Label E+C- pour la maison individuelle : faut-il s’y intéresser ?

Rédigé par

Mathilde Blond

5290 Dernière modification le 06/11/2017 - 10:08
Label E+C- pour la maison individuelle : faut-il s’y intéresser ?

A l’heure où les acteurs de la maison individuelle ont fait leur chemin dans l’application de la RT 2012, le marché reprend des couleurs et les constructeurs se concentrent sur leurs ventes et le suivi des chantiers. Malgré tout, la fragilité des dispositions prises pour soutenir l’activité après une crise très importante et le manque de visibilité à moyen terme préoccupent les professionnels. Ce contexte est-il favorable à l’entrée de nouvelles directions pour construire à faible empreinte carbone ? Un nouveau label a t’il sa place dans les offres des constructeurs ?

CÉQUAMI, organisme certificateur qui délivre le label E+C- pour le secteur de la maison, est allé à la rencontre des constructeurs et des bureaux d’étude pour apprécier leur niveau de connaissance et leur capacité à se mobiliser sur ce sujet.

Une nouvelle donne

Avant tout, il s’agit d’intéresser les acteurs aux gaz à effet de serre qui, contrairement à l’Energie, ne font pas entrevoir d’économie direct pour le client particulier.                                                                                

Du contexte historique aux urgences planétaires incontestables, pour aller vers la méthode et les exigences Energie-Carbone, les acteurs de la maison individuelle ont bien compris que le contenu du référentiel Energie & Carbone dictera en grande partie celui de la future réglementation notamment en y intégrant une ambition environnementale.

L’expérimentation est bien là pour permettre notamment de définir les prochaines exigences réglementaires, en évaluer les coûts et mettre progressivement les professionnels en action.

Néanmoins, l’analyse technico-économiques issus des projets identifiés dans l’expérimentation reflètera t’elle la réalité du marché ? Ce sont les projets certifiés en phase conception, attestés à la réception de la construction par les certificateurs et donc les projets labellisés qui préfigurent la réglementation.

De l’utilité de labelliser

Le label valorise sans conteste la réalisation -et permet au passage, l’usage du logo réservé à la réalisation labellisée. Mais, au-delà, il s’agit bien de passer de l’expérimentation à la généralisation avec comme facteur clé de succès l’assurance d’une vérification de l’étude ACV.

Pour un constructeur, le label permet de se situer techniquement et commercialement.

Pour ceux déjà engagés dans la certification NF Habitat HQE, et donc déjà sensibilisés aux exigences environnementales, ils sont curieux de connaître le profil environnemental complet de leurs constructions et d’évaluer l’empreinte carbone de leurs maisons actuelles pour identifier les éléments qui influent le plus sur les résultats.

Profiter de cette phase de transition pour évaluer une maison déjà réalisée (acceptée jusqu’au 31/12/2017) et la valoriser avec le label, c’est concrètement mobiliser son bureau d’étude et ses partenaires industriels autour d’un projet qui servira l’entreprise et son offre pour comparer la performance des procédés constructifs, définir les pistes d’amélioration à mettre en place à coût maitrisé, fiabiliser et optimiser les résultats et ainsi positionner les gammes de maisons RT2012 avec le Bilan Bepos et les résultats de l’ACV.

D’autres motivations voient le jour telles que le fait de conforter une démarche éco-responsable, créer une dynamique de progrès dans l’entreprise, … sans oublier la possibilité de tester les arguments commerciaux en vue des prochaines offres. Pour les entreprises Constructeurs de Maisons Individuelles, le levier de réduction des gaz à effets de serre porte plus sur sa considération dans l’acte de construire puis ses conséquences pendant l’occupation que sur leur propre organisation telle que la réduction du kilométrage parcouru par leur collaborateur.

Maisons Privat (85) – Maison certifiée NF Habitat HQE, labellisée E3C1 et BEPOS effinergie 2017.

Pour la mobilisation de la filière

CÉQUAMI accompagne les constructeurs prêts à répondre à ces enjeux. Ceux-ci sont conscients qu’une ACV va dans les années à venir être appliquée à toutes les constructions.

L’ACV va se démocratiser, les freins se lèvent, l’offre de logiciels existe déjà.

Les prestations intellectuelles vont être plus importantes dans la phase de conception : les industriels et les bureaux d’études l’ont bien compris et se préparent s’ils ne sont pas déjà prêts.

Les premiers s’efforcent de réduire l’empreinte carbone de leurs produits et de leur process et d’être référencés dans la base Inies avec des FDES ou des PEP, se différentiant ainsi de leurs concurrents et permettant d’être choisi par les constructeurs et leur bureau d’études.

Pour les seconds, en maison individuelle, ce sont les bureaux d’études thermiques qui ajoutent une corde environnementale à leur arc. Ils franchissent le pas d’autant plus aisément qu’il existe un lien entre énergie et carbone. Evaluer une ACV fait et fera très vite partie de leur quotidien, sans changer les interlocuteurs et avec peu de risques de complication liée à l’incohérence des études entre elles.

Les constructeurs, en bons chefs d’orchestre, doivent définir le tempo, valider les orientations en termes constructifs mais aussi organiser les flux d’information pour éviter de multiplier les métrés, d’omettre certaines données qu’ils devront aller chercher chez leur client puisqu’ils ne sont pas les maitres d’ouvrage et ne livrent pas nécessairement la maison jusqu’à la finition, prise en compte dans l’ACV.

C’est pour toutes ces raisons que nous recherchons le dialogue entre le constructeur, le bureau d’études et le certificateur. Indubitablement, le label E+C- aura pour effet de faire évoluer les pratiques collaboratives qui seront au cœur des systèmes de management de la qualité que nous mettons par ailleurs en œuvre dans le certification NF Habitat et NF Habitat HQE.

D’ailleurs, pour assurer la cohérence entre certification multicritère et le label, l’ACV et les niveaux Energie et Carbone sont déjà intégrés dans les exigences qui permettent de déterminer les niveaux de performance pour la certification NF Habitat HQE. Nous donnons donc la possibilité d’associer le label E+C- à la démarche de certification avec du même coup, l’intégration des labels effinergie 2017.  En marge des certifications NF Habitat et NF Habitat HQE, il est aussi possible de viser simplement l’obtention du label.

Et l’intérêt du particulier …

Pour le particulier, le gain est plus complexe à appréhender. Le retour sur investissement concernant les dispositions liées au carbone est moins concret que celui lié aux économies d’énergie et donc à la réduction des charges. Cependant, de plus en plus de particuliers sont sensibles à la nécessité de protéger l’environnement, notamment en maîtrisant leur empreinte carbone. Ils sont attentifs au choix de leur voiture et de leur logement, à la qualité de l’air, au tri des déchets ; ils cherchent à réduire leur consommation d’énergie, d’eau, à ne pas utiliser de sacs plastiques, etc. Les comportements évoluent et chacun à son niveau doit contribuer à faire de la pédagogie. C’est le rôle que peut jouer le label E+C- en suscitant l’intérêt du particulier et déclencher une autre façon de voir la construction de leur maison. Il faut selon nos premières analyses rester concret et parler du dérèglement climatique plus que du carbone.

Et même si aujourd’hui l’accompagnement financier n’est pas à l’ordre du jour, cette situation ne doit pas freiner les initiatives. Les compétences sont là … Alors mieux vaut agir et valoriser son savoir-faire.

 

Article proposé par @cequami 

 

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