[Livre blanc R-evolution] L'enveloppe comme lieu d'expérimentation pour l'optimisation énergétique - Paradigme ou retour aux sources ?

Rédigé par

Magali HOULLIER

Responsable communication

1083 Dernière modification le 11/06/2020 - 12:00
[Livre blanc R-evolution] L'enveloppe comme lieu d'expérimentation pour l'optimisation énergétique - Paradigme ou retour aux sources ?

Si le bâtiment représente 75% des déchets produits chaque année en France (réhabilitation, destruction, vie successive du bâtiment), l’enjeu aujourd’hui est de le penser de façon holistique : réfléchir dès la conception à la démolition ou aux prochains usages.

« Les collectivités changent de plus en plus les usages de leurs bâtiments... et sont limitées par leur façade qui est parfois statique »

Arnaud BOUSQUET, Directeur chez MATERIAUPOLE

MATERIAUPOLE est un cluster des matériaux et procédés en Ile de France qui regroupe 90 adhérents. Ces diverses structures (PME, start- ups, laboratoires de recherches ou collectivités territoriales) se retrouvent parfois limitées par la façade dont la fonction n’a pas été pensée de manière évolutive. Certains adhérents proposent donc des systèmes capables d’évoluer dans le temps et de s’adapter aux futurs usages : murs capteurs, murs passifs, ou encore systèmes de façades démontables ou extensions rapides.

 

« Le lien entre tous nos adhérents (BTP, aéronautique, biotechnologies, design, ébénisterie..), c’est qu’ils travaillent les matières et les matériaux innovants »

Si ces divers domaines de compétences poussent à l’expérimentation pour la recherche de performance énergétique et l’adaptabilité des façades, on remarque finalement une logique de standardisation dans le milieu du bâtiment.

Les applications aujourd’hui, quel que soit le climat, sont morphologiquement très proches les unes des autres ; de Dubaï à Kuala Lumpur, de Paris la Défense à Johannesburg... les rapports de forme des bâtiments montrent une volonté de contrôle des dépenses énergétiques en début de phases de conception par l’intermédiaire de GTB (Gestion Technique du Bâtiment), d’outils de contrôle et d’asservissement.

« Actuellement, dans le processus de fabrication d’un projet architectural, tout ce qui concerne le conditionnement des ambiances - froides ou chaudes - est pris en compte en fin de phase conception »

Christophe MÉNÉZO, professeur à l’USMB/INES, Directeur de CNRS FedESOL

A force de chercher la performance dans la complexité, on en oublierait presque l’art de concevoir efficacement, qui n’est ni plus ni moins que la capacité à prendre en compte parallèlement l’évolution du climat extérieur et les besoins intérieurs. Finalement, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui la conception bioclimatique, mais qui s’inspire en réalité de méthodes de construction anciennes qui en plus de s’adapter à leur environnement savaient en tirer parti.

Au Ve siècle avant J.C., Socrate référencait déjà les bâtiments typiques grecs grâce à leur système de casquette conçu en fonction de la course dusoleil : elles leur permettaient de bénéficier des gains solaires l’hiver et de s’en protéger en été.

« Au Mali, vous trouverez dans les constructions un système de rafraîchissement par évaporation ; la nuit, les lainages qui sont au-dessus de l’habitation sont arrosés et puis dans la journée l’évaporation génère un air plus frais, plus dense, qui tombe au niveau de l’habitat. Voilà des concepts « low tech » qui ont montré leur efficacité »

Autre exemple, chez les Romains : l’Heliocaminus, qui fait bénéficier en période hivernale d’une capacité de stockage d’énergie solaire à travers un revêtement Mica réfléchissant le rayonnement solaire sur tout l’intérieur de la construction. L’été, le bâtiment pouvait être rafraichi par de l’air frais provenant du sous-sol par un effet cheminée.

Ces exemples low-tech, basés sur des phénomènes naturels se sont perdus après la révolution industrielle, qui a contribué à l’émergence des systèmes énergétiques de contrôle rapide des ambiances, mais qui consomment eux-mêmes de l’énergie.

« Jusqu’à récemment, la façade était un particularisme territorial [...] et il est vrai qu’aujourd’hui on retrouve une forme de standardisation architecturale »

Sébastien DUPRAT, Directeur chez EGIS CONSEIL - Directeur général de CYCLE UP.

 Heliocaminus di Terme Villa Hadriana

Face aux challenges actuels, à quel point doit-on être homogènes dans nos réponses architecturales ? Le low-tech de la conception bioclimatique peut-il retrouver sa place, quand le high-tech pour la façade cherche aujourd’hui l’ultra-performance ? La recherche de performance énergétique et l’augmentation des exigences environnementales ont conduit à une ségrégation des corps de métiers, qui se traduit parfois par la complexité des systèmes communément qualifiés de high tech. La quête de l’ultra performance à travers la politique du « chacun pour soi » est-elle remise en cause?Le rapprochement des acteurs techniques de la conception est-il un moyen de retrouver simplicité et efficacité dans nos projets ? Quelles solutions pour la recherche d’un compromis entre performance et simplicité ?

 

Photo : Arnaud BOUSQUET - MATERIAUPOLE

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