Un réseau de mesure : pourquoi, comment ? Point de vue de Bruitparif

Rédigé par

Fanny Mietlicki

4690 Dernière modification le 18/10/2017 - 10:47
Un réseau de mesure : pourquoi, comment ? Point de vue de Bruitparif

Stations fixes pour la surveillance sur le long terme, campagnes moyen terme pour évaluer l’impact d’aménagements ou d'actions, mesures de court terme pour caractériser des environnements spécifiques, valider ou compléter les cartes de bruit, un réseau de mesure permet de s’adapter aux différents enjeux.

La mesure du bruit

Réalisée sur le terrain à l’aide d’un sonomètre ou d’une station automatique, la mesure permet d’analyser finement les variations du bruit au cours du temps, seconde après seconde.

Elle permet de calculer différents indicateurs et de mettre en évidence les cycles de variation du bruit au cours de la journée ou de la semaine, les évolutions des nuisances sonores au cours du temps, la distinction entre les niveaux de bruit de fond et les événements ponctuels de type klaxons, passages d’avions, de trains ou de véhicules motorisés bruyants. Les résultats issus de la mesure permettent également de déterminer la contribution de chaque source de bruit en présence afin de permettre aux décideurs de mettre en œuvre les actions adaptées.

Les objectifs d’un réseau de mesure du bruit

Le développement d’un réseau de mesure du bruit répond à trois enjeux principaux.

Enjeu de compréhension des phénomènes :

  • Mieux connaître les facteurs d’influence du bruit (conditions de trafic, paramètres météorologiques, tissu urbain…).
  • Suivre l’évolution du bruit au cours du temps en relation avec les évolutions des technologies, des déplacements, des attentes sociales…
  • Disposer de données d’exposition pour permettre la réalisation des études épidémiologiques « bruit et santé » ou des études des impacts socio-économiques du bruit.
  • Compléter la démarche de cartographie du bruit en disposant d’éléments de validation ou de calage pour les cartes de bruit établies par modélisation.
  • Faciliter la connaissance, donc la maîtrise et la mutualisation des effets des transports en matière de bruit mais aussi de pollution, d’impact paysager…

Enjeu d’évaluation des actions :

  • Documenter l’impact de mesures prises de façon prolongée ou ponctuelle et évaluer l’efficacité de ces actions.
  • Anticiper, suivre et capitaliser les connaissances lors de la réalisation de grands projets.
  • Disposer d’indicateurs de suivi de l’impact de la prise en compte du bruit dans les politiques de déplacement et d’aménagement du territoire.

Enjeu d’information et de porter à connaissance :

  • Répondre à une des principales préoccupations des habitants concernant la qualité de leur cadre de vie et leur santé.
  • Apporter une information publique, claire, transparente et indépendante, sur l’état actuel et sur les évolutions en matière d’environnement sonore, les résultats de mesure bénéficient d’une crédibilité plus élevée auprès de la population que la modélisation et prévision issues des calculs.
  • Donner aux citoyens et aux différentes parties prenantes de la lutte contre le bruit, les moyens de comprendre et d’analyser les nuisances sonores.
  • Permettre une quantification de l’exposition au bruit plus précise et plus ciblée que ce que permet la cartographie obtenue par modélisation.
  • Fournir des bilans statistiques de l’environnement sonore sur un territoire.
  • Mettre à disposition des données objectives utiles dans le cadre des consultations du public et des réunions de concertation.

La stratégie de surveillance et le dimensionnement du réseau

Le bruit est une pollution d’une nature particulière, qui revêt un caractère beaucoup plus localisé que la pollution de l’air par exemple. Les sources de bruit ont généralement un impact plus local, les niveaux mesurés décroissant rapidement en fonction de la distance à la source, et un rideau de bâtiments pouvant par exemple suffire à constituer une protection efficace contre une route à grande circulation. Seul le bruit du trafic aérien échappe en partie à cette spécificité.

Ainsi, l’implantation d’un réseau de mesure est une tâche particulièrement délicate en termes de stratégie de surveillance. Le nombre de points de mesure est certes dépendant de l’étendue du territoire mais il serait illusoire de couvrir un territoire, même restreint, d’un réseau de mesure exhaustif. L’approche alternative consiste donc à définir une sélection de sites qui doivent présenter une certaine représentativité territoriale et répondre à des objectifs précis tenant compte des enjeux du territoire.

Le travail de cartographie du bruit, réalisé dans le cadre de la mise en place de la directive européenne 2002/CE/49, constitue un préalable important à la définition de la stratégie de déploiement d’un réseau de mesure. L’analyse des cartes du bruit s’avère en effet être un bon point de départ pour hiérarchiser les enjeux en termes de contribution des différentes sources de bruit (trafic routier, ferroviaire, aérien, activités industrielles…) à l’exposition des populations.

La conduite de campagnes de mesures temporaires de grande envergure permet également de recueillir des informations permettant de compléter et d’affiner les analyses établies à l’aide des cartes de bruit, notamment concernant les autres sources de bruit potentielles (bruit lié à des comportements inciviques sur la voie publique, bruit des activités commerciales ou de loisirs par exemple).

A un niveau plus local, le travail de concertation avec les élus locaux, régionaux, les représentants institutionnels, les citoyens organisés ou non en associations permet également une remontée d’informations sur les situations nécessitant prioritairement une observation.

Enfin la stratégie de surveillance doit également s’alimenter des évolutions en matière d’aménagement du territoire (grands projets d’infrastructures, grandes opérations de renouvellement urbain, schéma directeur d’urbanisme…).

Fort de la collecte de toutes ces informations, de leur analyse, un plan d’implantation des secteurs visés pour l’installation de mesures peut être élaboré.

Différents types de mesure peuvent être mises en œuvre selon les objectifs poursuivis :

Mesures de long terme (durée indéterminée) effectuées à l’aide de stations fixes permanentes afin de disposer d’indicateurs de suivi de l’évolution globale des nuisances sonores dans le temps.

Mesures de moyen terme (sur des durées compatibles avec les phénomènes à mettre en évidence pouvant aller de quelques semaines à plusieurs années) afin d’évaluer l’impact acoustique de modifications structurelles telles que des grands projets urbains (créations ou modifications de voiries, création des parc urbains, éco-quartiers…), des modifications de trajectoires et de procédures de vol pour les aéronefs,… ou de mises en place de solutions de réduction du bruit (remplacement de revêtements de chaussée, réduction de vitesse,…).

Mesures de court terme (plusieurs heures à plusieurs jours) réalisées à l’aide de matériels semi-mobiles (valises sonométriques, véhicule laboratoire) afin de compléter le dispositif de mesure permanent par :

  • la documentation fine (approche de type « zoom ») de l’ambiance sonore d’un secteur d’intérêt (zones de bruit critique, lieux emblématiques, zones calmes, situations de multi-exposition à différentes sources de bruit…) ;
  • la quantification de l’impact d’événements particuliers temporaires (grande manifestation, chantier, événement festif de rue, journée sans voiture, aménagements provisoires…) ;
  • la réalisation de campagnes de mesure sur un nombre de points de référence sélectionnés pour la mise en cohérence ou la validation des cartes de bruit.

L’exploitation d’un réseau de mesure

L’installation d’un réseau de mesure et son exploitation implique de rassembler des compétences très variées et transversales, qui peuvent être mobilisées, selon les cas, soit en interne, soit par l’intermédiaire de sous-traitances ou de partenariats extérieurs :

  • Des compétences technologiques afin de pouvoir faire les bons choix en termes de matériels de mesure. Il peut s’agir de matériels acoustiques mais aussi de matériels permettant d’acquérir des informations connexes comme des stations météorologiques, des systèmes de comptage du trafic routier…
  • Des compétences mécaniques et électriques afin d’être capable d’adapter l’installation des matériels aux différentes configurations d’implantation qui peuvent être rencontrées sur le terrain.
  • Des compétences en informatique et en télécommunications afin d’être en capacité d’assurer le rapatriement des données acquises par les stations de mesure et de mettre en œuvre les solutions matérielles et logicielles adaptées au stockage, à la sauvegarde, au traitement et à la diffusion des données de mesure collectées. Un réseau de mesure doit reposer sur un système d’information performant permettant de mettre à la disposition des citoyens, les données observées ainsi que les indicateurs produits.
  • Des compétences en métrologie acoustique afin d’être en mesure de vérifier au quotidien la qualité des données brutes de mesure produites et mettre en œuvre les procédures nécessaires de vérification, d’étalonnage et de maintenance des matériels.
  • Des compétences en traitement de données afin d’exploiter les données collectées par les stations et de produire des rapports d’analyse ou des études.

La gestion d’un réseau de mesure nécessite par ailleurs de travailler avec de multiples partenaires, comme les gestionnaires de transport afin de pouvoir disposer de données sur les trafics routier, ferroviaire et aérien, nécessaires à l’exploitation des mesures de bruit.

 

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