Investir collectivement dans les énergies renouvelables : le cas de la vallée d’Eyrieux

1243 Dernière modification le 11/10/2016 - 10:27
Investir collectivement dans les énergies renouvelables : le cas de la vallée d’Eyrieux

Issues d’une expérimentation menée dans les Parcs naturels régionaux de la Région Rhône-Alpes, les Centrales Villageoises sont des sociétés locales qui ont pour but de développer les énergies renouvelables sur un territoire en associant citoyens, collectivités et entreprises locales. Julien Antouly, membre associé bénévole élu au conseil de gestion de la centrale villageoise du Val d’Eyrieux, nous fait part de son expérience.

Racontez-nous la genèse de la centrale villageoise du Val d’Eyrieux

Julien Antouly : L’agence publique Rhône-Alpes Energie Environnement a mis en place le concept de centrale villageoise début 2010. Elle a cherché des territoires pilotes dans le but d’installer des panneaux photovoltaïques en toiture afin de produire de l’électricité qui sera revendue à EDF. Revendre permet de financer l’investissement, qui sera amorti au bout de dix à douze ans.
L’agence s’est appuyée sur les parcs naturels régionaux, dont le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Celui-ci s’est lui-même appuyé sur la communauté de communes Eyrieux-Aux-Serres, qui a lancé le projet. En 2012 et en 2013, les élus ont travaillé à mobiliser les habitants afin de créer une société locale destinée à produire des énergies renouvelables. Pour l’instant, il s’agit de photovoltaïque.

Les habitants ont-ils été réceptifs au projet ?

J. A. : Le projet concernait dix villages. Certains habitants n’y croyaient pas. D’autres se sont montrés tout de suite très intéressés, soit par le côté local, soit par la dimension énergie renouvelable. Un noyau de citoyens a été identifié et une association a pu être créée. La création d’une personne morale était essentielle pour pouvoir dialoguer avec tous les partenaires du projet, notamment ERDF et les entreprises de photovoltaïque.

Hameau de Cintenat

Hameau de Cintenat

Le projet a-t-il été long à mettre en place ?

J. A. : Il a fallu un an et demi pour trouver les toitures à équiper, trouver des souscripteurs – citoyens, entreprises, associations, collectivités publiques –, lancer les démarches et effectuer les travaux.
Nous étions partis sur une dizaine de toitures dans le projet, neuf sont équipées. C’est assez difficile de trouver des toitures viables. Il faut qu’elles soient bien exposées, que le flanc de montagne ou les arbres ne créent pas d’ombre, et que le réseau électrique soit de bonne qualité car ERDF refuse de payer les travaux de rénovation du réseau.

Quelle somme avez-vous réussi à obtenir ?

J. A. : Nous avons réussi à rassembler 65 200 € de la part des citoyens, d’une dizaine d’entreprises locales et des collectivités publiques. Ces dernières ont contribué à hauteur d’un tiers de la somme. Au total, ce sont 75 associés qui ont souscrit au projet.

College-saint-sauveur-de-montagut

College de Saint-Sauveur-de-Montagut

Quand les panneaux ont-ils été opérationnels ?

J. A. : La phase opérationnelle – équipement des toitures, raccordement au réseau électrique et petits travaux annexes – s’est échelonnée entre février et septembre 2015. Les premières productions ont commencé en juillet 2015. En octobre, tous les panneaux étaient en fonctionnement.

Quel bilan dressez-vous aujourd’hui de la mise en place de ce projet ?

J. A. : Tous les indicateurs sont au vert. Tout est terminé et financé, et nous avons dépassé nos objectifs de production électrique. Nous pouvons voir l’avenir sereinement et même envisager le prochain projet.

Et quel sera ce prochain projet ?

J. A. : Il s’agit de l’équipement de quatre ou cinq toitures supplémentaires. Nous refaisons une levée de fonds. La réussite du premier projet a naturellement attiré les souscripteurs. Nombreuses sont les personnes ayant investi dans le premier projet et qui veulent également investir dans le second. Nous fonctionnons avec un système de parts sociales. Preuve de la satisfaction des associés : ceux-ci peuvent, à tout moment, demander le remboursement de leurs parts, mais cela n’est jamais arrivé.

Salle des fetes Saint Etienne de Serre

Salle des fêtes de Saint Etienne de Serre

 

Article publié sur Mondial du bâtiment
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