Rénovation énergétique : le conseil personnalisé aux usagers est la clé de réussite

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CLER La rédaction

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962 Dernière modification le 19/03/2018 - 10:50
Rénovation énergétique : le conseil personnalisé aux usagers est la clé de réussite

Accompagner les particuliers qui souhaitent effectuer des travaux de rénovation énergétique dans leur logement, quels que soient leurs revenus : voilà une vraie mission de service public ! Prévu par la loi, il devrait permettre à la fois de lutter contre la précarité énergétique mais aussi d'en finir avec les déperditions thermiques des logements "passoires" qui accentuent le réchauffement climatique. Au centre d'un tel dispositif, le rôle crucial du conseiller de terrain, expert indépendant et disponible pour les usagers, doit être mieux considéré et renforcé.

La rénovation énergétique, tout le monde à quelque chose à y gagner : les citoyens mieux logés qui économisent sur leurs factures, les pouvoirs publics qui parviennent, à travers ces économies d’énergie, à réduire les dépenses de santé nationales consécutives aux maladies liées à la précarité énergétique, et les filières du bâtiment qui gagnent des emplois et de l’activité.

Depuis 2015, le principe d’un service public pour la performance énergétique de l’habitat a une existence concrète dans la loi de transition énergétique et devra être orchestré par la Région en tant que chef de file de la politique énergie climat. Le gouvernement doit  maintenant le mettre en œuvre et lui apporter efficacité et notoriété afin que tous les publics – familles précaires, locataires ou propriétaires – puissent y accéder et en bénéficier.

Seulement 500 salariés en France

Car il y a urgence : aujourd’hui près de 12 millions de Français vivent dans un logement mal isolé, demain ils seront plus nombreux encore, en raison de la mauvaise qualité thermique du parc immobilier, accentuée par l’augmentation du prix de l’énergie. Chaque ménage devrait être conseillé et accompagné pour améliorer l’état de son logement et ses conditions de vie en comprenant bien chaque étape du parcours. Comment les y aider ? Grâce à des conseils personnalisés pour expliquer les systèmes de soutien financier auxquels ils ont droit, les complexités techniques de leur futur chantier, et bénéficier d’une mise en relation avec les artisans de confiance qui réaliseront des travaux de qualité.

Il y a encore beaucoup à faire pour structurer un tel service au public : « Il existe en France un déficit d’accompagnement des ménages qui entreprennent l’isolation de leur logement. Depuis le début des années 2000, le dispositif de conseil ‘Info Energie’ a été créé en ce sens et il fonctionne dans de nombreuses régions. Mais il compte 500 salariés pour l’ensemble du territoire, quand il en faudrait le triple », observe Marc Jedliczka, vice-président du CLER – Réseau pour la transition énergétique.

« Cet accompagnement a déjà prouvé son efficacité et pourrait être financé en France par une partie de la contribution énergie-climat »

Ainsi, les Espaces Info Énergie et Plateformes territoriales de la rénovation énergétique représentent déjà les deux briques complémentaires à la mise en œuvre du service public de la performance énergétique de l’habitat. Le travail de ces structures, associations de personnes physiques ou morales et collectivités – qui portent un espace Info Energie – doit être encouragé, renforcé et structuré à l’échelle d’un territoire. En plus d’accompagner la montée en compétences des professionnels et de mobiliser le secteur bancaire, elles doivent se recentrer sur l’accompagnement des ménages tout au long de leur projet de rénovation.

Indépendance et neutralité

Pour le CLER – Réseau pour la transition énergétique, la délivrance d’un conseil personnalisé est précisément la clé de réussite car il permet aux particuliers de passer à l’action et d’enclencher les premières étapes de leur chantier. Ce métier constitue le pilier fondamental à l’édification d’un véritable service public de la rénovation énergétique. Leur expérience doit être mise à profit et valorisée. En particulier leur posture d’indépendance vis à vis des fournisseurs d’énergie ou des acteurs privés : ces professionnels se réunissent autour d’une charte de qualité qui décrit les conditions de leur neutralité. Une telle charte doit sans doute être étendue à tous les acteurs professionnels de ce futur service.

Alors recrutons ! Nous estimons qu’un conseiller pour 50 000 habitants est un minimum pour déployer ce service public de façon efficace dans un premier temps (soit 1340 conseillers en 2018). Evidemment, de telles ressources humaines ont un coût : 87 millions d’euros d’investissement seraient nécessaires à l’embauche de ces conseillers selon nos calculs. Une dépense difficile pour les collectivités locales, comme la Région, dont la situation économique est déjà fragile : « Ces méthodes d’accompagnement ont déjà prouvé leur efficacité, insiste pourtant Marc Jedliczka. Elles pourraient être financées en France par une partie de la contribution énergie, la taxe carbone prélevée sur la consommation d’énergie fossile. »

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