"Nos villes intelligentes et écoquartiers sont fabriqués en Chine", G.Pitron

1828 Dernière modification le 20/02/2018 - 11:00

ENTRETIEN. Dans une enquête-choc sur le marché des métaux rares, le journaliste Guillaume Pitron déconstruit plusieurs "mythes" concernant la transition énergétique et écologique. Celle-ci ne serait pas aussi verte que l'on pourrait l'imaginer. Interview.

Et si la transition énergétique et numérique était une gigantesque opération de green-washing ? Dans un livre remarqué, intitulé La Guerre des métaux rares (éditions Les liens qui libèrent), le journaliste Guillaume Pitron révèle, en quelque sorte, la face cachée de ce que nous qualifions de « développement durable ». Au cœur du non-dit : le marché des métaux rares, dont les nouvelles technologies (voitures électriques, téléphones portables, objets connectés…) sont extrêmement friandes, majoritairement contrôlé par la Chine.

Batiactu : Que reprochez-vous au modèle de la transition énergétique tel qu'il nous est présenté ?

Guillaume Pitron : Cette transition a été pensée de manière hors-sol. Avant même d'envisager les dimensions politique, économique et technologique de cette transition, il faut penser à ce qu'il y a au départ : de la matière. Où est-ce qu'on va la chercher ? A partir du moment où vous cherchez la réponse à cette question, toutes les constructions intellectuelles de la transition énergétique s'effondrent. Car toute matière procède d'une mine, nous l'avons complètement oublié. Les métaux rares, matière première indispensable à la transition énergétique, viennent de mines dont la grande majorité sont situées en Chine. Or, l'industrie minière est l'un des secteurs les plus polluants au monde, et le coût écologique de l'acheminement de ces métaux est immense. Ainsi, parler de transition énergétique est, au mieux, très naïf. Nous avons perdu la culture de la matière, nous considérons que nous ne dépendons plus d'elle. C'est ce que j'appelle l'effet Monoprix : vous avez l'illusion de croire que vous disposez de tout, à volonté. Nous sommes passés, en deux générations, d'une ère de privation à une ère d'abondance. Ce que je propose de faire, c'est de nous reconnecter aux enjeux bruts, et de retourner les cartes de cette transition écologique  (...) Lire plus

 Guillaume Pitron, journaliste © Agence Anne & Arnaud

Article publié sur Batiactu
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