L'hôtel La Régate perd des kilowatts et gagne des clients

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

1167 Dernière modification le 21/02/2013 - 11:22

Plus de 17 000 établissements et 14 millions de nuitées chaque année :  le secteur hôtelier représente un enjeu essentiel dans la démarche nationale d'amélioration de l'efficacité énergétique. Avec une double préoccupation : réduire la consommation d'énergie, mais pas la qualité de l'accueil. Un exercice plus facile à décrire qu'à pratiquer. Des centaines d'hôtels se sont lancés dans cette aventure mais certains vont plus vite et plus loin que les autres. C'est le cas d'un établissement nantais, baptisé La Régate et membre de la coopérative internationale Best Western. Ce trois étoiles de 42 chambres (de 79 à 170 euros) ouvert en 2009 et confortablement installé sur les bords de la rivière Erdre, un site classé,  se caractérise par une démarche environnementale pensée dès la conception et appliquée ensuite à l'ensemble de la gestion. En commençant par le chauffage, 100 % géothermique.

« Onze puits artésiens de 100 mètres de profondeur ont été creusés. En remonte un fluide réchauffé qui rejoint une pompe à chaleur. L'ensemble chauffe nos 1 750 mètres carrés, sans aucun apport supplémentaire » explique Samuel Oziel, directeur de l'établissement. Les clients peuvent régler la température entre 21 et 24 °C. Le dispositif sert aussi de source de rafraîchissement l'été, avec une différence de 6 à 7 degrés par rapport à l'extérieur.

Classé THPE, bénéficiant d'une sur-isolation (béton matricé bambou), doté d'une ventilation double flux pour les partie communes, l'hôtel affiche une performance à 120 Kwh/m2/an. Ce qui paraît élevé aujourd'hui mais est à comparer aux consommations classiques dans l'hôtellerie, qui dépassent allègrement les 250 kwh/m2/an.  En outre, La Régate propose à ses clients un jacuzzi extérieur, chauffé électriquement, ce qui n'améliore pas sa moyenne...

Côté eau chaude, le plus intéressant est plutôt à chercher sur les toits. On y trouve 12 panneaux solaires thermiques qui ont fourni l'année dernière 43 % de la consommation totale d'eau chaude sanitaire. Et quelques 900 mètres carrés de toiture végétalisée, à la fois isolants, étanches, esthétiques et anti-ruissellement. 

Ces équipements très innovants il y a cinq ans n'ont pas entraîné de dépenses somptuaires.  « Ils représentaient un surcoût de 12 %, qui devait être amorti en 6 à 7 ans. En réalité, les économies d'énergie ont déjà compensé la différence initiale » précise Samuel Oziel.

Mais ce directeur et son équipe de onze collaborateurs sont attentifs à bien d'autres postes, en particulier à la consommation d'eau. Laquelle diminue au fil des ans ; elle est passée de 170 litres par nuit et par client en 2011 à 155 en l'année dernière. A l'origine de ce progrès, un changement de robinetterie mais aussi et surtout, des clients plus motivés, plus attentifs. « Un hôtel est une énorme machine à laver ! Changer le linge un peu moins souvent, en accord avec le client, se traduit par des économies d'eau considérables. En outre, la société prestataire est elle-même engagée dans une démarche d'économie, avec recyclage multiple des eaux de lavage » explique Samuel Oziel. 

Dernier aspect et non des moindres, le petit-déjeuner, composé le plus souvent possible  de produits locaux (fromages, confitures, miel, jus de fruits...) présentés en vrac, les emballages individuels étant déclarés indésirables. « En la matière, nous avons gagné sur tous les tableaux : les clients se régalent, les producteurs de la région travaillent, les déchets sont beaucoup moins nombreux et nous faisons des économies ».

L'ensemble de la démarche permet à La Régate d'obtenir l'écolabel européen décerné par l'Afnor mais aussi de se lancer dans l'affichage environnemental, une démarche encore innovante, menée à Nantes par plusieurs hôtels et accompagnée par le cabinet d'expertise Evea.  Et surtout, de séduire les clients, de plus en plus nombreux selon Samuel Oziel, qui intègrent les caractéristiques environnementales dans leurs critères de choix. 

Jean-Philippe Pié - http://blog.salon-ecobat.com/lhotel-la-regate-perd-des-kilowatts-et-gagne 

Leg photo : 900 mètres carrés de toiture sont végétalisés. 

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