#17 - Un démonstrateur d’économie circulaire d’envergure au sein d’un écoquartier du XXIe siècle

Rédigé par

Isabelle BOYEAU

Chargée de projets

5409 Dernière modification le 28/03/2024 - 10:40
#17 - Un démonstrateur d’économie circulaire d’envergure  au sein d’un écoquartier du XXIe siècle

L’économie circulaire s’inscrit pleinement dans la transition écologique et l’innovation, deux des piliers du plan stratégique d’Eiffage. Eiffage mène des démarches pionnières en la matière. Dans le cadre de la réalisation d’un écoquartier du XXIe siècle à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), tout un processus de déconstruction sélective de l’ancienne École Centrale a été mis en place – ce qui a permis le reconditionnement de près de 120 tonnes de matériaux et d’équipements.

L’économie circulaire renvoie à des pratiques nouvelles, souvent émergentes. L’enjeu ? Faire évoluer le système économique actuelavec, pour ligne directrice, la préservation des ressources, en réduisant la production de déchets et en visant une valorisation « matière » maximale.

Le secteur de la Construction est concerné au premier chef : il fait partie des grands consommateurs de ressources naturelles - à l’image des granulats et du sable, la deuxième ressource la plus consommée au monde après l’eau -, et des premiers producteurs de déchets - à raison, en France, de 227 millions de tonnes par an sur un montant total de déchets de 314 millions de tonnes, tous secteurs confondus. Aussi l’économie circulaire est-elle déterminante pour l’avenir sachant qu’il s’agit de favoriser la réduction des pressions tant en amont sur les matières premières qu’en aval sur la production de déchets.

Engagement stratégique

Eiffage fait partie des 33 grandes entreprises françaises membres de l’Association française des entreprises privées (Afep) qui se sont engagées dès 2017 dans une démarche volontaire au titre de l’économie circulaire.

L’économie circulaire s’inscrit pleinement dans la transition écologique et l’innovation, deux des piliers du plan stratégique d’Eiffage. Bourse d’équipements ou d’outils récupérables, déconstruction sélective, réseaux de chaleur mutualisés, recyclage de déchets inertes… : l’économie circulaire est présente dans tous les métiers du groupe et peut encore être largement développée.

Pour autant, les expérimentations à travers des pilotes demeurent nécessaires, afin de démontrer que les freins actuels à l’économie circulaire, notamment en termes d’assurances ou de normes techniques, peuvent être levés afin de poursuivre l’évolution vers ce nouveau paradigme, conformément aux ambitions françaises et européennes (70% de valorisation matière comme objectif à l’horizon 2020).

Démonstrateur d’économie circulaire

Eiffage mène des démarches pionnières en la matière. Parmi les exemples marquants figure la déconstruction sélective de l’ancienne École Centrale à Châtenay-Malabry dans les Hauts-de-Seine. Toute la chaîne de l’économie circulaire a été déployée dans le cadre de la construction de cet écoquartier du XXIe siècle, afin de maximiser le recyclage, le réemploi ou encore le reconditionnement de matériaux ou d’équipements.

Côté second œuvre, un processus de déconstruction méthodique a permis de sauvegarder le maximum de matière et de matériels. Puis, côté gros œuvre, le concassage des vieux bétons des anciens locaux de l’École Centrale a été assuré avec soin afin de maximiser leur potentiel de réemploi.

En premier lieu, un diagnostic complet des ressources réemployables a été mené avant la phase de déconstruction et a permis d’identifier le potentiel de réemploi des matériaux afin de récupérer tout ce qui pouvait l’être. Ce qui était perçu par le passé comme des déchets a été traité comme des produits d’occasion, voire des matières premières secondaires : les bâtiments à déconstruire deviennent les nouveaux gisements de ressources.

Eiffage Aménagement a ensuite organisé dès la phase de curage et de démolition la déconstruction sélective de certains bâtiments afin d’améliorer la valorisation des matériaux et produits déposés. La dépose méthodique était l’un des prérequis de l’appel d’offres. Puis l’association RéaVie, fondée par un conducteur de travaux d’Eiffage et soutenue par le Groupe, a accompagné le processus avec les démolisseurs. Des centaines de produits, équipements et matériaux ont ainsi pu être récupérés puis rassemblés sur une plateforme expérimentale de réutilisation, la plateforme Solid’R.

Ces actions ont permis de valoriser les ressources tout en réduisant les émissions carbone. Les résultats sont probants : près de 120 tonnes de matériaux et d’équipements ont été déposés de manière méthodique et récupérés.

Près de 120 tonnes de matériaux et d’équipements ont été déposés de manière méthodique et récupérés par l’association RéaVie sur le chantier du futur écoquartier LaVallée à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)

Près de 120 tonnes de matériels et d’équipements déposés de manière méthodique et récupérés :

  • 250 plaques de plâtre et des isolants,
  • 7 éviers, 25 ballons d’eau chaude, 60 lavabos,
  • 500 interrupteurs et prises électriques, 12 tableaux électriques, 200 modules de disjoncteurs, 27 climatiseurs, 100 blocs incendie, 500 lampes,
  • 350 poignées magnétiques, 150 portes de douche, 80 portes classiques,
  • 1 500 places d’amphithéâtre,
  • 2 chambres froides, 15 fours, réfrigérateurs et buffets en inox,
  • 70 m² de parquet, 5 écrans de projection, 2 buts de handball, 1 abri de vélo,
  • 1 500 m2 de dalles gravillonnées,
  • 100 mètres linéaires de structures tubulaires de fixation des luminaires et des rétroprojecteurs 

Par ailleurs, pour exploiter au mieux les ressources liées au gros œuvre, Eiffage et son partenaire scientifique l’Ifsttar ont mis en place un démonstrateur d’économie circulaire autour du béton recyclé et recarbonaté.

 

  • 90 000 tonnes de granulats concassées et réutilisées sur place
  • 30 000 m3 de terres de chantier réemployés
  • 6 000 rotations de camions et 600 tonnes d’émissions de CO2 évitées

 

Les bétons issus de la déconstruction des bâtiments ont été concassés et recyclés, l’ambition étant de les réutiliser in situ à 98 %.  Ainsi près de 90 000 tonnes de granulats ont été générés et seront réutilisés sur place – au lieu d’être évacués ou enfouis ou encore remis à des centres de gestion des déchets. De la sorte, 6 000 rotations de camions ont été évitées et, avec elles, 600 tonnes d’émissions de CO2.

Les vieux bétons seront réutilisés aux deux-tiers pour les VRD (voiries et réseaux divers) – mais devraient l’être également pour un tiers pour la construction d’un bâtiment. En effet, et pour la première fois en France, une partie des vieux bétons sera recarbonatée sous l’égide de l’Ifsttar afin de construire un immeuble de logements. Concrètement, du carbone sera injecté dans 50 tonnes de sable issues du concassage que, jusqu’ici, l’on ne parvenait pas à valoriser, et qui s’avèrent parfaitement adaptées pour une telle opération. Une Atex – autorisation technique d’expérimentation – a d’ailleurs été demandée afin de dépasser la limite règlementaire actuelle qui préconise de ne pas dépasser un taux de 30% de bétons recyclés pour le béton de construction. En l’occurrence, les chercheurs se sont fixés un objectif de 100% de bétons recyclés pour construire le nouveau bâtiment de logements.

Cette expérimentation pilote, qui se fait sous l’égide d’un comité de pilotage fort d’une vingtaine de personnes, est suivie par toute la filière. De fait, si le recyclage des bétons est déjà courant pour réaliser des sous-couches routières, il n’a jamais été mené jusqu’ici avec succès en conditions réelles, autrement dit en dehors des conditions de laboratoire, pour réaliser de nouveaux bétons de construction.  Parvenir à recarbonater de vieux bétons pour les réutiliser comme bétons de construction constituera une première européenne, voire mondiale. Le carbone ainsi piégé sera mesuré – ainsi que l’adaptabilité des granulats.Il s’agit d’un enjeu majeur vu que les carrières de granulats s’amenuisent. L’extraction du sable se fait de plus en plus au détriment des fonds marins avec de graves conséquences sur l'environnement. Des pénuries se profilent sachant qu’il faut extraire 3 000 tonnes de sable pour construire un hôpital et 30 000 tonnes pour réaliser 1 seul kilomètre d’autoroute. Aussi il est essentiel de maximiser la réutilisation des ressources déjà existantes.

 

Un article de Sophie Sanchez, Responsable Relations institutionnelles RSE

https://www.eiffage.com/

 

Consulter l'article précédent : #16 - Comment intégrer l’économie circulaire dans la programmation ?


           

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