« Transphères » : du travail au domicile, les bonnes pratiques environnementales se transfèrent

Rédigé par

IFPEB - Institut Français pour la Performance du Bâtiment

Responsable communication et relations presse

1543 Dernière modification le 14/10/2019 - 17:37
« Transphères » : du travail au domicile, les bonnes pratiques environnementales se transfèrent

« Transphères » : du travail au domicile, les bonnes pratiques environnementales se transfèrent

 

Qui sont ces personnes motrices sur le développement durable au sein des entreprises, les alliés des directions en charge de la transition ?

A partir de l’expérience de CUBE 2020, nous avons pu constater qu’il existe des collaborateurs qui cherchent à installer des pratiques pro-environnementales dans leurs espaces de travail pour être en cohérence avec les pratiques qu’ils réalisent déjà chez eux. D’un autre côté, nous avons identifié des collaborateurs s’étant engagés pour les économies d’énergie dans le cadre de CUBE qui essayaient ensuite d’appliquer leur connaissance chez eux. Dans les deux cas, ces transferts des pratiques entre domicile et travail et vice-versa sont encore souvent sous les radars.

L’évolution des comportements individuels étant indispensable pour le développement durable, nous nous sommes avons donc lancé ce projet de recherche pour comprendre dans quelles conditions ces transferts pouvaient avoir lieu et quelles étaient leurs conséquences sur les organisations et les foyers. D’une manière générale, TRANSPHERES répond aux questions suivantes : comment peut-on utiliser le potentiel des transferts comme un levier intéressant et effectif vers la transition écologique ? Comment susciter l’émergence des « transféreurs », avec quels outils ? Il s’agit d’une exploration étroitement liée à la conception de politiques publiques efficaces cherchant à susciter des changements massifs de modes de vie, de consommation et de vie professionnelle.

Schème sur le processus d’un transféreur au sein d’une organisation.

 

Nous avons étudié les transferts de pratiques entre sphère privée et professionnelle concernant les thématiques suivantes : mobilité, énergie, alimentation et déchets ; en se focalisant sur la population sédentaire du tertiaire de bureau (46% de la population nationale).

Les 4 thématiques DD traitées dans la recherche.

 

La recherche s’est divisée en deux principales parties :

1)     Étude sociologique : enquête exploratoire par des entretiens auprès de salariés « transféreurs », Ces entretiens sur les lieux de travail ont été complétés par des entretiens de contextualisation (collègues, manager, RSE…) ainsi que par la réalisation par les enquêtés eux-mêmes d’un book domestique (photos et commentaires) afin de prendre connaissance des pratiques environnementales à domicile.  Les conclusions de cette étape peuvent être consulté sur le site du sociologue Gaétan Brisepierre. Vous pouvez télécharger la synthèse et le rapport complet.

2)     Etude psychosociologique : des enquêtes auprès de centaines de salariés de diverses organisation ainsi que l’organisation de « journées-tests » dans des entreprises pour permettre aux salariés d’apprendre de nouvelles connaissances, expérimenter de nouveaux gestes et s’engager à faire du covoiturage, économiser l’énergie ou mieux trier ses déchets.

 

La recherche étant toujours en cours, trois grands enseignements clés peuvent déjà être partagés :

1)         Le transfert de pratiques environnementales du domicile vers le travail repose sur la figure du salarié « transféreur ». Son action renvoie à des motivations écologiques mais plus généralement à une recherche de sens au travail. Le processus d’un transféreur s’appuie sur un groupe de salariés qui agit de façon informelle en faveur de la généralisation des pratiques environnementales, mais leurs actions butent sur l’absence de reconnaissance par l‘organisation. Ce phénomène invite les RSE à adopter une nouvelle posture de « coach », et l’ADEME à considérer les transféreurs comme une cible potentielle de ses actions pour la prise en compte des questions environnementales au sein des organisations (espace professionnelle) mais aussi au sein des foyers.

2)         A partir des expérimentations, nous avons établi que trois éléments sont nécessaires et suffisants pour que le transfert s’effectue d’une sphère de vie à une autre : la perception d’une similarité des sphères de vie (moyens techniques, financiers, normes, etc.) ; un sentiment de contrôle sur les comportements ; le fait que les comportements pro-environnementaux soient importants pour définir l’identité des personnes. 

3)         Sur les conclusions pour l’action : les directions RSE ou « développement durable » peuvent appliquer l’idée de transferts pour faire avancer leur engagement environnemental. En effet, les personnes en charge de programmes de transition au sein de différentes organisations font face à des difficultés pour trouver des « alliés » dans leur structure, ces collègues moteurs pour le « DD ». De l’autre côté, il y a des collaborateurs qui cherchent à installer des pratiques pro-environnementales dans leurs espaces de travail et qui ne trouvent pas toujours le soutien pour cela. Identifier et comprendre les « transféreurs » permet de favoriser ces échanges et démultiplier leur rôle pour la transition écologique.

 

Coordonné par l’IFPEB et financé par l’ADEME, les partenaires suivants ont participé au projet : 

-        Delphine LABBOUZ, Docteure en Psychologie Sociale, indépendante, chercheuse associée au LAPPS, Université Paris Nanterre, post-doctorante au laboratoire CHROME, Université de Nîmes

-        Laboratoire EPSYLON – laboratoire Universitaire en Sciences Humaines – Université Paul Valéry, Montpellier 3

-        Gaëtan BRISEPIERRE, sociologue, Bureau d’étude sociologique GBS

 

Les conclusions finales de la recherche seront publiées début 2020.

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