Le radiateur électrique est mort, vive le radiateur électrique… intelligent !

Rédigé par

Olivier Durin

1921 Dernière modification le 20/08/2018 - 10:48
Le radiateur électrique est mort, vive le radiateur électrique… intelligent !

Un radiateur intelligent qui démocratise l’autoconsommation électrique : telle est l’ambition de la start-up grenobloise Lancey Energy Storage qui fait partie des finalistes des Prix EDF Pulse 2018 dans la catégorie Smart home.

 

Stockage de l’électricité pendant les heures creuses pour une restitution pendant les heures pleines, réduction de la facture énergétique grâce à l’intelligence de l’appareil : Raphaël Meyer, cofondateur de Lancey, nous en dit un peu plus sur ce radiateur truffé de capteurs.

En quoi votre radiateur se veut intelligent ?

Ce radiateur est intelligent avant tout sur sa programmation. Un des enjeux principaux, quand on s’intéresse au chauffage d’un bâtiment, est de chauffer de façon confortable, au meilleur moment mais avant tout quand les utilisateurs en ont réellement besoin.

L’enjeu est d’arriver à comprendre comment anticiper les absences dans une pièce, dans un appartement voire dans un bâtiment entier de façon à pouvoir couper le chauffage le plus souvent possible et sans impact.

C’est donc la première fonctionnalité de ce radiateur : le machine learning, et on peut parler ici d’intelligence artificielle.

L’enjeu est simple : le radiateur présent un peu partout dans son environnement va collecter un certain nombre de données, notamment relatives à la présence ou non de l’utilisateur, qui seront dans le temps agrégées par ce fameux machine learning de façon à apprendre en quelques semaines à quel moment on va pouvoir déployer ces scénarios.

Dans un radiateur, contrairement à une ampoule pour l’éclairage, on peut intégrer des tas de capteurs et des connectivités assez avancées.

Grâce à ce radiateur, l’efficacité énergétique et donc des économies d’énergie sont au rendez-vous. Résultat : un gain financier et bien sûr environnemental !

On peut parler d’intelligence également avec la batterie de stockage d’électricité…

Tout à fait ! C’est la deuxième brique de notre système qui se situe dans chaque appareil. Cette batterie va également faire preuve de pas mal d’intelligence.

Elle peut se charger lorsque l’électricité est la moins chère, donc par exemple pendant les heures creuses, voire gratuite lorsqu’elle est disponible d’une source renouvelable, puis la réinjecter plus tard pendant les heures pleines pour le chauffage électrique ou tout autre appareil du logement (éclairage, électroménager, ventilation…)

Le radiateur peut-il du coup se connecter avec le compteur Linky ?

Oui. C’est notamment un des axes de collaboration que nous avons monté avec EDF lab. Nous sommes le premier radiateur du marché à être “Linky compatible”.

Une sorte de clé USB installée dans le compteur le rend communicant avec le logement.

Le Linky envoie en temps réel la donnée au radiateur qui peut, du coup, faire les arbitrages tarifaires de la batterie qui se charge au moment le plus intéressant économiquement parlant pour l’utilisateur.

Votre radiateur est-il disponible pour le grand public ?

Non. Nous faisons cette année la quasi totalité de nos ventes auprès des bailleurs sociaux qui s’occupent par exemple de logements HLM. C’est une fierté pour nous que les premiers bénéficiaires de ce radiateur aient été des ménages précaires.

Demain, c’est en discussions avec EDF énergies nouvelles réparties (nouvelle division d’EDF qui propose du matériel pour l’autoconsommation photovoltaïque par exemple), on imagine pouvoir vendre notre radiateur à des particuliers.

Avez-vous d’autres innovations en vue ?

Oui. En 2020, nous aborderons une étape très importante, celle de l’utilisation de batterie de seconde vie. Aujourd’hui, nous utilisons des batteries neuves performantes, avec une longue durée de vie.

Problème : elles sont au lithium et il y a du coup un impact environnemental.

Nous cherchons donc une solution avec la création d’une sorte de « Maison de retraite de la batterie » au sein de notre radiateur. L’idée est d’utiliser un maximum de batteries reconditionnées issues de l’électromobilité : batteries de scooter, de vélos et voitures électriques…

Et sur un autre usage, nous avons d’ailleurs déposé un brevet, nous prévoyons pour 2021 un radiateur capable de faire du chaud… et du froid.

Votre technologie participe-t-elle du coup à l’accélération de la transition énergétique ?

Oui, clairement. Notre ADN est de mettre à disposition des batteries massivement pour le bénéfice de la transition énergétique et pour le développement du renouvelable.

N’oublions pas que c’est le gros enjeu du bâtiment : 70% de la consommation d’énergie d’un bâtiment, à l’année, provient du chauffage électrique…

Partager :