Pourquoi étudier la flexibilité énergétique des bâtiments?

2649 Dernière modification le 07/06/2016 - 11:53
Pourquoi étudier la flexibilité énergétique des bâtiments?

QU’EST-CE QUE C’EST ? EST-CE UTILE DE S’Y PRÉPARER ?

« Ce lundi matin de février 2023, un grand bâtiment emblématique, siège d’une entreprise connue, accueille les 1500 collaborateurs qui y démarrent leur journée, venant s’y réchauffer dans cette journée d’hiver fraîche et ensoleillée.

Sans qu’ils s’en soient rendus compte, le bâtiment a été chargé en énergie entre 3h et 7h du matin et la production de chaleur est suspendue pendant toute la seconde partie de matinée. Cette dernière est relancée l’après-midi, profitant de la forte proportion d’énergie solaire captée l’après-midi par les panneaux photovoltaïques sur le toit (auto-consommés), mais profitant également de l’abondance d’énergie renouvelable sur le réseau électrique national : en ce jour ensoleillé et froid les 12 Gigawatts de puissance photovoltaïque installés en France travaillent à plein régime. Ce grand bâtiment, en contribuant à absorber cette importante production, participe à la résilience du réseau électrique global en augmentant sa capacité à accueillir les énergies renouvelables, par nature intermittentes.

Une semaine auparavant, la surabondance d’énergie éolienne en France avait été une aubaine pour le siège, qui avait été « rechargé » thermiquement le week-end avec une électricité très renouvelable et très bon marché, pour démarrer le lundi matin en très basse consommation.

Serge X, responsable des services généraux, est content : cette « modulation » des besoins du bâtiment lui ont permis de signer un contrat de « flexibilité-fourniture » avec son fournisseur, lui assurant une énergie 20% moins chère que la moyenne et très peu carbonée. Depuis, le bilan carbone de l’entreprise est encore meilleur. Pour le rendre opérationnel, il a mis en place avec son exploitant et son fournisseur un « plan d’optimisation dynamique. »

Les utilisateurs du site ne s’en rendent pas compte et c’est heureux. Ils remarquent parfois qu’un éclairage architectural n’est pas allumé, qu’un écran d’ascenseur est éteint. Ils savent surtout qu’ils sont dans un bâtiment extrêmement vertueux, labellisé avec une certaine modernité sur les systèmes énergétiques. La qualité de l’air intérieure est excellente (meilleure qu’à l’extérieur, on est en région parisienne !) et surtout la qualité des ambiances est formidable. L’important : on y travaille bien. »

CE BÂTIMENT EN 2023, IL N’EST PAS IMPOSSIBLE QUE VOUS SOYEZ BIENTÔT OU DÉJÀ EN TRAIN DE L’ÉTUDIER.

C’est peut-être un permis de construire que vous déposerez bientôt. Le reste n’est pas de la science-fiction. La transition énergétique est en marche : le bilan des raccordements des énergies renouvelables en France et en Europe est juste impressionnant : et d’ici 2030 entre 12 à 24 GW de photovoltaïque et 22 à 37 GW d’éolien seront raccordés sur le réseau national. Le facteur limitant à davantage ? La capacité du réseau électrique à absorber les pics et les creux de cette production renouvelable.

Or le bâtiment est un gros stock d’énergie thermique. De plus, il embarque également de nombreux usages électriques dont l’intermittence peut être gérée de manière intéressante. Le bâtiment tertiaire peut donc jouer ce jeu de « pilotage intelligent de son appel de puissance » sur le réseau. Il est aujourd’hui étudié comme un des « gisements de flexibilité » à mobiliser en priorité.

Actuellement, une demi-douzaine de démonstrateurs « smartgrids » contribuent à mieux comprendre la mobilisation de la flexibilité des bâtiments. Au titre d’ISSY GRID, la tour Séquana (ACCOR HOTELS) a vu sa production de froid déconnectée une heure, pour une baisse de puissance de 450 kW. Personne à bord ne s’en est rendu compte. SMART ELECTRIC LYON livrera une information sur la flexibilité d’une quarantaine de bâtiments tertiaire.

La transition énergétique est en marche, et le temps de l’énergie et du bâtiment sont des temps longs : il est urgent d’avoir une idée des dispositions à mettre en place, de manière opérationnelle, pour ne pas produire des bâtiments bientôt obsolètes. Pour cela rejoignez-nous dans l’expérimentation sur le potentiel de flexibilité des bâtiments tertiaires actuels décrite sur ce lien.


A retenir
 
Qu’est-ce que la flexibilité énergétique du bâtiment ?
Une capacité à moduler son appel de puissance en fonction d’un signal du réseau ou de son fournisseur.
 
Est-ce compliqué à la mettre en œuvre ?
Non, car les bâtiments tertiaires d’importance ont déjà une gestion technique et un pilotage, tant sur le plan matériel qu’humain. Mais il faut le prévoir / concevoir comme tel, sans grand surcoût.
 
Est-ce que je dois prévoir des moyens de stockage ?
De manière native, il y a déjà un certain degré de flexibilité. Il faut davantage prévoir des mesures conservatoires permettant au bâtiment d’être opéré de manière flexible (disposition de la GTB, locaux techniques, inertie, etc.)
 
Pour quand le modèle économique ?
Les fournisseurs d’énergie travaillent sur ces offres, au titre du marché de capacité, ou bien des agrégateurs alternatifs se mettront en place pour offrir un service complémentaire. Les travaux de l’IFPEB se base sur des données quasiment « pré tarifaires » par collaboration avec les fournisseurs d’énergie et le Réseau de Transport d’Electricité.

Toute l’information sur ce lien. Pour rejoindre l'expérimentation, contactez-nous sur [email protected].

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