Un réseau de chaleur communal 100 % bois

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

2337 Dernière modification le 07/01/2013 - 14:32

La forêt française produit 100 000 millions de mètres cube de bois par an mais seuls 66 millions sont consommés, en bois d'oeuvre et bois-énergie.  Un tiers reste sur le terrain et devient bois mort. Dommage, car pour l'habitat, le bois est l'une des énergies de demain. 

Une étude de l'Ademe montre qu'en termes d'émission de CO2, le bois émet 40 kg de CO2 par Mwh, l'électricité, 180 kg  (grâce au nucléaire), le gaz, 222 kg et le fuel, 466 kg.

En outre, les techniques de chauffage bois ont beaucoup évolué en quelques années, et pas seulement dans les habitations. Elles permettent au bois-énergie d'intégrer les chaufferies collectives et d'atteindre une dimension industrielle. Témoin cette spectaculaire chaufferie installée il y a déjà six ans par la commune pionnière de Tramayes en Saône et Loire. « En 2006, j'ai dû prendre une grande décision : la chaufferie collective au fuel était à changer. La remplacer par à peu près la même nous coûtait 58 000 euros. Passer au bois : un million d'euros... Pour une petite commune comme la nôtre, c'était énorme ! Pourtant, on l'a fait » se souvient Michel Maya, le maire de Tramayes.


Cette commune d'un peu plus de 1 000 habitants rayonne en tant que chef-lieu de canton sur un territoire assez grand, ce qui explique qu'elle possède un hôpital (gros employeur local), une salle omnisports, une salle des fêtes,  etc. Pour le maire, la décision était d'autant plus cruciale que la chaufferie en question alimente un important réseau de chaleur : l'hôpital de 100 lits, tous les bâtiments communaux, les écoles, la bibliothèque,  la Poste et  20 logements de 85 mètres carrés chacun. « Nous sommes passés au bois pour des raisons écologiques, mais aussi économiques, sur le long terme. La suite nous a donné raison. Car en 2011, nous avons  économisé quand même 150 000 litres de fuel, soit 120 000 €. Avec le bois, la facture annuelle ne dépasse pas 50 000 €. Pour nous c'est majeur. Entre autres, cela permet aux occupants des logements de régler une facture annuelle de chauffage de 350 euros seulement. »  

Mais d'autres raisons ont poussé Tramayes à adopter ce mode de chauffage collectif, encore exceptionnel à cette échelle. Le lien avec l'économie locale, en premier lieu. Tout le bois brûlé est du bois déchiqueté, qui provient en partie des rebuts de la scierie voisine et d'entreprises de charpente...  La qualité de l''appareil également, à la fois moderne et ultra rustique, puissant et entièrement automatique.  Il possède un énorme corps de chauffe (de la hauteur d'une personne ! ) qui développe une chaleur phénoménale. Surtout, il suffit d'alimenter le silo une fois toutes les trois semaines. Cette autonomie est un atout majeur pour le chauffage bois, qui finalement, en ergonomie, n'a plus grand chose à envier au fuel ou au gaz.

Cette chaufferie est aussi en cohérence avec l'engagement environnemental de  Tramayes, tant dans la gestion de l'énergie qu'en matière d'urbanisme. Ainsi, en 2013, Tramayes devrait devenir l'une des rares communes françaises qui produisent plus d'énergies renouvelables qu'elles ne consomment d'énergie tout court. Elle a à ce titre déjà reçu le prix européen de la Ligue des énergies renouvelables. A la clé : 

  • Un éco-quartier à énergie positive de 60 logements, en construction, qui sera lui  aussi alimenté par la chaufferie bois ; 
  • Une unité de méthanisation utilisée par la communauté de communes de Mené ; 
  • L'extinction de tout éclairage public à minuit. Et l'énergie utilisée pour l'éclairage est entièrement compensée par la production des panneaux solaires ; 
  • Une station d'épuration 100 % phyto et un système de récupération de l'eau qui génère d'importantes économies.  

Après les bâtiments à énergie positive, voici que pointent les territoires producteurs nets d'énergie. De ce point de vue, Tramayes donne l'exemple. 

Source : Jean-Philippe Pié / blog.salon-ecobat.com

Legende photo : La chaudière possède un corps de chauffe de la hauteur d'une personne, qui développe une chaleur phénoménale. Il est alimenté en bois déchiqueté de provenance locale. 

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