ITW Thibault Danteur (Sociologue Saint-Gobain Research Paris) – Le confort dans l’habitat en pratique

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613 Dernière modification le 27/12/2019 - 09:29
ITW Thibault Danteur (Sociologue Saint-Gobain Research Paris) – Le confort dans l’habitat en pratique

Convaincu que la question du confort dans l’habitat n’est pas uniquement corrélée à des aspects purement techniques, Cercle Promodul / INEF4 poursuit son ouverture vers les sciences humaines et sociales pour davantage comprendre comment les bâtiments, leur aménagement, les matériaux et solutions mis en œuvre, peuvent contribuer au confort de chacun.

Pour mieux appréhender ces notions, nous avons posé 3 questions à Thibault Danteur, sociologue chez Saint-Gobain Research Paris.

Saint-Gobain Research Paris (SGR Paris) est l’un des 8 centres de recherche à vocation transversale qui servent l’ensemble des activités du Groupe Saint-Gobain. Ces centres hébergent les grands projets de R&D pluridisciplinaire et les programmes exploratoires et facilitent une interaction efficace avec le monde académique, une veille et une anticipation sur les avancées scientifiques.

Exemples des principaux partenariats et collaboration académiques (réseau international de coopération scientifique universitaire Saint-Gobain University Network) :

  • le CNRS en France,
  • le MIT, l’Université du Massachusetts et l’Université de Case Western Reserve aux États-Unis,
  • l’Indian Institute of Technology de Madras en Inde,
  • l’université d’Aix La Chapelle et les Instituts Fraunhofer en Allemagne,
  • l’université d’État de Moscou en Russie,
  • et l’Institut national des sciences des matériaux (NIMS) au Japon.

SGR Paris rassemblent de nombreuses disciplines scientifiques : optique, physique de la matière molle, design, data sciences, réalité virtuelle et augmentée… pour apporter des réponses concrètes aux enjeux qui animent le monde d’aujourd’hui : santé et bien-être, construction et habitat durables, gestion efficace des ressources et du changement climatique.

Comment définir simplement le confort dans l’habitat ? A quels éléments l’être humain serait-il le plus sensible ?

La problématique posée par la notion de confort tient justement dans le fait qu’elle est complexe dans sa traduction dans les représentations et les perceptions des individus, aussi paraît-il nécessaire de mener un travail conjoint de caractérisation scientifique de ses dimensions, tout en prêtant une attention particulière aux modes d’appréhension du confort mis en œuvre par les usagers.

La première étape est donc un travail de modélisation consistant à étudier et à caractériser les dimensions physiologiques mesurables et plus ou moins universelles constitutives du confort (thermique, acoustique, qualité de l’air, visuel, etc.). Ce premier travail, auquel s’attèle Saint-Gobain Research Paris depuis plusieurs années, nous permet d’ores et déjà d’avancer sur l’incorporation de ces éléments mesurables dans les fonctionnalités de nos produits.

Parallèlement, ces travaux sont complétés par une approche plus qualitative visant à observer pour mieux comprendre la définition subjective et les pratiques quotidiennes mises en œuvre par les individus pour évaluer et décrire leur confort.

Le confort est donc à la fois sensation et sentiment et possède une nature diffuse : c’est un signal faible, quand l’inconfort est un signal fort dans l’expérience des individus et l’évaluation qu’ils font de l’environnement intérieur d’un bâtiment par exemple. De nombreux facteurs entrent alors en considération : la destination d’un bâti en termes d’usage, le type de population accueillie vont mettre en jeu des représentations, des pratiques qui sont socialement et culturellement déterminées et ainsi venir « configurer » le ressenti physiologique et psychologique du niveau de confort.

Pour le dire plus simplement, une définition opérante du confort est nécessairement complexe en ce qu’elle articule des éléments quantifiables, universels et physiologiques avec d’autres plus qualitatifs, subjectifs et sensoriels.

Quels critères les usagers devraient-ils considérer pour savoir si leur habitat, neuf ou rénové, peut assurer un bon niveau de confort ?

Si l’on considère tout d’abord la dimension physiologique de la sensation de confort, alors les critères à considérer pour évaluer le confort d’un habitat correspondent aux différents sens que mobilise le corps humain en tant que « capteur » : la luminosité, la température, la qualité de l’air, le niveau sonore. Sur cette base, il est donc possible d’établir une évaluation d’un niveau standard de confort dans un environnement donné.

A cela s’ajoutent d’autres dimensions subjectives fondées sur des particularités individuelles et sensorielles comme le métabolisme par exemple, mais aussi liées à la trajectoire biographique ou culturelle de l’individu. Ces dimensions sont complexes à incorporer à une méthodologie d’évaluation du niveau de confort, et c’est l’étude des pratiques dans lesquelles s’inscrivent les individus et leur impact sur le discours qu’ils portent sur le confort, qui nous permet ensuite de compléter les données de mesure physique.

C’est dans cette articulation entre ressenti physiologique et perception subjective que les individus évaluent le confort de leur habitat.

Le confort dans l’habitat et la qualité de vie qui en découle peuvent-ils contribuer à une société plus responsable et plus durable ?

C’est assurément un des objectifs à poursuivre et un enjeu majeur du succès des programmes de transition vers un modèle sociétal et économique plus durable. Les acteurs du secteur de l’habitat tels que Saint-Gobain prennent ainsi leur part à ces programmes en développant des produits innovants intégrant des fonctionnalités qui jouent sur les différentes dimensions du confort évoquées plus haut (visuel, qualité de l’air, thermique, acoustique) tout en travaillant à réduire l’empreinte carbone de leur production.

L’intégration des usages dans les cahiers des charges de développement d’innovations, telle qu’elle existe aujourd’hui chez Saint-Gobain Research Paris, représente un autre axe visant à renforcer encore la causalité entre amélioration du confort et transition environnementale.

En effet, cela nous permet d’anticiper, par l’étude des pratiques et des usages du quotidien, l’impact des modes de vie ou des représentations sur la performance de nos solutions. Qu’il s’agisse de mieux connaître les artisans et les problèmes auxquels ils s’affrontent ou d’anticiper des comportements tels que les « effets rebonds » dans l’occupation résidentielle, l’étude et la connaissance des contraintes provenant de la subjectivité des individus, de leur trajectoire de vie, de leurs expériences passées renforcent notre capacité à répondre à ces impératifs de durabilité et de responsabilité.  

D’une manière générale, nous prenons ainsi notre part, en tant qu’industriels, des efforts nécessaires pour réaliser la transition vers des modes de construction et des modes de vies plus vertueux sans que cela soit au prix d’une dégradation de la qualité de vie. L’étude des comportements et des éléments socio-culturels qui les contraignent est, à ce titre, un moyen qui participe de soutenir les actions mises en place au quotidien par les individus pour atteindre ces objectifs.

Thibault Danteur est sociologue au sein de Saint-Gobain Research Paris, l’un des huit centres R&D transversaux du groupe. Spécialiste des pratiques de consommation, il a d’abord travaillé sur les questions alimentaires puis sur énergétiques, ce qui l’a conduit à s’intéresser au secteur du bâtiment.

Il travaille au sein de l’équipe « Design et Expérience Utilisateurs » de SGR Paris afin de produire des données de première mains sur les pratiques et les usages en lien avec les produits de construction fabriqués et vendus par Saint-Gobain dans l’optique de renforcer le processus d’innovation du groupe.

 

 

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