Le verdissement des toitures pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur conforte une biodiversité à Londres

Rédigé par

Sylvain Bosquet

Responsable Web editorial

4903 Dernière modification le 25/08/2014 - 09:20

Article rédigé par Cathy Voet

Jubilee Park (2002)

Lieu : Canary Wharf, Londres (Royaume-Uni)

Architecte paysagiste :

Wirtz international Landscape Architects

Parmi les stratégies d’adaptation apportées par les entreprises à la campagne de sensibilisation Londonienne au phénomène de l’îlot de chaleur urbain découvert pour la première fois à Londres par Luke Howard au XIXème siècle et qui atteignit une intensité maximum de 9°C durant les vagues de chaleur du mois d’août 2003 et de juillet 2006, ce qui signifie, pour rappel, une différence des températures nocturnes importante entre la ville et la campagne environnante, des projets tels que celui-ci se multiplient notamment dans l’Est Londonien dans le cadre du renouvellement urbain des Docklands qui débuta dans les années ‘80.

La  particularité du Jubilee Park est qu’il est implanté par-dessus la ligne du métro « Jubilee Line underground station and Jubilee Place retail mall ». La surface du toit de l’infrastructure de la station de métro (Tube) est donc viabilisée en un écrin de verdure et de cascades d’eau qui crée un effet d’oasis en plein cœur d’un quartier d’affaires de gratte-ciels qui draine plus de 50.000 employés.

Le parc d’une superficie de 10.000 m2 jouit d’une position centrale au sein du complexe commercial et l’objectif est d’offrir un espace tout en contraste avec le rythme des  hauteurs du bâti. Des metasequioa semi matures sont plantés dans des containeurs irrigants. L’on a aussi installé des cornouillers,  des cyprès des marais, chênes verts, et autres plantes grasses ornementales.

Quant aux nombreuses toitures des buildings qui culminent pour certains à plus de 50 mètres (on peut les distinguer sur le cliché Google earth), ils ont vu arriver l’installation de près de 136 espèces d’invertébrés que certains auteurs appellent « tecticoles » parce qu’ils habitent communément les jardins alpins et rocailles. L’on dénombre des coléoptères, hémiptères, arachnides, … qui peuvent fournir la chaîne alimentaire grâce à ces tapis de sedum dont la mixité allie souvent des variétés de  S. album, S. acre, S.reflexum, S. spurium, S. pulchellum, S. sexangulare, S. hispanicum, S. kamtschaticum together et Saxifraga granulata..

Aujourd’hui, le sedum répand ses semences grâce aux vents et donc s’adapte à ce milieu en colonisant les interstices entre les matériaux. Des espèces de campanules sont apparues probablement parce qu’un écosystème s’installe dans cet habitat difficile.

La faune en est-elle opportuniste/ubiquiste ou attirée par le biotope particulier qu’offrent ces toits verts ? Quelle liaison écologique y-aurait-il avec d’autres habitats urbains ? La sauterelle aura des difficultés à s’adapter à ce genre de milieu parce celui-ci  ne correspond pas à son biotope. Par contre, l’araignée est un prédateur opportuniste/ubiquiste qui profitera du vent pour se laisser emporter sur de longues distances. Des espèces d’invertébrés dont les ailes offrent une bonne résistance au vent profiteront également de cet habitat s’il peut fournir la nourriture dont ils ont besoins pour assurer leur subsistance, c’est le cas pour une grande variété de coléoptères.

Il y a aussi des mollusques et autres espèces probablement apportées lors de la pose du tapis. Mais, vont-elles subsister ?

Comment la faune et la flore va-t-elle évoluer ? Ces toitures du « Canary Wharf et environs » doivent en outre être régulièrement entretenues (ex : désherbés, manucurés), il faut donc ménager l’intervention humaine en fonction des potentialités de l’habitat, ce qui a un coût.

L’idée du « Canary Wharf Group » est de protéger les espèces indigènes existantes en implémentant un plan d’action biodiversité pour la période de 2008-2013 afin de soutenir la population d’oiseaux, d’arbres, d’aménager des toitures vertes, … Précisons que l’apparition des toitures et murs végétalisés s’est généralisée au sein du secteur de la construction londonienne depuis 2006 en tant que système de refroidissement naturel.

Pour aller plus loin:

UK – Green Building Council Biodiversity

Mayor of London – London’s Urban Heat Island: A summary for Decision Makers

Tecticolous invertebrates

 

 Jubilee Park – une entrée de la station de métro

 

 

Jubilee Park enclavé

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