Urbanisme durable : Les habitants de Limeil-Brévannes raniment le commerce de proximité

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

1947 Dernière modification le 04/03/2013 - 20:40

L'urbanisme durable, ce n'est pas seulement les nouveaux écoquartiers à énergie positive... C'est aussi une ambition sociale, pour d'autres quartiers souvent moins séduisants, construits au XXe siècle, et où réside une population aux revenus modestes. On les appelle souvent « les quartiers » et, à de nombreux égards, ils se situent justement aux antipodes des « écoquartiers ».bon,

A Limeil-Brévannes, dans le Val-de-Marne, le quartier des Tilleuls, composé de 1 600 logements sociaux construits dans les années 1970, a été progressivement abandonné par les commerçants. Le centre commercial situé au pied des immeubles s'est retrouvé totalement déserté dans les années 2000. Conséquence : les résidents doivent parcourir un kilomètre pour trouver une boulangerie ou une épicerie.

Créée par des habitants inquiets du sort de leur lieu de vie collective, une régie de quartier s'est attaquée au problème. Et a trouvé une solution originale, baptisée EcoSol, qui marie commerce et insertion professionnelle. En 2009, la régie a d'abord ouvert une friperie pour adultes, qui propose des vêtements d'occasion mis en dépôt-vente par les habitants. Une laverie a ensuite été inaugurée, puis une autre friperie, pour enfants cette fois.

Cette année, la régie passe à la vitesse supérieure en ouvrant une épicerie au format supérette, sur plus de 200 mètres carrés. Les clients y trouveront de tout (et notamment des produits d'alimentation bio et si possible régionaux) mais paieront en fonction de leurs revenus. En pratique, les personnes en difficulté financière, identifiées comme telles par les services sociaux et titulaires d'une carte spéciale,  bénéficieront de tarifs adaptés. « Nous voulons que cette épicerie pas comme les autres soit ouverte à tous. Elle n'est pas réservée aux personnes pauvres comme le sont les épiceries solidaires, mais elle leur reste accessible » explique Laura Clercq, responsable du projet au sein de la régie.

Devraient également s'installer, d'ici deux ans, un traiteur solidaire, une auto-école et un coiffeur. La régie espère que ces commerces seront aussi fréquentés par les futurs habitants de deux quartiers en construction aux alentours, des écoquartiers justement. Le premier, baptisé Les Temps Durables, compte 1 300 logements, ne consomme aucune énergie fossile et ouvre cette année. 

Pour leur part, les nouvelles boutiques « solidaires » des Tilleuls sont toutes conçues sur le même modèle. Les murs appartiennent à BâtiGère, le bailleur social propriétaire des immeubles, qui aménage les locaux. Dans les magasins, la manutention, la vente et la gestion sont assurées par des salariés en contrat d'insertion, employés par la régie. Laquelle est financée par la mairie, le conseil général, l'Etat et plusieurs fondations qui croient au potentiel de cette initiative, apparemment inédite en France.

La friperie et la laverie ont déjà permis de créer 20 emplois de 26 heures chacun et l'épicerie devrait générer 12 postes en insertion. La démarche a l'avantage de remettre le pied à l'étrier aux chômeurs, de ranimer un commerce de proximité défaillant et d'améliorer l'ambiance dans le quartier – ce qu'on nomme en termes choisis :  « renforcer le lien social ». 

Jean-Philippe Pié

Source : ecobat 

Partager :