Qualité de l’air intérieur: Comment faire rimer ventilation et modulation?

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

1758 Dernière modification le 21/02/2014 - 08:57

En trente ans, à l’intérieur des habitations, les modes de vie ont beaucoup évolué. Par exemple, la densité d’occupation des logements a augmenté, le mode et le rythme d’utilisation de l’eau chaude sont différents.

Or, dans le résidentiel, la réglementation n’a pas changé – à la différence du secteur tertiaire et des établissements recevant du public. Et alors que cinq réglementations thermiques se sont succédé en trois décennies, la qualité de l’air intérieur des habitations reste normée par l’arrêté du 24 mars 1982. Obsolète aujourd’hui. Son principal défaut ? Selon Christian Cardonnel, président du bureau d’études thermiques Cardonnel Ingénierie, « les débits d’air, les hygrométries et les normes de pollution prévus par cet arrêté ne correspondent plus aux besoins réels. Une illustration : dans les salles de bain, la douche a remplacé le bain et génère beaucoup plus de vapeur d’eau. »

Vieillot, cet arrêté est également incomplet, notamment dans le contrôle de la qualité de l’air intérieur (CO2, COV, particules fines,…), la seule mesure de l’humidité n’est plus suffisante. Or, dans les pièces de vie, comme le salon, les concentrations de CO2 peuvent atteindre des sommets, jusqu’à 6 000 ppm lors d’un repas de famille… contre un peu moins de 400 ppm dans l’atmosphère. Dans une chambre, un niveau de 1 500 ppm est facilement dépassé.

La première solution que préconise Christian Cardonnel tombe sous le sens : entretenir les circuits de renouvellement d’air qui au fil du temps - un million de mètres cubes d’air entrent et sortent d’une maison en une année - se dégradent, se bouchent et deviennent contre-productifs. La seconde ? Moduler les débits en fonction des usages. « On peut bien sûr le faire de façon manuelle, mais ce n’est pas très pratique. Aujourd’hui, il est possible d’installer des sondes aux endroits stratégiques, reliées à la box et à internet, capables de commander directement les entrées d’air neuf, pour moins de 300 euros. »

Certains systèmes savent tenir compte des conditions météo ou des densités de polluants à l’extérieur. Ainsi, à mi-saison, le rythme du renouvellement d’air peut augmenter, pour profiter d’une température extérieure confortable. A l’inverse, en cas de pic de pollution, ce rythme peut baisser fortement pendant quelques heures.

L’hiver, ce principe de modulation en fonction des besoins réels peut et doit s’articuler avec les stratégies d’économies d’énergie – c’est particulièrement vrai dans le cadre d’une VMC double flux - ce qui suppose un arbitrage entre les températures, les hygrométries, les taux de CO2. Cet arbitrage peut être automatisé lui aussi, via des logiciels dédiés. L’été, les normes de confort prennent le relais, en privilégiant un renouvellement d’air nocturne. On le voit, cette modulation suppose de tenir compte de variantes multiples. Pas si simple… D’autant qu’il faut tenir compte des caractéristiques du bâtiment, car on ne ventile pas de la même façon un bâtiment ancien et une maison neuve.

Bonne nouvelle, la question sera traitée en profondeur lors du prochain salon Ecobat, à l’occasion d’une table-ronde de deux heures le 20 mars après midi, en compagnie d’utilisateurs, de fabricants, d’installateurs, invités par Cardonnel Ingénierie. Ce sera aussi et peut-être surtout l’occasion d’examiner à la loupe les équipements disponibles, depuis les systèmes de ventilation simple et double flux aux puits canadiens et fenêtres dites dynamiques en passant par le concept de l’hygro-confort. Ce sera le moment d’étudier de près leur adéquation aux besoins réels des habitants -nous passons désormais 90 % de notre temps dans des espaces confinés - et aux exigences de leurs habitations.

Jean-Philippe Pié pour Ecobat

Légende photo : Les stations météo reliées à la box et à internet permettent de commander les entrées d’air neuf.

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