[Livre blanc R-evolution] Penser l'enveloppe de manière globale et dans son environnement

Rédigé par

Magali HOULLIER

Responsable communication

891 Dernière modification le 15/06/2020 - 10:00
[Livre blanc R-evolution] Penser l'enveloppe de manière globale et dans son environnement

« La sectorisation par lots telle qu’on la connait aujourd’hui a ses avantages et ses inconvénients ; en sectorisant, on va aller chercher le meilleur de chacun. A l’inverse, le risque est que chacun aille chercher le meilleur de sa performance sans la penser de manière globale »

Ewen TANNEAU, Directeur Technique COVERIS

Ewen TANNEAU, Directeur Technique chez COVERIS, souligne le besoin d’avoir une une approche globale du bâtiment : en cherchant la performance d’une de ses fonctions on risque d’en altérer une autre. Un bâtiment trop étanche risquera par exemple de présenter des défauts de ventilation si les deux n’ont pas été pensés conjointement. COVERIS, dont le cœur de métier est de traduire des concepts en technologies concrètes, milite pour une coordination en maitrise d’ouvrage afin de générer une bonne entente des corps de métier, de leurs objectifs, et une intégration le plus en amont possible, lors des phases de conception et de pilotage du projet.

Dans cette même approche holistique du bâtiment, le Collectif [encore] propose de considérer l’architecture comme partie intégrante du paysage. Combinant architectes et paysagistes, les membres du collectif expérimentent sur des projets d’habitat afin de concevoir des espaces plus ouverts et moins formatés. En dénonçant les tendances des architectes à considérer la façade d’un bâtiment comme une limite entre intérieur et extérieur, ils s’interrogent sur la fonction recherchée de l’enveloppe du bâtiment, et non pas sur son esthétisme et son apparence.

« C’est comme de ne parler que de la fleur de l’arbre : on détache la fleur, on ne parle pas de la feuille, des branches, du tronc, des racines, de la terre, des vers de terre et surtout, le plus important, de l’air qu’il nous donne »

Anna CHAVEPAYRE, Architecte et co-fondatrice du Collectif [encore]

Co-fondatrice du Collectif [encore], Anna CHAVEPAYRE a réhabilité une ancienne ferme, une eskatz, située à la frontière du Pays Basque et du Béarn, en optant pour une intervention minimaliste, respectueuse de son architecture vernaculaire. L’espace central de l’eskatz, qu’elle a baptisée HOURRE, généralement sombre et humide, a surpris lors de sa première visite ; comme transformé en forêt, ce qui aurait dû être une passoire énergétique prodiguait une ambiance chaleureuse, notamment grâce aux ouvertures créées de manière intentionnelles ou par effondrement au cours du temps.

« [...] voir la façade, non comme une limite, mais comme un liant entre l’intérieur et l’extérieur »

En acceptant les contraintes imposées par le paysage et par l’histoire de la ferme, les percées ont été valorisées et les espaces intermédiaires travaillés pour brouiller la délimitation entre intérieur et extérieur.

« Le danger de travailler hors-site, c’est d’oublier que le bâtiment est le site »

Eté comme hiver, le confort se fait par inertie, ventilation naturelle, rayonnement solaire naturel... une performance lente, suffisante, qui ne demande que peu d’énergie, en profitant de l’éco-service que procure le site. En France, sa réalisation surprend par sa grande fraîcheur : grâce à l’inertie, le bâtiment s’auto-régule en cas de forte chaleur sans l’assistance de systèmes rapportés, consommateur sd’énergie.

« Peut-être que la performance c’est aussi de ne pas avoir toujours le même climat ? De se soumettre au froid en hiver, au chaud en été »

Sébastien DUPRAT

HOURRE, avant/après

#Vers des bâtiments trop performants ?

« A chercher trop de performance on passe à côté de l’essentiel, on rate ce que l’environnement a à nous apporter et ce que le climat fait déjà pour nous »

Anna CHAVEPAYRE

Veut-on trop améliorer des performances distinctes du bâtiment avant de considérer son fonctionnement global et son intégration dans son environnement ? Aujourd’hui, les systèmes du bâtiment sont multi-complexes et multi- paramètres et la tendance est à l’amélioration d’une performance précise (isolation, facteur solaire, ventilation etc.). La recherche de performance de l’enveloppe se fait alors par accumulation successive et non de manière dynamique et globale.

Bien qu’il ait été montré que la variation d’ambiance induit une meilleure productivité dans les bâtiments tertiaires, on observe souvent des espaces de vie et de travail aseptisés, avec un confort standard uniforme proche des 22°C et des 600 lux en toutes circonstances, quelle que soit la période de l’année ou le climat extérieur. Ces critères de régulation sont généralement pilotés par GTCqui, dans certains bureaux, commanderont l’ambiance lumineuse intérieure et baisseront les stores en fonction de l’apparition du soleil. Ces situations d’inconfort, générées par la technologies, sont finalement créées par une compréhension trop simpliste du bâtiment, qui fait parfois passer des modèles d’occupation avant le confort même des occupants. On croisera souvent, dans les bâtiments de bureau récents, des locaux munis de rétroprojecteurs dont les stores s’abaissent automatiquement à l’ouverture de la salle, et ce en pleine journée.

Anne CHAVEPAYRE, Collectif [encore]

Si une réunion avait lieu dans ce local, les usagers seraient contraints d’allumer la lumière.
Il semble donc indispensable pour les concepteurs de laisser la place à l’imprévu et aux potentiels usages alternatifs dans le paramétrage du bâtiment.

« Il n’y a rien de plus bête qu’un bâtiment intelligent »

Ces imprévus et changements d’usages ne sont donc pas la cause immédiate d’une performance inadaptée et non conforme aux attentes. Briser le clivage actuel des corps de métiers (BE, AMO, AMOE) et combiner leurs compétences faciliteraient sans doute l’anticipation des potentiels futurs besoins du bâtiment, dans un environnement changeant. On ne chercherait non pas la performance immédiate du bâtiment (ou ultra-performance), mais une optimisation de ses fonctions et de son devenir.

Chapitre 1 :

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