[Building Beyond 2020] De quels métiers les villes et les territoires de demain seront-ils faits ?

Rédigé par

Leonard / Matthieu Lerondeau

Head of Communications & Communities, Leonard

917 Dernière modification le 13/08/2020 - 17:55
[Building Beyond 2020] De quels métiers les villes et les territoires de demain seront-ils faits ?

Builder 4.0, fermier vertical, acteur du circulaire, coach de survie, défricheurs de biodiversité, designer des mobilités, architecte du code de la route… Selon un rapport publié par l’Institut pour le Futur en 2017, certains experts estiment que 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore. Nos villes, en particulier, font face à un besoin urgent de réinvention et de renouvellement. Confrontées à de nouveaux enjeux environnementaux, sociaux et technologiques, elles doivent opérer un saut dans l’inconnu. Le festival Building Beyond se propose de mener avec vous cette expédition en terre « d’après ».

Du 21 septembre au 2 octobre, toute la communauté Leonard vous donne rendez-vous au festival Building Beyond pour faire ensemble un pas de côté et imaginer les nouveaux métiers de la fabrique des villes et des territoiresDécouvrez le programme (PDF) « De quoi avons-nous vraiment besoin ? » C’est la question que pose le sociologue Razmig Keucheyan dans son ouvrage Les besoins artificiels (Zones, 2019). Il y montre que les besoins sont des constructions historiques, changeant au gré des enjeux de l’époque. Si le travail est là pour satisfaire nos besoins, les métiers – c’est-à-dire la spécialisation du travail – sont de facto en constante évolution, eux aussi : il y a 20 ans, pas encore de BIM manager ; dans autant d’années, plus de conducteurs d’engins ? À chaque transition, de nouveaux besoins, et donc, in fine, de nouveaux métiers. Et cela est d’actualité : nous sommes au carrefour de plusieurs transitions (numérique, énergétique, écologique) et de plusieurs crises (sanitaire, sociale, démocratique). Partout, de nouveaux besoins émergent, appelant les acteurs de la ville et des territoires à se réinventer. Créant ici de nouveaux métiers, en hybridant là les compétences. À travers le festival Building Beyond 2020, ce sont ces futurs en germe que Leonard souhaite explorer. Sur le plan social, d’abord : la crise sanitaire a mis sur le devant de la scène les « invisibles », les travailleurs des premières lignes, ceux qui « font tourner » la ville et les infrastructures du quotidien. Sur le plan environnemental, ensuite: la transition écologique des activités des territoires et leurs adaptations au changement climatique drainent  une cohorte de compétences et de métiers nouveaux. Sur la transition numérique, enfin : elle transforme les métiers autant que les manières de vivre les villes et les territoires, et remanie les organigrammes autant que les chaînes de valeur de ces filières.

Faire ville commune

La ville s’est affirmée comme le lieu des possibles pour la connaissance, les échanges commerciaux et culturels et les avancées techno-scientifiques. La promesse d’une vie meilleure, plus riche, plus intéressante. Mais la donne est-elle en passe de changer aujourd’hui ? Faut-il croire à un renversement du destin des cités ? L’exode urbain observé pendant le confinement pose la question de la possibilité même de vivre en ville en période de crise. Les grandes métropoles relèguent leurs populations paupérisées en périphéries, jusqu’à parfois devenir des « villes-musées » abandonnées aux touristes. Alors, les luttes politiques s’importent en centre-ville : la création d’une zone autonome à Capitol Hill, en plein coeur de Seattle, rappelle l’occupation parisienne de la Place du Châtelet par Extinction Rebellion en 2019, et les activistes pro-démocratie de Hong Kong résistent en utilisant ce qui fait la ville même, la brique. Alors, la ville rencontre-t-elle une crise du vivre ensemble ? Pour y faire face, les villes se dotent de modalités de gouvernance et de métiers inédits, afin d’à nouveau tenter de faire « ville commune ». Le festival se rendra au chevet de la ville souffrante (23 septembre, 12h30) et des nouveaux moyens de mettre les urbains à l’abri des nouveaux périls sanitairesComment la ville peut-elle préserver une place pour tous et toutes ? Nous irons questionner l’emploi inclusif, puissant levier de performance pour l’entreprise (29 septembre, 9h). La gouvernance urbaine se modifie et s’actualise au service de ces nouveaux enjeux. Nous questionnerons le rôle des élus : quelles seront les responsabilités des nouveaux adjoints aux maires des villes de 2030 ? (25 septembre, 18h30). La résolution de la crise sociale, du logement et des opportunités économiques leur incombe. Mais ces nouveaux adjoints auront bien plus à leur charge.

La Terre, de ressource à partie prenante

Feux en Australie, montée des eaux à Rotterdam, pollution industrielle en Sibérie : les signaux d’alerte se multiplient et mettent au défi une transition environnementale et énergétique que responsables scientifiques et politiques, chefs d’entreprise et citoyens appellent de leurs vœux avec de plus en plus d’insistance. Nous voilà donc embarqués dans l’anthropocène, une époque, qui – succédant à l’holocène – entérinerait l’activité humaine comme force géologique capable de modifier durablement l’écosystème-Terre. Il s’agit désormais d’ « atterrir », pour reprendre le vocabulaire de Bruno Latour (Où atterrir ?, La Découverte, 2017). Finie la représentation d’une humanité hors sol, les villes et les territoires sont en train d’apprendre à « composter avec les autres espèces », comme le dit dans son style toujours très poétique la philosophe Donna Haraway (Vivre avec le trouble, Les éditions des mondes à faire, 2016). Plusieurs concepts, un même enjeu : ré-encastrer les activités humaines (technologiques, industrielles, économiques) dans les écosystèmes naturels. Pour la ville et les territoires, cette révolution copernicienne engendre une redéfinition des contours de nombreux métiers et requiert un certain nombre d’adaptations infrastructurelles. D’abord, pour faire face aux crises à venir : nous vous inviterons à arpenter Paris autrement à l’occasion d’une « marche de la résilience », afin de découvrir les adaptations en cours d’une ville à l’épreuve des chocs (25 septembre, 12h30). Ensuite, pour adopter un nouveau rapport au temps. Si la modernité est définie par le philosophe Hartmut Rosa comme un moment d’accélération, où le temps s’est émancipé et a anéanti l’espace (Accélération, La découverte, 2010), certaines adaptations toucheront à notre conception spatio-temporelle de la ville : la ville durable est-elle une ville qui dure ? (2 octobre, 17h30). Enfin, pour concevoir des villes et des infrastructures « plus qu’humaines », qui prennent en compte nativement les besoins des êtres vivants non-humains, qui ancrent les activités humaines dans leurs écosystèmes. Nous vous inviterons ainsi à venir défricher la biodiversité en ville (22 septembre, 12h30).

Digital Workers in the City

Au service de ces nouveaux besoins socio-environnementaux, la transition numérique promet de modifier radicalement les métiers de la ville. Désormais, « réduire, c’est gagner » : nous irons rencontrer les nouveaux professionnels de la performance énergétique (1er octobre, 12h30). Frugalité et optimisation : voilà les maîtres-mots de la Construction Tech, outil de la maîtrise de l’empreinte carbone des projets urbains, et des experts des mobilités et de la logistique urbaine. Parler de transformation numérique à l’échelle de la ville, c’est aussi observer la manière dont cette dernière se conjugue en données. Des grandes plateformes numériques aux opérateurs téléphoniques, en passant par les constructeurs automobiles et les fournisseurs d’énergie, la production de données est pléthorique. Les villes disposent désormais de leur double numérique, dont la modélisation implique de nombreux métiers : du data scientists à l’architecte, comment se construit une ville de données ? (2 octobre, 8h30). Nous irons au plus près de ces nouvelles collaborations destinées à fabriquer la ville de demain. Enfin, pour faire évoluer la ville, il faut d’abord apprendre à la connaître. Pour ce faire, le citadin, enrichi de son smartphone, alimente, parfois sans même s’en apercevoir, la base de données urbaines. Alors, demain, toutes et tous capteurs ? (29 septembre, 18h30). Nous documenterons les enjeux éthiques et technologiques de la question. La voiture autonome, capteur aussi, certes, mais dont les usages émergents restent à définir : nous vous inviterons à réfléchir à ce chaînon manquant du trajet domicile-travail (23 septembre, 18h30). Enjeux sociaux, environnementaux et technologiques : voilà trois faces de mêmes objets, la ville et les territoires de demain. Pour la bâtir et inventer les métiers qui les feront advenir, rendez-vous du 21 septembre au 2 octobre à Leonard:Paris et en ligne pour la troisième édition du festival Building Beyond !

Article publié sur Leonard - Vinci
Consulter la source

Partager :