Le Forum des solutions : partager les expériences pour revitaliser les centres-villes

1443 Dernière modification le 26/02/2020 - 11:30
Le Forum des solutions : partager les expériences pour revitaliser les centres-villes

La 1ère session du Forum des solutions, destinée aux 222 collectivités du programme Action Cœur de Ville, a permis de montrer des solutions innovantes mises en œuvre par des territoires divers pour redynamiser leurs centres. Cette opération qui a connu un vrai succès sera reconduite à partir de septembre.

Depuis le mois de septembre, cinq rendez-vous thématiques du Forum des solutions ont eu lieu, le dernier s’est déroulé le 13 février sur le thème "Climat, paysage, agriculture, partir des ressources du territoire".

Afin de permettre à toutes les collectivités de bénéficier des retours d’expériences issus de ce Forum, des documents de valorisation et de méthodologie sont en cours d’élaboration par le Cerema et le PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture). Ils seront distribués aux élus lors de la prochaine rencontre nationale Action Cœur de Ville le 19 mai prochain.

En attendant, vous pouvez déjà retrouver les vidéos des interventions en ligne.

 

#1 L'étage de la rue, repenser les rez-de-chaussée

Ce premier atelier était dédié aux solutions pour agir face au phénomène des rez-de-chaussée commerciaux vides. Les villes moyennes constatent en effet une baisse de l’activité commerciale dans les centres-villes, où les surfaces sont souvent trop petites et inadaptées aux nouveaux usages commerciaux.

La capacité à transformer ces rez-de-chaussée commerciaux est donc essentielle pour ces collectivités.

  • A Saint-Etienne la ville a mis en place un accompagnement des commerces et des boutiques tests avec le CREFAD (Centre de Recherche d’Étude de Formation à l’Animation et au Développement) à travers le projet Ici Bientôt qui met en valeur les vitrines de la ville, les commerces et les rues, et imagine des usages pour les boutiques vides. L’objectif est aussi d’accompagner les porteurs de projets pour tester ou lancer leur activité.
  • A Arras une cellule opérationnelle Arras Action Cœur de Ville a été mise en place pour faciliter les démarches des commerçants. L’activité se concentre autour de deux places mais diminue autour. Au-dessus de rez-de-chaussée commerciaux où les étages sont souvent vides, les propriétaires ont été accompagnés et incités à rénover, à trouver des locataires ou à vendre. Les façades des immeubles vides ont été rénovées, certains immeubles ont été requalifiés, des passages pour l’accès aux étages supérieurs ont pu aussi être aménagés. De nouveaux commerces, principalement de proximité, se sont implantés.
  • A Pantin, la ville a utilisé différents outils comme la définition d’un périmètre de sauvegarde du commerce, des chartes d’encadrement des loyers commerciaux, la priorisation de l’installation d’activités d’artisanat dans les surfaces commerciales vides du centre-ville, la mise en place de partenariats avec les différents acteurs, ou la création d’une Foncière Immobilière Commerciale… Le choix d’attirer plus particulièrement les métiers d’art a été fait. L’EPARECA (établissement public national d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux) qui a désormais rejoint l’ANCT est intervenu pour la réhabilitation des locaux afin qu’ils soient adaptés aux activités qu’ils doivent accueillir. Il accompagne aussi la ville pour objectiver la demande et pour la gestion des dossiers de candidature notamment. Cette démarche s’intègre dans une démarche globale de la ville, qui intègre aussi les questions transversales comme les mobilités douces, l’habitat…

 

#2 Pratiques culturelles et artistiques, les cœurs de ville en mouvement

Aujourd’hui, l’emploi du levier artistique et culturel est essentiel pour redynamiser nos cœurs de ville. Valoriser le patrimoine, changer le regard sur le territoire, renouveler le dialogue avec les habitants : telles sont les ambitions portées par les pratiques culturelles et artistiques. Encourager de tels projets pour sa commune suggère un pas de côté face aux modes opératoires traditionnels, mais offre des solutions inédites et audacieuses.

  • Street Art City à Lacy-Lévis (Allier): Un site entièrement dédié à l'art urbain, avec des espaces d'exposition, de galerie et de restauration et une résidence d'artistes, a été créé en 2017 dans un ancien centre des PTT qui ne sera pas détruit. 22.000 mètres carrés de murs sont offerts à l'expression des artistes de street art. Le projet est né suite au rachat par des particuliers de l'ancien centre de formation de France Télécom, sur 10 hectares, et à l'envie de créer un lieu dédié à l'art urbain. Les propriétaires ont d'abord invité des graffeurs à utiliser les murs, puis le lieu a été ouvert au public, et grâce à un fort écho médiatique Street Art City a accueilli 25.000 visiteurs dès 2018. Aujourd'hui plus de 80 artistes sont passés par la résidence et des centaines de toiles ont été vendues. 
  • Le projet de Médiathèque Estaminet à Grenay (Pas-de-Calais) prend sa source dans la démarche de la ville pour rénover et réhabiliter son centre, menée avec la participation des habitants. Après la rénovation de la place, le projet de Médiathèque a été lui aussi conçu en co-construction avec les habitants afin qu’ils s’approprient le lieu. Ce projet a évolué et propose aussi des services comme la présence de la PMI, qui permet de faire venir des parents différents du public habituel de la médiathèque, ou encore le relais des assistantes maternelles, qui contribuent à la médiathèque. Une cuisine a été installée pour des activités comme un atelier cuisine, ainsi qu’un estaminet ouvert lors d’événements ou de réunions.
  • Une résidence d’architectes à Saint-Marcellin (Isère) : la maison de l’architecture de l’Isère, porteuse de projet, a proposé de créer une résidence d’architectes à Saint-Marcellin. Une vingtaine d’architectes ont candidaté, et un collectif d’architectes travaillant sur le logement vacant et la réhabilitation des logements a développé un projet sur six semaines à Saint-Marcellin. La ville menait à ce moment un programme de revitalisation dans lequel les architectes ont joué un rôle en proposant des solutions.

#3 Inclusif et co-construit, l'habitat innove

Ce troisième rendez-vous a permis de présenter les outils à employer et les freins à lever pour produire un habitat durable, agréable et inclusif. L’innovation est présente dans l’habitat à travers le renouvellement de la programmation afin de s’adapter à de nouveaux modes de vie, la requalification des centres anciens denses pour résorber la vacance, la production de lieux de vie appropriables et abordables, mais aussi l’éco-responsabilité de l’habitat, le développement des circuits-courts et la sobriété énergétique ou encore la mobilisation de l’intelligence collective et la participation des habitants…

  • Requalification de l’habitat en cœur de ville avec l’opération rue Diderot, Moulins (Allier) : afin de ramener les travailleurs en centre-ville, la ville a mis en place un programme de réhabilitation de bâtiments anciens dans le cadre d’Action Cœur de Ville, afin de proposer des loyers abordables. Une première opération de réhabilitation d’un bâtiment ancien vacant a permis de créer 12 logements (dont deux T3) en centre-ville avec des loyers modérés pour accueillir des actifs. L’opération dont le coût de revient est similaire à la construction neuve, a pu être réalisée avec le soutien d’Action Logement, et l’engagement de la collectivité.
  • Résidence A.I.M.E.R, Limoges (Haute-Vienne) : de l’habitat intergénérationnel proche du centre ancien en réhabilitation, avec cinq logements seniors et trois étudiants en médecine qui sont en colocation. Les personnes âgées sont autonomes, des activités communes ont lieu avec les étudiants, comme des ateliers cuisine, des expositions…
  • Résidence Sérénitis L’Eau Vive, Asnières-lès-Dijon (Côte-d’Or) : de l’habitat senior, avec 20 logements destinés aux plus de 60 ans ou aux personnes handicapées, avec différents niveaux d’autonomie. L’objectif était aussi de rompre l’isolement des personnes âgées, en proposant une alternative entre le domicile et les établissements spécialisés. D’autres logements sont conçus pour les jeunes, les familles ou les personnes avec un handicap mental. Les logements sont tous réversibles : en cas de baisse de la demande pour des logements adaptés, ils pourront être reconvertis dans le parc classique. Des activités sont mises en place pour développer le lien social.

#4 L'urbanisme transitoire, un outil pour amorcer le projet

De plus en plus utilisé, l’urbanisme transitoire renforce le lien avec les habitants tout en remédiant à la vacance des lieux, autour d’un projet de quartier ou à plus grande échelle. Il permet d’expérimenter, de tester et de développer des projets in situ.

Cette forme d’aménagement – qu’elle soit implantée dans des espaces peu convoités ou des lieux soumis à la pression foncière – interroge les métiers de la planification : quel rôle peut-elle jouer dans les villes moyennes ?

Parmi les expériences présentées lors de ce forum :

  • Une opération de réhabilitation impliquant les habitants à Dax: avec le collectif Bruit du Frigo qui implique les habitants du quartier dans l’amélioration du cadre de vie, l’opération de réhabilitation d’un quartier d’habitat social a été réalisée de manière participative à travers des ateliers, des chantiers, l’ouverture d’un cabanon dédié au projet, l'animation avec la collaboration des acteurs locaux et le rôle de facilitateur joué par la ville. Ce projet a permis de gagner la confiance des habitants, leur fierté par rapport à l’opération, d’avoir une meilleure appropriation des aménagements grâce à leur implication, et des espaces qui sont utilisés et respectés.
  • Une friche industrielle proche du centre-ville de Caen a été transformée à partir d’une réflexion sur les usages de ce lieu. Un collectif a réalisé la Cité du chantier pour préfigurer les usages, puis ce lieu a été développé avec une association locataire qui l’a fait vivre avec les habitants. Sur 3600 m², les usages ont été multipliés : bureaux, résidences artistiques, conférences, concerts, tiers lieu, bar et restaurant… La Grande Halle a été inaugurée en octobre 2019.
  • A Albi, un aménagement temporaire sur une friche a été réalisé dans l’attente du début de l’opération de renouvellement urbain de tout un quartier. La réflexion a été menée avec les habitants et écoliers du quartier à travers des ateliers participatifs et des échanges pour connaître les besoins. Un espace vert a été aménagé à la place d’anciens magasins, et des jardins partagés seront aménagés.

#5 Climat, paysage, agriculture: partir des ressources du territoire

Après une introduction de Jean-Marc Bouillon, président d’Intelligence Nature qui a dressé le constat sur la situation de "surchauffe" des villes sur différents plans (pollution, foncier, minéralisation…), et insisté sur l’importance de co-construire la ville avec les habitants en intégrant la nature et la gestion intégrée de l’eau pluviale pour assurer une véritable transition écologique, des exemples d’actions locales ont été présentés.

Ces actions de développement de la nature en ville en font un véritable levier d’attractivité et de dynamisme pour les villes moyennes.

  • La Place de la Brèche, Niort (Deux-Sèvres) : ancien champ de foire devenu parking aux portes de la ville, la place a été transformée avec un objectif de renaturation de l’espace et de multiplication des usages. La place a été transformée en plusieurs tranches en parc avec une grande pelouse, et un parking souterrain. En 2009-2010, le projet a été réécrit avec un sociologue, des acteurs de la vie économique et des habitants, dans un contexte où le centre-ville proche a été rendu piéton. Il a eu un impact économique important, notamment sur les commerces et l’activité globale du quartier. 
  • Continuité plantée et jardins publics, Troyes (Aube). La ville de Troyes s’inscrit dans l’Agenda 21 et mène des actions pour renforcer la place de la nature en centre-ville, à travers des projets menés dans un cadre partenarial avec les acteurs et habitants, tels qu’un EcoQuartier, un corridor vert avec plantation d’arbres fruitiers, une voie vélo, l’ouverture d’une maison des maraîchers… Un plan guide des espaces publics de Wilmotte a été élaboré dans le cadre de la requalification urbaine. La gestion de l’eau a été prise en compte dans les projets, sa présence a été rendue plus visible.
  • La régie municipale agricole, Mouans-Sartoux (AlpesMaritimes). La ville de 10.000 habitants souhaite conserver son caractère rural et a développé un projet de régie agricole proche du centre-ville, avec une optique d’autosuffisance alimentaire et de synergie avec les cantines scolaires. Un service public de production alimentaire et une exploitation agricole bio ont été mis en place en 2011 en cœur de ville, et se sont agrandis progressivement sur 6 hectares. Aujourd’hui 80% des besoins des écoles sont pourvus et des activités pédagogiques s’y déroulent.

 

Article publié sur Cerema Actualités
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