L’économie circulaire, opportunités et défis pour les acteurs de la construction

Rédigé par

SOPHIE SANCHEZ

Responsable communication

11922 Dernière modification le 05/12/2017 - 09:42
L’économie circulaire,  opportunités et défis pour les acteurs de la construction

L’économie circulaire vise la gestion sobre et efficace des ressources, et notamment des matières premières et de l’énergie. 

En 1960, les 3 milliards de citoyens consommateurs présents sur terre consommaient 20 milliards de tonnes de ressources - matériaux de construction, matières alimentaires, métaux combustibles, etc. En 2011, la population mondiale avait plus que doublé et les ressources mobilisées plus que triplé, en lien avec l’augmentation du niveau de vie. En 2050, le nombre d’habitants sur la planète pourrait atteindre les 9 milliards. L’efficacité dans l’utilisation des ressources devient une absolue nécessité.  

Une des solutions ? L’économie circulaire « qui vise la gestion sobre et efficace des ressources, comme l’explique l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Elle s’oppose au modèle classique dit d’économie linéaire (extraire, produire, consommer puis jeter), en luttant contre le gaspillage des ressources et son impact environnemental, et en cherchant à accroître l’efficacité à tous les stades de l’économie des produits. »

Changement de paradigme

Pour le secteur de la construction, cela implique de nouvelles évolutions. « L'économie circulaire suppose un véritable changement de paradigme dans la manière d'aborder le secteur du bâtiment et de l'immobilier, notamment parce que ce dernier est à l'origine d'une part très importante des matières premières extraites et des déchets générés », prévient Anne-Lise Deloron, directrice adjointe du Plan bâtiment durable, qui accompagne la filière dans cette mutation vers la transition écologique. « Il est temps pour le secteur du BTP de sortir du « déconstruire-enfouir » pour passer au « réutiliser-réemployer » », renchérit François-Michel Lambert, président de l’Institut national de l’économie circulaire.

Les entreprises ont déjà bien identifié ces nouveaux défis et s’emploient depuis de nombreuses années à adopter de nouvelles méthodes. Des progrès restent toutefois à accomplir, les processus étant complexes à mener sur le terrain.

Risques de pénurie

Les déchets générés par le secteur restent conséquents. À l’échelon hexagonal, les 410 000 entreprises de bâtiment « produisent » 42,3 millions de tonnes de déchets et les 7 500 entreprises de travaux publics 185,3 millions de tonnes.

En outre, désormais, des pénuries se profilent en amont, faisant peser des risques sur les entreprises du secteur. Ainsi celui d’une pénurie de sable est de plus en plus commenté, le sable étant présent dans les deux-tiers des constructions du monde entier.

La préservation des ressources impose d’adopter d’autres logiques. Les nouveaux objectifs de développement durable des Nations unies, entrés en vigueur au 1er janvier 2016 et qui s’appliquent tout autant aux États qu’à la société civile, invitent à gérer durablement et rationnellement les ressources naturelles, et à réduire significativement la production de déchets par la prévention, la réduction, le recyclage et la réutilisation.

De son côté la Commission européenne a adopté en décembre 2015 un paquet de mesures en faveur de l'économie circulaire, visant en particulier à favoriser l'éco-conception des produits, à réviser la législation sur les déchets ou encore à élaborer des normes de qualité applicables aux « matières premières secondaires », c'est-à-dire aux matières premières comme le verre ou le plâtre issues du recyclage d'une fenêtre ou d'une plaque de plâtre.

De la performance énergétique à la performance environnementale

En France, les premières mesures d’application de la loi sur la transition énergétique et la croissance verte (TECV) (1), qui vise à « lutter contre les gaspillages et promouvoir l’économie circulaire », sont entrées en vigueur en janvier 2017. Entre autres objectifs, la réduction de 10 % des déchets du bâtiment, un taux de 70 % de valorisation des déchets non dangereux du BTP d'ici à 2020, la diminution de 50 % des produits manufacturés non recyclables mis sur le marché et l’encadrement de la valorisation énergétique des déchets non recyclables. « La loi TECV nous invite à passer de l’exigence de la performance énergétique à celle de la performance environnementale, beaucoup plus globale », analyse Anne-Lise Deloron.

Dans la lignée de ces textes, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre, ont lancé fin octobre dernier, l'élaboration d'une feuille de route de l'économie circulaire qui paraîtra en mars 2018 et déclinera de manière opérationnelle la transition à opérer.

Économie du partage et mutualisation des usages

« Les initiatives sont déjà multiples dans le secteur de la construction - réemploi, recyclage mais aussi de plus en plus valorisation des déchets, matériaux et équipements, et évolution vers l’économie du partage et la mutualisation des usages. Pour autant, clarifications et structuration s’imposent », poursuit Anne-Lise Deloron. Aussi le Plan bâtiment durable présentera le 19 décembre une sélection d'initiatives sur la thématique « économie circulaire au service du bâtiment responsable » (2), un premier rendez-vous afin d’accompagner au mieux les acteurs tout en cernant les innovations tant juridiques que contractuelles nécessaires.

Pour en savoir plus

(1) Loi sur la transition énergétique et la croissance verte, titre IV, articles 69 à 103

(2) http://www.planbatimentdurable.fr/economie-circulaire-le-plan-batiment-lance-un-a1185.html

Par Sophie Sanchez, Direction du développement durable et de l’innovation transverse, Eiffage

 

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