la pose de PAC en logement collectif ?

Chantal Degand : D’abord, à chaque configuration, sa PAC. Les solutions existent. Le marché de la construction neuve est déjà fort d’une expérience avec 16 000 appartements équipés chaque année d’une PAC pour le chauffage. Tandis que le marché de la rénovation en logement collectif peine à décoller. Il souffre d’une méconnaissance de l’offre disponible. C’est pourquoi l’association française pour la PAC prévoit d’éditer très prochainement un guide sur les solutions qui existent.

Ensuite, il faut informer et former les acteurs pour installer et maintenir les PAC. On ne pose pas une PAC comme une chaudière : il faut gérer un réseau de fluides caloporteurs, optimiser la puissance thermique au plus juste des besoins thermiques et soigner la pose de ces matériels désormais silencieux (moins de 50 dB) pour un optimum acoustique.

Enfin, le levier le plus important pour développer le marché de la PAC, surtout en collectif rénové, reste les aides. Pour l’instant, les aides sont insuffisantes en copropriétés, deux seulement avec les limites suivantes :

  • MaPrimeRénov’ Copropriétés finance uniquement les travaux sur les parties communes, qui conduisent à des économies d’au moins 35% en énergie primaire. Ceci signifie un geste d’isolation efficace en plus du changement de la chaufferie. De plus, l’aide par logement est plafonnée à 25% des travaux et à 15 000€ au total versé. Or, il faudrait que le taux passe à 40% et que le plafond double pour aider les copropriétaires à supporter le coût d’investissement dans une PAC. Même si le dispositif MaPrimeRénov’ se cumule avec d’autres primes pour les ménages modestes et très modestes, ou des copropriétés fragiles, il reste insuffisant pour emporter la décision de rénover.
  • Le Coup de pouce Rénovation globale nécessite d’aussi d’engager des travaux de rénovation performants pour bénéficier des aides. Les copropriétés qui souhaitent uniquement changer leur chaufferie n’y sont pas éligibles. A ce titre, la création d’un coup de pouce ciblé sur la PAC collective serait un accélérateur de la rénovation des chaudières collectives.

Dans la perspective de lutter contre le changement climatique et réduire la dépendance aux fossiles, pourquoi ne pas créer un lien entre économies de critère carbone et niveaux des aides ? Cela récompenserait les efforts des copropriétaires qui optent pour des systèmes énergétiques moins carbonés. Les solutions sont à portée de main !

 

 

EDF soutient les Green Solutions Awards. Le concours vous intéresse ? Plus d'informations

Propos recueillis par Manon Salé, Construction21 - La Rédaction dans le cadre du parrainage Green Solutions Awards 2022-23

Partager :