La géothermie s’impose dans l’est parisien

1867 Dernière modification le 17/11/2016 - 09:38
La géothermie s’impose dans l’est parisien

D’un investissement total de 35 millions d’euros, la géothermie, ce futur réseau de chaleur, s’inscrit dans la dynamique de la transition énergétique engagée par les communes de Rosny-sous-Bois, Noisy-le-Sec et Montreuil. Catherine Dumas, directrice générale adjointe du syndicat intercommunal Sipperec revient sur ce projet de grande ampleur pour nous en donner quelques précisions.

Sipperec fédère et représente les villes de l’Ile-de-France et agit en leur nom, dans un cadre intercommunal, pour permettre une plus grande efficacité et un développement solidaire du territoire. Le syndicat facilite, accompagne, contrôle et garantit le bon exercice des services publics, leur développement et leur modernisation.

Pouvez-vous nous expliquer le principe de la géothermie ?

Catherine Dumas : L’Ile-de-France a une caractéristique très particulière : sous nos pieds, il y a une eau chaude, et la géothermie exploite cette chaleur naturelle. Le principe est simple mais impressionnant : une foreuse d’une hauteur de 36 mètres creuse deux puits à une profondeur de 1 800 mètres pour atteindre la nappe du Dogger. Environ un kilomètre de distance sépare les deux puits. Le puits producteur qui extrait l’eau chaude à 62°C alimente la chaufferie de géothermie, alors que le puits injecteur assure le retour de l’eau géothermale refroidie dans le sous-sol.

Plusieurs conditions sont nécessaires à son installation : il faut à la fois un sous-sol favorable et un habitat qui s’y prête. Cela ne fonctionne pas sur un territoire où il n’y a que des maisons individuelles. Un minima de 10 000 équivalents logements est préconisé pour permettre d’amortir les coûts d’investissement, d’où le regroupement de plusieurs communes comme c’est le cas pour Rosny-sous-Bois, Noisy-le-Sec et Montreuil. Le réseau d’environ 10 km alimente en eau chaude et en chauffage les logements collectifs et les bâtiments publics, cela représente entre 7 et 12 km de réseau spécifique.

Foreuse géothermique Sipperec

Quelle est l’étape emblématique de ce type d’installation ?

C.D. : Le forage, qui ne présente pas de risque particulier mais qui est très délicat car il faut traverser plusieurs couches, certaines pouvant être très dures. L’opération de forage se déroule 24H/24 et 7J/7pendant environ 3 mois. On consolide au fur et à mesure pour que les puits ne s’effondrent pas.

Quels sont les principaux obstacles à l’installation d’un dispositif géothermique?

C.D. : Son coût d’installation indéniablement. C’est un investissement de 33 à 36 millions d’euros lié à de nombreux facteurs. Le temps d’étude est assez long, pour s’assurer de la qualité du terrain et de la température de l’eau que l’on va y trouver. L’eau chaude n’est pas forcement partout à une température suffisante. Aussi, il faut trouver le terrain pour placer la plateforme, suffisamment grand pour s’installer, et pas trop excentré pour limiter les kilomètres de réseaux à construire. Et enfin, il faut coordonner les travaux de voirie qui sont assez longs ; ils durent à peu près 1 an. Pour le projet de Rosny-sous-Bois, Montreuil et Noisy-le-Sec, c’est 4 ans de travail en totalité.

Quelle est la puissance d’une centrale géothermique ?

C.D. : Cela dépend du nombre de logements à raccorder, mais un réseau de géothermie permet d’alimenter de nombreux logements avec une énergie renouvelable à plus de 60% (40% de l’énergie restante étant fournie par des pompes à chaleur et un complément de gaz). Dans l’est parisien, la centrale fournit plus de 100GWh de chaleur par an, c’est plus de 50% des besoins en chaleur des abonnés au réseau, permettant ainsi d’économiser plus de 15 800 tonnes de CO2 par an, soit les émissions annuelles de 8 600 véhicules.

Est-ce une énergie rentable pour le consommateur?

C.D. : Le référentiel est d’être moins cher que le prix du gaz. Le problème, si on raisonne à court terme, c’est la volatilité du prix du gaz. La géothermie propose un prix stable, complètement décorrélé du prix des énergies fossiles ; sur la durée, c’est intéressant. Le recours majoritaire à cette énergie locale, naturelle et renouvelable, permet en plus de bénéficier du taux réduit de TVA à 5,5%. C’est une énergie gratuite, seuls les travaux de construction initiaux sont coûteux, elle est disponible 7 jours sur 7.

Une idée de l’avenir ?

C.D. : On a mené des études sur les départements 91,93 et 94, bientôt dans le 92, pour rechercher les meilleurs projets. Notre démarche s’inscrit dans le cadre du schéma régional « climat air énergie » et du programme de relance de la géothermie, soutenu par le fonds chaleur mis en place par l’ADEME et la Région Ile-de-France. Il est nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par la COP21 : 11% des consommations d’énergie avec l’énergie renouvelable d’ici 2020 et 45% en 2050. La géothermie offre un mode de chauffage efficace, vertueux et économique, c’est un atout de l’Ile-de-France.

Géothermie, forage Sipperec

Article publié sur Mondial du bâtiment
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