Zéro Carbone en plein Paris, c’est possible ! #pariszerocarbone

Rédigé par

ASSOCIATION R.Q.E.

Président de l'Association R.Q.E.

3156 Dernière modification le 25/04/2018 - 08:45
Zéro Carbone en plein Paris, c’est possible ! #pariszerocarbone

De 1995 à 2017, 22 ans plus tard, même immeuble, mêmes intervenants, même budget, mais une approche chantier différente et totalement novatrice. La rénovation de ce bâtiment de la rue de Turbigo constitue une histoire originale et touchante à la fois.

En 1995, ses trois façades ont subi une rénovation complète, lavage de la pierre, reprises de maçonnerie, nettoyage et peinture des fenêtres, traitement des persiennes et des gardes-corps métalliques, le tout avec les produits et méthodes de l’époque. L’entreprise travaille sur des échafaudages volants à moufles, utilise des produits de nettoyage chimiques, rincés à haute pression et des peintures en phase solvant. Le contexte est celui de ces années-là, les procédures de gestion des déchets et des rejets n’existent pas, la réglementation sécurité n’est pas encore d’actualité, la pollution urbaine, si elle est déjà présente, n’est pas identifiée comme un problème.

En 2017, après un peu plus de vingt ans sans travaux, les trois façades sont très encrassées, du fait de la situation du bâtiment dans un carrefour très fréquenté et très souvent embouteillé. Le moment est donc venu de réaliser des travaux de rénovation.

En 2017, les acteurs sont les mêmes, le maître d’ouvrage et le maître d’ouvrage délégué choisissent de confier les travaux à la même entreprise, qui travaille avec les mêmes partenaires. Et de plus, cerise sur le gâteau, c’est la même personne qui conduit les travaux : Le responsable du chantier de 2017 était le patron de l’entreprise sous-traitante qui a réalisé les travaux en 1995 !

Mais en 2017, le contexte a radicalement changé, les échafaudages volants à moufles sont interdits, la sécurité constitue une préoccupation constante, la réglementation impose des produits respectueux de l’environnement, la gestion et le traitement des déchets sont devenus obligatoires, la pollution urbaine est devenue un enjeu de santé publique. Et la notion de déve- loppement durable s’impose nécessairement.

C’est donc dans ce nouvel environnement qu’a été construit le projet de rénovation. Et c’est ainsi tout naturelle- ment que l’entreprise a proposé de mettre en place un Chantier ZérCarbone, ce qui, au cœur de Paris, constitue un vrai défi mais un pari pour l’avenir.

Toutes les étapes du chantier se sont donc déroulées selon les procédures du label Chantier ZérCarbone.

Une organisation de chantier optimisée bas carbone

Du fait de sa situation géographique et de sa configuration sur trois façades, le chantier a nécessité une grosse préparation en amont. Un rendez-vous préparatoire, organisationnel, informatif et courtois a donc été planifié, afin d’impliquer tous les acteurs et intervenants du chantier. En effet, l’organisation reste le préalable nécessaire à un chantier réussi, indispensable s’il doit être labellisé Zér0Carbone.

Concernant l’échafaudage, l’objectif était d’une part de réduire l’impact des nuisances vis-à-vis des occupants et des commerçants, et d’autre part, de limiter les coûts de location. Il a donc été décidé un phasage par façade, les pans coupés du bâtiment permettant de servir de zone tampon pour ne pas perdre de temps pendant les temps de démontage/remontage de l’échafaudage sur la façade suivante.

Par ailleurs, une grande plateforme de stockage de six mètres de large a été installée sur le trottoir, au niveau du plancher du premier étage, pour réduire le nombre de rotation des camions de livrai- son et ainsi limiter l’impact carbone du fret secondaire. Celle-ci a permis d’approvisionner le chantier de manière plus rationnelle. Elle a éga- lement servi de zone tampon pour le stockage des déchets de chantier, limités et réduits au maximum, afin d’en limiter le coût et l’impact carbone.

Concernant les zones de vie du personnel de chantier, la maîtrise d’ouvrage a mis à disposition des anciennes « chambres de bonnes » ; ce qui a d’une part, marqué son implication et d’autre part, permis d’éviter le budget lié à la mise en place de cantonnements mobiles, et de donner de meilleures conditions d’accueil aux salariés.

Une mise en œuvre pensée et réfléchie développement durable

Tout d’abord, tous les produits ont été choisis pour leurs qualités environnementales et chez des fournisseurs engagés dans une vraie démarche environnementale. Les outils ont été nettoyés dans une station de nettoyage ZérRejet.

Les travaux ont débuté par le lavage des façades encrassées avec un produit neutre, peu agressif avec la pierre appliqué à sec, suivi d’un rinçage à basse pression, limitant ainsi la consommation d’eau et l’abrasion de la pierre. L’application peut être réalisée au pistolet, ce qui présente de nombreux avantages : moins de fatigue pour les ouvriers, une meilleure régularité dans la diffusion du produit, une meilleure productivité qui entraîne une meilleure rentabilité.

Les assisses, les joints et les pierres abîmés ont été pur- gés et réparés à l’aide d’un mortier spécial à base de pierre broyée. Une patine d’harmonisation a ensuite été appliquée sur ces rac- cords. Une attention parti- culière a été portée au choix des mortiers et de la patine auprès du même fabricant afin d’éviter les rejets entre produits.

Enfin, pour assurer la pérennité des travaux, la touche finale fut apportée par une solution innovante de protection par lasure photoactive, non sans avoir vérifié la compatibilité de ce produit avec le mortier de réparation et la patine préalablement appliquée

Par ailleurs, même si ce produit a également la particularité de ne pas polluer les nappes phréatiques, il a été mis en place un système de récupération des eaux de lavage, qui ont ensuite été enlevées et traitées par un partenaire spécialisé.

La protection par lasure photo active est particulièrement adaptée à la situa- tion du bâtiment, en zone fortement urbanisée et polluée, elle vise à combattre les agents atmosphériques et les moisissures. De plus, cette technologie avancée détruit aussi les polluants urbains gazeux entrant au contact des surfaces actives et fonctionne quotidiennement avec un carburant gratuit, l’énergie solaire. Nous pouvons donc considérer ce chantier comme le premier d’une nouvelle génération, à la fois neutre en émission de GES, avec effet de réduc- tion de la pollution urbaine ultérieure.

Le traitement des éléments accessoires a été réalisé avec les mêmes objectifs que les travaux de façade. Les per- siennes ont été démontées et traitées en atelier équipé d’une station de nettoyage ZérRejet. Après avoir subi un décapage, elles ont reçu un primaire à base de résine époxydique et ont été ensuite recouvertes de deux couches de peinture de finition polyuréthane, appliquée au pistolet pour un tendu parfait. Les garde-corps ont été apprêtés et traités avec une laque anticorrosion industrielle pour garantir la tenue dans le temps.

Quant aux menuiseries, après nettoyage, elles ont été recouvertes d’une laque microporeuse qui laisse respirer le bois et le protège du vieillissement.

Une action d’équilibrage carbone

Toutes les actions menées pour réduire les impacts et les émissions de GES ont permis de passer d’un chan- tier « normal » à un chantier «bas carbone», à impact environnemental faible.

Afin de neutraliser complètement l’empreinte carbone de ce chantier et répondre ainsi aux principes du label Chantier ZérCarbone, une action d’équilibrage carbone a été réalisé par une opération de plantation de 2200 arbres à Madagascar via l’association ETC TERRA/ RONGEAD

Ce chantier constitue un bel exemple de rénovation dans l’esprit et la pratique développement durable, avec le label Chantier Zér0 Carbone.

Il est également symptomatique de la satisfaction client qui engendre la fidélité puis- que 22 ans après le maître d’ouvrage renouvelle sa con- fiance à la même entreprise et à ses partenaires.

Ce chantier a reçu un GESTE D’OR dans la Catégorie Architecture Innovation Sociale et Économique lors du salon du Patrimoine 2017 ainsi que le trophée de l’Excellence 2017 par la fondation SMA

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