Matériaux : Le revêtement en chutes d'étiquettes

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

1269 Dernière modification le 25/10/2012 - 16:02

L'écologie industrielle, ce n'est plus un oxymore… 

Dans pratiquement tous les aspects de la vie quotidienne, des produits  « alternatifs » émergent qui permettent d'épargner les  matières premières. 

 

C'est particulièrement vrai du côté des matériaux de construction. Par exemple, comment fabriquer des revêtements de sols extérieurs, trottoirs de voiries, terrasses, ayant la même résistance et facilité de pose que les équipements existants sans faire appel au béton, aux pavés, au bitume ?  

Le papetier finlandais UPM a trouvé une réponse.  Ce groupe est le premier fabricant mondial de papier magazine, deuxième fabricant d'étiquettes et le troisième de papier journal.  Il produit d'énormes quantités d'étiquettes adhésives, utilisées pour les bouteilles par exemple et dont la découpe génère de colossaux volumes de chutes : plusieurs milliers de tonnes qui représentent la charge de 800 camions par an.

Ces déchets de papier et colle ont longtemps été incinérés ou enfouis.  Un procédé breveté permet  aujourd'hui de les transformer en lames pour trottoirs ou terrasses,  destinées aux collectivités (écoles, hôpitaux, voiries...) ou aux particuliers.  Il utilise les fibres de cellulose et les polymères plastiques des étiquettes pour produire un matériau composite dur comme le béton et aussi léger que le bois. Le liant est un polypropylène qui ne dégage pas de produit toxique comme le fait le PVC par exemple. Il est en ce moment l'objet de travaux de recherches pour qu'il soit lui-même issu du recyclage . « L'objectif pour les trois prochaines années est d'arriver à un produit issu à 95 % du recyclage » explique Michel Regairaz responsable Europe de l'Ouest d'UPM. 

Les qualités de cette solution intéressent beaucoup les collectivités : le revêtement ne nécessite aucun traitement à la fabrication où à l'utilisation, il ne grisaille pas au fil du temps,  il est totalement étanche aux tâches, il ne chauffe pas l'été comme la pierre, il est léger et facile à poser et enfin il ne contribue pas à la déforestation. 

10 kg de déchets de complexes adhésifs  équivalent à 1 m² de lames et évitent le rejet de 18,4 kg de CO2 lors de l'incinération. 

« Dans les lieux publics où l'on veut une ambiance agréable , places, cours d'école, préaux, trottoirs d'abri bus..., cette matière apporte un vrai plus à un prix convaincant » précise Michel Regairaz. En l'occurrence 75 euros le mètre carrés. Ce matériau a remporté le prix américain Green Good Design et celui du Best Innovator en Allemagne en 2010. Il a déjà trouvé de nombreuses applications :   terrasses de restaurants à Rennes, abris bus dans le Calvados, cours d’école et parvis de stade de rugby dans la région lyonnaise, logements d’urgence au Japon suite à Fukushima, immeuble high tech à New-York, bords de piscine en Autriche...

Jean-Philippe Pié - Ecobat infos - article http://blog.salon-ecobat.com/materiaux-le-revetement-en-chutes-detiquettes

Legende photo : Le gisement de cette matière « première secondaire » que sont les chutes d'étiquettes adhésives est suffisant pour permettre de couvrir chaque année 5 million de mètres linéaires. 

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