Interview BIM Managers - Episode #16 Arnaud Desirée - Monokrom Architectes

Rédigé par

BIM Autodesk

4487 Dernière modification le 19/07/2017 - 07:39
Interview BIM Managers - Episode #16 Arnaud Desirée - Monokrom Architectes
 la série des interviews BIM Managers, nous avons le plaisir et l’honneur de nous entretenir cette semaine avec Arnaud Désirée, architecte et BIM Manager, fondateur de Monokrom Architectes qui a été primé au sein de l’Equipe ayant gagné le BIM d’argent 2016 pour les projets neufs de 5000m2 à 40000 m2 avec les agences d'architecture Valero Gadan et Renaud-Vignaud Associés.

 

Arnaud Désirée, Architecte D.P.L.G.
Monokrom Architectes
www.monokrom.fr
[email protected]

 

Bonjour Arnaud,

Merci de nous parler de ton travail d’expert BIM et de ton parcours cette semaine.

Tu es architecte de formation, pourrais-tu nous dire quelques mots sur ton parcours à titre personnel, tes études, puis ton arrivée dans la vie professionnelle ?

Bonjour Emmanuel et merci pour ton interview. Je me suis toujours intéressé au dessin, donc très tôt je me suis dirigé dans les filières artistiques en enseignement supérieur ou j’ai découvert la sculpture, le design, le graphisme et l’architecture. Suite à mon Baccalauréat Arts Appliqués, je me suis dirigé naturellement vers des études d’architecture au sein de l’école EAPB (Ecole d’Architecture de Paris-Belleville). Je trouvais que le métier d’architecte regroupait l’ensemble des disciplines étudiées en arts Appliqués et que ces études formidables étaient riches et apportaient une vraie ouverture d’esprit.

Etais-tu déjà passionné par la technologie et le numérique pendant tes études ? Ton Ecole enseignait-elle déjà la 3D ?

Oui j’étais très passionné par les nouvelles technologies depuis mon enfance. A l’époque, j’avais un Amstrad 6128 puis un Commodore AMIGA 600 et j’étais abonné à TILT Magazine où il y avait des lignes de programme en Basic pour faire des jeux. J’avais aussi un vrai engouement pour les jeux vidéos. Par contre, je n’étais pas très attiré par les consoles de jeux, même si le graphisme des jeux était de meilleure qualité, je préférais le coté bidouille des programmes informatique, l’envers du décor en quelque sorte. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de liens entre le monde des jeux vidéo et la visualisation architecturale 3D notamment par le biais des casques de réalité augmentée et les salles immersives. Les éditeurs de logiciel CAO ou BIM commencent à intégrer des moteurs de rendu dédiés aux jeux vidéo comme Stingray, Unreal ou Unity.

Ensuite, j’ai découvert l’informatique professionnelle en 1994 à l’école d’arts appliqués en terminale via Corel Draw, Adobe Photoshop et Illustrator .Quand j’ai intégré l’Ecole d’architecture Paris-Belleville, c’est à partir de la 3ème année qu’on était «autorisé » à faire des plans sur AutoCAD.

Les profs n’étaient pas très emballés par l’outil informatique. A juste titre car le rendu était très maladroit, et aussi parce qu’on commençait à apprendre la représentation graphique des plans en informatique. Pour la 3D, cela se résumait à des cours de perspective montée et de géométrie descriptive, ce qui était intéressant en soi, mais passer des heures à faire une axonométrie c’était moyen. J’ai appris la 3D avec des étudiants de ma promotion qui étaient passionnés comme Michael Belolo (Pixxl) qui maitrisait Autodesk 3ds Max et AutodeskViz. Trouvant 3ds Max trop compliqué à utiliser et à paramétrer, je me suis dirigé vers AutoCAD en exploitant des extrusions de polylignes à partir de plans créant ainsi des volumes simples.

Tout au long de mes études, je me rendais souvent au salon du MICAD (le rassemblement majeur des acteurs CAO-DAO en France). J’y ai notamment découvert 3 logiciels majeurs :

clip_image002- SketchUp en 2005, logiciel très facile d’utilisation avec une très bonne ergonomie mais les allers-retours entre AutoCAD et SketchUp étaient très laborieux.

- Puis Revit en 2002 avant qu’il ne soit racheté par Autodesk. J’ai été bluffé par la modélisation paramétrique et l’intégration des plans, des images virtuelles au sein d’un seul logiciel. A l’époque, les données avaient peu d’importance pour moi, mais le gain en temps de production de documentation de projet pour un architecte comme moi était considérable, même si d’autres outils similaires étaient déjà sur le marché. Le Bémol restait son ergonomie, et les ordinateurs pas assez puissants pour bien l’exploiter et surtout le fait que la plupart des cabinets d’architecture travaillaient sur AutoCAD et le seul outil VBM du marché de l’époque et je ne voyais pas comment ce petit logiciel indépendant pouvait se faire sa place dans le système. Par contre, une fois qu’Autodesk l’a racheté, il est devenu vraiment intéressant.

- ADT ou Autodesk Architectural Desktop, une évolution de l’AutoCAD classique mais avec des objets architecturaux comme dans Revit tels que des murs, des dalles mais tout en restant dans l’univers AutoCADien avec le DWG. Ce fut Sylvain Wiertzniak (Directeur ACTH, Expert BIM Consultant associé AAET) que j’avais rencontré au MICAD qui m’a fait une démonstration du logiciel pour la première fois. J’ai notamment pu le tester lors de mon diplôme de fin d’étude l’extension du palais de justice de Basse-Terre en Guadeloupe.

 

Pourquoi Monokrom Architectes ? As-tu beaucoup construit ou t’es-tu directement dirigé vers les services et notamment autour du digital ?

Beaucoup de personnes me posent la question. Je vous rassure, cela n’est pas dû à ma couleur de peau. Le nom MONOKROM est parti du concours d’idées international pour la réalisation du TGI sur le site de la Halle Freyssinet en 2006.

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Salle des pas perdus - TGI Halle Freyssinet - MONOKROM

 

Je m’étais associé avec Thomas-Vinh Tertrais (Architecte D.P.L.G. et mon associé actuel) et Sylvain Mazaba (Architecte D.P.L.G.). Il fallait trouver un nom fédérateur pour participer au concours et à l’époque nous dessinions sur ADT (Autodesk Architectural Desktop). Pour imprimer nos plans papier ou en PDF, il fallait utiliser les fameuses plumes CTB pour le rendu graphique. Donc, nos choix se portaient souvent sur monochrome.ctb pour faire des sorties rapides sans paramétrer des plumes pendant des heures. On a trouvé que le nom correspondait bien à notre équipe, j’ai créé le logo, et c’est ainsi qu’est née MONOKROM-Architectes.

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J’ai longtemps travaillé en agence d’architecture où j’ai appris énormément sur le travail d’architecte et sur la conception de projet, notamment chez C+H+, ARCHI5PROD, Atelier 234, Richez Associés. Puis, je me suis mis à mon compte en 2010 suite à de nombreuses demandes de particuliers de mon entourage pour des aménagements d’appartements, des extensions de maisons, des permis de construire etc... Je sortais d’un certain confort de l’agence à la réalité du métier où il fallait concevoir des projets, produire des plans, gérer les clients, entreprises, fournisseurs, faire la comptabilité, ce qui est le cas de nombreux architectes travaillant seuls.

J’ai donc essayé d’optimiser tout en commençant par ce que je maitrise le mieux : la production de plans en utilisant Revit sur mes projets. L’utilisation de Revit m’a permis d’optimiser pas mal de tâches de production de plans puisqu’on pouvait concevoir en 3D et produire des plans 2D en même temps, accompagnés de perspectives 3D. C’est surtout pour les modifications de projets ou de chantier que l’on n’était pas obligés de tout reprendre pour être à jour. C’est aussi un outil formidable de communication pour le Maître d’ouvrage et les entreprises qui ont parfois du mal à lire les plans.

Bref, j’ai travaillé de manière intensive pendant 2 ou 3 ans sur mes petits projets avec Revit. Je voulais retravailler sur des grandes échelles de projet comme l’expérience que j’avais connue en 2009.

 

Directeur de projet : Franck Tillequin (Architecte DPLG- directeur 2/3/4 Montpelier) et son chargé de projet : Yves de Pommereau (Architecte DPLG – Directeur Projet 2/3/4) étaient moteurs sur le passage de ce projet de bureaux de 43 000 m² sur Revit. Il fait partie des premiers grands projets à avoir été modélisés en France avec Revit. Encadrés par Jean-Noël Burnod (2/3/4 Responsable Informatique) pour la mise en place logistique et réseaux et par Katy Nizard (Formatrice Consultante Revit – Architecte) pour les méthodologies de travail sur Revit. Nous étions une douzaine d’architectes à travailler en temps réel sur une seule maquette centrale sur Revit, on peut dire à l’époque qu’on était en BIM niveau 1, même si on ne parlait pas encore vraiment de BIM. J’ai pu aussi obtenir ma 2ème formation sur Revit avec CADUC. L’équipe était composée de :

  • Emilie Bernard, (Architecte DPLG 2/3/4 BIM Manager)
  • Lydie Bot (Architecte DPLG chez Ateliers Jean Nouvel)
  • Sébastien Chevance (Architecte DPLG Chartier Dalix)
  • Ivan Kantchovski et Karen Severac (KcomK Architectes)
  • Marie Orhon (Architecte d’intérieur)
  • Alice Prestini, (Architecte DPLG – AREP)
  • Camille Souleau (Architecte DPLG Associée – LOMUS architectes)
  • Laurence Sou (Architecte BA_SO Architectures)
  • Marie-Laure Stefani (Architecte DPLG / Chef de projets BE - Verdi Batiment Nord-de-France)

Je travaille directement ou indirectement aujourd’hui encore avec certains sur des sujets sur le BIM ou Revit. J’ai essayé par la suite de vendre mes services d’Expert Revit à plusieurs agences parisiennes, mais la plupart avaient vaguement entendu parler de ce logiciel et elles ne recherchaient que des profils sur AutoCAD et j’avais mis en sommeil cette compétence. J’ai finalement été contacté par deux agences qui commençaient à implanter Revit dans leur mode de fonctionnement d’agence : B&B Architectes et DGLa.

 

Comment as-tu connu le BIM et Revit ?

J’ai d’abord connu le logiciel Revit pendant mes études lors du salon MICAD et ce avant qu’Autodesk ne l’ait racheté. J’étais convaincu du potentiel du logiciel dans les années à venir. Lorsque Revit est passé chez Autodesk il a pris une autre dimension avec une interface et une ergonomie plus fonctionnelles.

Quand je fus embauché la première fois dans une agence d’architecture c’était ARCHI5PROD dont le mode de production était basé sur AutoCAD. Malgré mon aisance sur le logiciel, je ne comprenais pas la perte de temps de production sur les divers documents : plan, coupes élévations d’un projet ,et sur la gestion des différentes références externes des fichiers à travers des arborescences de dossier Windows en cascades .Cette quête de l’optimisation de mon travail fut un vrai questionnement. Pas pour le fait de travailler plus vite mais surtout de travailler mieux . Quand l’agence proposa au chef de projet d’être formé sur un nouveau logiciel innovant appelé Revit, j’ai sauté sur l’occasion mais c’était réservé aux cadres et donc cela m’était exclu. Cependant, le manque de motivation de certains architectes voulant garder leurs habitudes sur AutoCAD m’a permis de prendre la place de l’un d’entre eux. J’ai donc pu obtenir ma première formation Revit en 2006 par le biais de Lineis et je fus formé par Yacine Younsi (Formateur BIM/CAO/DAO) à l’époque. Malheureusement, après la formation nous n’avons pas trop eu l’occasion de l’utiliser sur les différents projets de l’agence.

Suite à cette expérience chez ARCHI5PROD et à cette formation, j’ai intégré l’agence d’architecture Atelier 2/3/4 pour travailler sur le projet de la salle des marchés de la Société Générale qui était totalement conçu sur Revit. J’ai obtenu une 2ème formation par CADUC et je fus formé par Thierry Prevost (BIM Instructor and trainer chez ADPi).

Mais j’ai vraiment découvert Revit et son potentiel à venir avec le BIM lors des conférences Autodesk animées chaque année par toi Emmanuel Di Giacomo (Responsable Europe Développement des écosystèmes BIM Autodesk) et où j’ai pu suivre toutes tes démonstrations sur le sujet jusqu’à aujourd‘hui.

Je suis toujours les conférences sur le sujet ou des Ateliers comme Les ateliers numériques de l’Ordre des Architectes animés par Pierre-Emmanuel Chambraud (PDG EUROSTUDIO) et Olivier Celnik (Architecte, enseignant, PDG ZSTUDIO)

Ou alors lors du traditionnel séminaire PRUG (PARIS REVIT USER GROUP) où j’ai une présence assidue. Cet évènement est organisé par Jean-Paul Tréhen (Directeur Building Information Management EGIS) et Mesa Goulahs-Takaoka San (Media & Entertainment Technical Specialist, Community Manager and VR/AR specialist Datech) Et c’est animé par Stéphane Balmain (Autodesk, Technical Specialist), Julien Benoit (Legendre Construction, BIM Manager). On apprend et on échange sur les usages de Revit à travers des démonstrations d’éditeurs de logiciels ou de professionnels comme Gilbert Milard (Ingénieur d'applications AEC / Expert BIM chez Datech) qui nous présentent généralement les dernières fonctionnalités de Revit.

En tant que consultants BIM, nous sommes invités chaque année par Autodesk, afin d’émettre un avis lors des journées d’information d’Autodesk sur leur outils BIM. C’est l’occasion de retrouver d’autres BIM Manager comme : Ahmed Ryad Sbartaï (Senior project manager BIM/VDC/CIM- Expert en Rénovation Enérgétique STID), Anis Naroura (BIM Facilitator), Bruno Codron (Architecte - BIM Expert - Gérant Atelier Juno) ou Rafik Remal (Architecte Expert BIM Manager, Owner at R-BIM). C’est une occasion unique d’échanger sur notre expérience et nos pratiques BIM et sur l’utilisation des logiciels.

Mais la définition du BIM Management que je pratique aujourd’hui dans les agences, s’est précisée lorsque j’ai fait un audit de l’agence DGLa qui travaillait depuis des années sur Revit mais qui cherchait à revoir leurs méthodologies de travail sur le logiciel. Avec la complicité de Corina Mansuy Colomer (Architecte + BIM Manager & Coordinator, DGLa) et Séverin Schaefer (Architecte D.P.L.G., BIM Manager DGLa), nous avions commencé à mettre en place certains processus de modélisation d’objets Revit, et à échanger sur diverses méthodologies de travail sur les projets en cours de l’agence et à sensibiliser les architectes de l’agence sur cette méthode de travail collaborative BIM.

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Centre commercial Cap Sud Abidjan-Côte d'Ivoire, DGLa

 

Ce travail faisait suite à notre première formation continue : BIM · Concepts & Méthodologie au GEPA formés par Ahmed Ryad Sbartaï (Senior project manager BIM/VDC/CIM- Expert en Rénovation Energétique STID). C’était la première formation sur le BIM et le métier de BIM Manager en France. Parmi les architectes assistant à la formation il y avait :

Thibaut Robert (Directeur Académique du Mastère Spécialisé BIM) et José Antonio Cuba Segura (architecte, urbaniste et ingénieur de recherche BIM Manager) qui a repris au GEPA une formation que j’ai suivie dernièrement avec mes collaborateurs : BIM Management pour les architectes. Cette formation était très importante car elle m’a permis d’avoir une vision globale sur l’avenir du BIM et de me confirmer la base des expériences que j’avais acquises au travers des différentes agences comme coach Revit et BIM Manager.

 Quels sont les avantages essentiels que le BIM et Revit apportent à ton entreprise ?

Une liberté dans le processus global de mon activité en termes de gestion d’agence et de conception Projet :

Mon associé Architecte D.P.L.G. vit dans la région de Nantes à Vertou et mes collaborateurs Architectes BIM Manager sont tous indépendants avec leur propre structure à Paris. Aujourd’hui, grâce à la technologie, il est très facile de travailler à distance sur un projet. Les moyens de communication sont devenus abordables et on se parle sur Skype et Hangout. On échange des fichiers sur des serveurs communs dans le Cloud, n’importe où dans le monde. Tout ceci contribue à un travail collaboratif optimal à travers une maquette numérique intelligente et des échanges de données.

Revit nous permet de faire ce travail collaboratif à distance avec un fichier partagé collaboratif sur un serveur. Mais ce qui apporte le plus à mon entreprise, c’est la partie BIM Management qui influence notre pratique de travail entre les différents acteurs d’un projet. Ma définition du BIM est avant tout un processus collaboratif entre les différents acteurs du bâtiment, du maître d’ouvrage, en passant par l’Architecte, les bureaux d’études, entreprises et exploitants, etc...

Et le fondement de ce processus de collaboratif est la Communication :

  • Entre les divers intervenants pour éviter de travailler dans son coin.
  • La communication d’informations économiques ou de données d’exploitation liées au projet.
  • La communication graphique ou représentation virtuelle d’un projet.
  • La communication de fichiers informatiques interopérables.

Beaucoup de personnes mettent en avant la maquette numérique BIM par sa base de données numérique nécessaire et sa représentation visuelle 3D. Mais elle ne reste que la conséquence d’un processus collaboratif bien pensé en amont au service du projet.

Aujourd’hui, nous avons 3 méthodologies de travail sur un projet en BIM

  • Le BIM niveau 1 : Isoler,
  • Le BIM niveau 2 : Fédérer,
  • Le BIM niveau 3 : Intégrer

Ces trois méthodes de travail seront efficaces en fonction du projet et de l’organisation des équipes ou le montage du projet.

- Le BIM niveau 1 : Isoler est possible si vous avez au sein de votre agence une équipe de maîtrise d’œuvre composée d’économistes, ingénieurs bureaux d’études, etc... qu’on retrouve dans les grands cabinets d’architectes ou d’ingénierie anglo-saxonne travaillant sur un serveur en interne sur une seule maquette unique en fonction du projet.

- BIM niveau 2 : Fédérer chaque acteur du projet travaille dans son entreprise sur sa maquette avec son fichier au format natif qu’il transformera en IFC pour les échanges. Le risque sont les pertes d’information dans un autre format que celui du fichier natif et cela demande beaucoup de coordination et d’échange de maquettes numériques.

- BIM niveau 3 : Intégrer Chaque acteur du projet travaille dans son entreprise sur une même maquette numérique en fichier natif situé sur un serveur Cloud (serveur Web) dont le travail et l’accès se fait en temps réel entre les différents intervenants. Cela demande beaucoup de discipline et la mise en place de protocoles pour travailler ensemble. La difficulté est que pour un projet, aucun logiciel aujourd’hui à ma connaissance ne peut regrouper l’ensemble des acteurs du bâtiment à 100% dans un fichier natif. Donc, vous avez des paysagistes, acousticiens, et même des ingénieurs structure qui travaillent avec leur propre logiciel métier.

Aujourd’hui je ne pense pas qu’il faille privilégier ou imposer une méthode plus qu’une autre. Ça dépend de nombreux facteurs organisationnels de taille de projet, de montage d’équipe et de volonté des personnes.

Pour nous, l’idéal dans notre organisation est que l’on puisse lire ou importer tous les fichiers natifs d’un logiciel à un autre sans pertes et sans altérations du ou des fichier(s) d’origine, comme par exemple entre Revit et un autre outil BIM sans forcément modifier le fichier mais juste pour pouvoir le lire. Et il serait intéressant de pouvoir le faire à distance dans le Cloud, à l’instar de Collaboration for RevitMais ce sont les éditeurs de logiciel qui ont ou auront la solution à terme.

L’outil de production d’une agence est très important dans l’organisation et impacte la stratégie de travail. Avant, on produisait des plans à la main et il fallait des collaborateurs d’architectes, des gratteurs, etc... donc un workflow avec beaucoup de ressources manuelles. Ensuite, l’arrivée de la CAO dans les années 80 et surtout son apogée dans les années 2000, grâce à des ordinateurs de plus en plus performants a permis l’implantation d’AutoCAD au sein des agences. Les tables à dessin disparaissaient au fur et à mesure, remplacées par des ordinateurs et des serveurs informatiques utilisés par des architectes maîtrisant la CAO pour leur production de plans. Aujourd’hui avec le BIM et les logiciels 3D, le fait de travailler en collaboratif à travers les différents niveaux BIM changera les organisations des agences et leurs méthodes de travail.

   

D’ailleurs pourquoi Revit ?

Revit est pour moi le logiciel le plus complet aujourd’hui pour les architectes et professionnels du BTP. Modélisation et conception 3D , gestion de la documentation architecturale, donc cohérence à travers les différentes modifications en cours d’un projet et la possibilité de pouvoir faire des quantitatifs précis afin de discuter avec les différents intervenants sur l’économie du projet.

La représentation graphique 3D pour résoudre un problème avec une entreprise ou faire des perspectives pour des clients sont très avantageux. Je ne suis ni économiste pour maîtriser Excel, ni perspectiviste pour maîtriser 3ds Max et encore moins ingénieur structure maîtrisant Robot Structural Analysis. Mais Revit fait un peu tout cela correctement et le gros avantage sur ses concurrents, est que ses APIs sont ouvertes et on peut donc développer des plug-ins spécifiques en fonction de ses besoins et un autre de ses avantages est que c’est un logiciel international qu’on peut retrouver un peu partout dans les agences d’architecture dans le monde.

 

Es-tu seul au sein de ta structure ou as-tu une Equipe que tu fais intervenir dans le cadre de tes missions ?

Avant d’être BIM Manager je travaillais seul ou en collaboration sur des projets d’architecture pour des agences ou des particuliers avec Thomas-Vinh Tertrais, architecte D.P.L.G. qui travaillait pour RVA et Badia Berger. Aujourd’hui MONOKROM Architectes est structurée autour de 3 pôles majeurs :

1 - Architecture :

Thomas-Vinh Tertrais et moi-même qui travaillons sur différents projets architecturaux privés : Maisons, logements collectifs ou sur des concours publics d’équipements collectifs ou d’industrie. Nous travaillons à distance car il habite à Nantes, ce qui n’est pas un frein aujourd’hui car la technologie le permet.

2- BIM Management et Coaching Revit :

Ce sont le cœur de nos activités en ce moment. Nous accompagnons les agences d’architecture sur leur projet Revit par de l’optimisation de leur méthodologie de travail appliquée au BIM. On les conseille sur les stratégies liées au BIM d’un projet, le matériel informatique, la veille technologique. On organise les équipes avec eux, on participe aux réunions de BIM Manager en leur nom ou comme BIM Manager externe MONOKROM pour les appels d’offres.

Ma première mission de BIM Management fut chez Majorelle pour le projet du TGI de Paris conçu par Renzo Piano Building Workshop. J’avais rencontré sur un salon François Amara (Secrétaire général BIM France et Directeur BIM développement Syntetic XD) qui m’a proposé de le remplacer pour la gestion de la maquette numérique sur les 4000 pièces de mobilier du bâtiment. Depuis, je suis devenu BIM Manager pour : Valero Gadan Architectes VGA, Reneaud Vigneaux Architectes RVA, Laisné Roussel, OXO, Sou Fujimoto, SAM Architectes, Francois Leclercq, Reichen & Robert, Architecture & environnement, Cussac Architectes, SAM Architecture…

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Je travaille avec une équipe de 3 Architectes indépendants tous professionnels du bâtiment avec une grande expérience en agences et sur le workflow des projets.

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Tsaratsiry Rakotomihanta (Architecte, BIM Manager TSARA Architectures) que j’ai rencontré chez DGLa BIM Manager pour Decussac, AREP, François Leclercq

Cui Yueting (Architecte BIM Manager) François Leclercq

Et Maxime Haloche (Architecte DPLG / BIM manager - AMH) BIM Manager pour Architecture et environnement.

 

Les formations continues (à partir de Septembre)

Suite à la demande de nos clients, ainsi que d’architectes indépendants, nous mettons en place une formation intitulée « Revit gestion projet BIM ». Nous formerons les stagiaires sur leurs projets Revit en interne pour des salariés ou en équipe sur des projets collaboratifs. Nous n’oublions pas les indépendants qui pourront aussi venir avec leur propre projet.

Cette idée de faire de la formation m’a été soufflée par Jaques Sebbag (Architecte co-fondateur archi5) qui m’a proposé de faire une formation chez ARCHI 5. J’avais fait ma première formation Revit en 2006 dans son agence. Dix ans après avoir obtenu mon numéro d’agrément de formateur, je lance une formation pour 5 architectes de l’agence sur leur projet.

 

Qu’est-ce qui est le plus dur dans tes missions de BIM Management ? Le BIM est-il dur à faire éclore au sein des agences ?

Le plus dur dans les missions de BIM Management dans les agences d’architecture c’est de convaincre le dirigeant qui n’a jamais dessiné sur un outil informatique qu’il est nécessaire de se mettre au BIM pour le bien de sa société. En général, si le dirigeant ou les associés de l’agence ne sont pas motivés à passer au BIM, cela ne marche pas, même avec le bon vouloir des employés ou des directeurs d’agences ou chefs de projets.

Il faut vraiment que la dynamique vienne d’en haut. Ils ne sont pas obligés de manipuler les outils mais ils se doivent de donner un sens, une démarche et une vision d’agence sur ce sujet très important. Nous avons de la chance car nous ne ne démarchons pas trop les agences d’architecture et cela se fait la plupart du temps par le bouche à oreille ou par des partenaires comme EUROSTUDIO.

Ces agences nous appellent pour la plupart parce qu’elles démarrent un projet sur Revit imposé par X acteurs du bâtiment, ou parce qu’ils ont hérité d’un projet qui n’était pas à la base en BIM et par conséquent, le maître d’ouvrage décide de le faire passer en BIM pour des raisons données. Par notre professionnalisme et notre expérience en agence sur diverses typologies de projets, nous arrivons à nous adapter à ces différentes configurations.

Là où nous rencontrons le plus de réfractaires à passer au BIM ou à Revit, c’est avec la génération CAO de 30 à 50 ans qui sont devenus des experts sur AutoCAD et qui ne veulent pas changer leurs habitudes. Les plus jeunes sont déjà sensibilisés à la conception 3D et ont moins d’à priori et la plupart me disent “ Pourquoi utiliser AutoCAD et pas SketchUp ou Revit ?!!!

Mais nous leur répondons que Revit n’est pas un Modeleur mais un logiciel de construction et qu’il est quand même nécessaire d’avoir un peu d’expérience dans le bâtiment pour bien maitriser ce logiciel BIM correctement. Et les plus de 50 ans ont eux aussi quelques préjugés et s’intéressent plus à la partie informations et exploitation, tableaux de nomenclatures de la maquette numérique plutôt qu'à la modélisation pure.

Donc, le noyau dur à convaincre est celui de ma génération d'architectes qui sont actuellement chefs ou directeurs de projet. Le BIM étant une méthodologie de travail où il faut une vraie volonté de travailler ensemble pour en récolter les résultats. Dans les agences, on travaille généralement avec les personnes qui veulent vraiment changer leur méthodologie de travail. Notre travail surtout sur la partie coaching Revit ne marche pas si la personne est déjà à 100% réfractaire vis à vis du logiciel. Et pour les missions BIM Management quand l’un des acteurs d’un projet décide de retourner à la table à dessin lors d’un rendu APD, cela peut être ennuyeux pour l’ensemble de l’équipe du projet.

 

D’ailleurs, travailles-tu uniquement pour des structures d’architecture ou aussi des BE et entreprises ?

Je travaille uniquement pour les structures d’architecture car je vends des services dans les secteurs ou j’ai une totale maîtrise du sujet. Je peux modéliser des structures ou des canalisations et tuyaux, mais je ne sais pas comment cela fonctionne, donc j’aurais du mal à accompagner un ingénieur structure sur une modélisation Revit. Par contre, dans le cadre d’un groupement de maîtrise d’œuvre pour des projets bien précis, c’est possible. Il arrive souvent que les bureaux d’études m’appellent pour des missions d’accompagnement sur Revit, mais je ne suis pas compétent dans ce domaine. Cependant, je connaîs des ingénieurs structure comme Jonathan Renou (Associé | BIM manager | Responsable division BIM/Consulting chez Atlancad) qui a écrit le livre Revit Pour Le BIM - Initiation Générale Et Perfectionnement Structure qui est très compétent dans ce domaine.

Aujourd’hui, on recherche justement ce type de profils ingénieurs sachant modéliser sur Revit pour accompagner les BET afin de les intégrer dans notre structure. En général, il est très compliqué de trouver des ingénieurs modeleurs BIM. La plupart des ingénieurs calculent mais ne dessinent pas, et modélisent encore moins. Ils font appel à des sous-traitants, ce qui casse parfois le workflow d’un projet. Et pour accompagner les agences il faut une expérience métier, être pédagogue car c’est très important. J’ai déjà vu des experts sur Revit mais pas très communicants ou des stars du conseil qui ne manipulent jamais l’outil.

 

Continues-tu toujours à faire de la conception ?

Oui je continue toujours à faire de la conception avec Thomas-Vinh Tertrais mon associé. J’ai la chance de travailler pour de grandes agences d’architectures et sur de très beaux projets.

Dans une semaine type, je peux travailler sur une ZAC de 68h Euroméditerranée II, L'extension / Marseille (13) avec l’agence François Leclercq, ensuite sur des Bureaux avec terrasses & activités à Nice Méridia avec Laisné Roussel et sur un Groupe scolaire dans le quartier de l’Épine à Lille avec SAM Architecture et de finir à travailler sur un concours d’extension de l’usine Zodiac à Loches avec Thomas-Vinh Tertrais et Quatorze IG. Le fait de travailler sur tous ces projets est très enrichissant, on les accompagne sur Revit mais on apprend énormément auprès de ces agences.

Nous avons livré une maison de 300 m² à Montreuil et nous avons un chantier en cours avec Quatorze IG de l’extension de l’usine Zodiac de Loches et nous avons d’autres projets de logements en cours. Notre but est que les maîtres d’ouvrage nous confient leurs projets et qu’on puisse les réaliser avec une méthodologie BIM.

 

Quels sont les services que tu proposes essentiellement à tes clients ? Modélisation, accompagnement, formations, création de familles, autres ?

Les services que l’on propose aux agences, sont essentiellement du coaching sur Revit, ce qui se traduit par un accompagnement des chefs de projets sur leurs projets. On leur apprend des méthodologies de gestion de projet et de modélisation paramétrique afin d’optimiser leur projet en BIM.

Le BIM Management fait partie intégrante de nos missions car nous accompagnons les agences dans le développement du BIM dans l’entreprise. On organise les équipes, on les conseille sur leur contrat et on participe avec eux sur certains appels d’offres comme co-traitant.

Nous avons aussi des services de BIM Modelers qui produisent des modèles BIM Ready à partir de nuages de points que l’on propose aux architectes pour des projets de réhabilitation. La maquette est modélisée en BIM niveau 1 avec un LOD 300 (niveau de détails) et avec l’information nécessaire contenue dans le modèle BIM. C’est un modèle BIM prêt à l’emploi pour commencer un projet. On réalise cette prestation pour les géomètres ou les maîtres d’ouvrages.

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On fait de l’assistance à maîtrise d’ouvrage sur certains projets quand on nous le demande. On a diverses missions de consultant BIM auprès des entreprises du bâtiment et de sociétés travaillant dans le BIM comme Polantis et sur des évènements ou Sightline au début de leur création.

Et pour les créations de familles et de gabarit, on le fait quand cela rentre dans le cadre du projet. On peut créer aussi des familles spécifiques aux industriels uniquement sur Revit mais aujourd’hui, il y a de nombreuses plateformes pour trouver des familles Revit sur le web notamment le site Polantis ou BIMobject qui proposent des bibliothèques d’objets BIM d’industriels français et internationaux. Il y a aussi un très bon livre sur les familles Revit « Les familles de Revit pour le BIM » écrit par Vincent Bleyenheuft (Architecte, Consultant BIM et Revit).

 

Quels sont tes plus beaux souvenirs de travail en mission BIM Management, et notamment les plus beaux projets ?

 Mes plus beaux souvenirs en mission de BIM Management sont pour commencer ma première mission de BIM Manager effectuée chez Majorelle. J’étais responsable de la gestion du modèle BIM et des 4000 objets du mobilier sur le projet du TGI de Paris de Renzo Piano Building Workshop (RPBW). Majorelle avait la mission de space planning sur l’ensemble de l’opération. La mission de gestion des différentes maquettes numériques du TGI et de la partie économique du mobilier était très enrichissante.

Le projet des 151 logements à Sceaux dont on a obtenu le BIM d’argent était aussi très gratifiant avec l’agence d’architecture Valero Gadan Architectes et RVA où la directrice d’agence Françoise Grabli (architecte D.P.L.G.) avait une vraie volonté et démarche pour faire passer l’agence à Revit afin de travailler sur des projets BIM.

Le projet de Bureaux de Nice Mérida avec l’agence d’architecture Lainé Roussel très intéressant en termes de projet architectural. Ce projet au départ n’était pas pensé en BIM. On a fait appel à mes services afin dans un premier temps d’accompagner la chef de projet Marie-Aglaé Boukouvalas (Architecte | Designer) pendant son passage d’AutoCAD à Revit, et par la suite pour accompagner l’ensemble des acteurs du projet. La maitrise d’ouvrage Pitch Promotion, le bureau d’études OTEIS et les architectes avaient une vraie volonté de porter le projet en BIM. J’étais agréablement surpris de la qualité du modèle BIM.

J’apprécie les projets de ZAC de plan guide et de fiche de lot, avec des projets comme Euroméditérranée II, L'extension / Marseille (13) avec l’agence François Leclercq ou l’aménagement de la ZAC des côteaux de la Marne à Torcy par l’agence Reichen et Robert où l'on réfléchit sur les enjeux du BIM à l’échelle urbaine et d’une commune, la détection des réseaux existants à modéliser, le scan du bâti existant sur l’ensemble d’un territoire, et enfin comment la ville et les citoyens peuvent exploiter ces données et les questions sur les Smart Cities et la ville numérique.

Le dernier projet sur lequel nous travaillons est un nouveau campus de bureaux de 136000m² qui sera le plus grand programme jamais construit en bois massif dans le monde. Il se situera à Nanterre – La Défense sur une ancienne friche industrielle qui accueillera un grand parc de 9 hectares en bord de seine. Sur cette opération, nous sommes BIM Managers pour les deux agences d’architectures Laisné Roussel et l’Agence François Leclercq qui partagent une maquette Revit.

 

Un mauvais souvenir peut-être ?

Je n’ai pas de mauvais souvenir sur nos prestations de BIM Management en général car on nous appelle parce qu’il y a une vraie volonté d’être accompagnés dans ce nouveau processus de collaboration BIM. Nous sommes à l’écoute des besoins et des angoisses sur le sujet et le fait que nous pratiquions toujours le métier d’architecte les rassure.

La seule difficulté que l’on puisse rencontrer est quand on arrive sur des projets en pleine phase études et qui n’étaient pas conçus en BIM au départ. Comme l’exemple du pôle d’échanges multimodal de la gare de Rennes (AREP).

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AREP, pôle d’échanges multimodal de la gare de RENNES (AREP) Modèle BIM N2 - Revit

Un projet architectural très complexe liant la réhabilitation de l’existant avec un projet architectural très audacieux. Nous sommes intervenus avec Tsaratsiry Rakotomihanta (Architecte, BIM Manager TSARA Architectures) en fin de DCE. Vu la complexité du projet, il était nécessaire de passer le projet sur Revit. Nous devions modéliser et intégrer les données d’une partie du projet tout en accompagnant les 5 chefs de projet sur Revit mais ils n’avaient jamais modélisé sur le logiciel. Il y avait beaucoup de challenges avec la gestion des différentes maquettes et fichiers constituant la maquette finale : interface du métro modélisé par EGIS en Revit, la structure des ingénieurs (sur AutoCAD 3D) des réseaux en partie en IFC, une partie du projet modélisé par Benoit Quagliozzi (Architecte D.P.L.G. / Artiste peintre AREP) sur SketchUp et donc il fallait faire une synthèse de tout cela en modélisation, ce qui nous a permis de détecter des incohérences sur le projet avant le chantier qui ont été résolues grâce à la maquette numérique.

 

Peux-tu nous parler de la belle aventure du projet des 151 logements collectifs à Sceaux (Hauts-de-Seine). Quel a été le contenu et l’ampleur de la mission ? Cela fut passionnant ?

Ce fut une expérience passionnante et enrichissante en effet. Au départ Françoise Grabli (Associée et Directrice d’agence VGA) a fait appel à nos services pour l’implantation de Revit au sein de l’agence VGA pour concevoir des projets BIM. J’ai commencé à accompagner les chefs de projets sur des projets en cours de l’agence. Quand Françoise m’a parlé du concours des 151 logements à Sceaux, elle m’a invité à une réunion d’information pour le concours chez le Maitre d’Ouvrage France Habitation.

Parmi les 4 équipes retenues, chacune était venue avec son BIM Manager. D’où la surprise de voir Mohamed Khettab (PDG HEXABIM | BIM & Web), Jean-Baptiste Valette (Directeur adjoint Ingénierie Avancée - Ingénierie Modélisation et Projets (Grands Projets et Développements BIM VCF - VINCI), Antoine Morisetti (Architecte DE - BIM Manager – Atelier BLM) et avec Tsaratsiry Rakotomihanta (Architecte, BIM Manager TSARA Architectures) qui travaille avec moi pour Decussac. Tous ces BIM Managers se connaissaient puisque nous avions a l’habitude d’échanger sur nos méthodologies de travail Revit et le BIM en général dans des forums ou lors de salons spécialisés sur le sujet .Nous ne communiquions pas trop sur nos projets gérés dans les agences car on est soumis de la part de nos clients a une confidentialité totale.

Il y avait énormément d’attente de la part de France Habitation pour ce concours de 151 logements à Sceaux qui était assisté par BIMtech. Parmi les demandes, il y avait une vidéo immersive, une vidéo de présentation, l’impression d’une maquette 3D, une insertion de 60 % des données BIM du maitre d’ouvrage dès la phase concours, donc un très gros cahier des charges.

Ma mission de BIM Management était d’accompagner et de rassurer l’équipe de Maitrise d’œuvre sur les objectifs du BIM à atteindre pour le concours de Sceaux.

La principale crainte de Bernard Valero (Architecte Associé VGA) et de Dominique Renaud (Architecte associé RVA) était que la méthodologie BIM puisse prendre le dessus sur le projet d’architecture. Nous les avions rassurés en leur démontrant que le BIM est au service de l’architecture.

L’équipe de maitrise d’œuvre était constituée de :

  • L’agence VGA Directrice de projet Anaïs Estrade, (Architecte Urbaniste)
  • L’agence RVA Directeur de projet Sébastien Lequeux (Architecte),
  • Bureaux étude EPDC Chef de projet David Thouvenin
  • IETI : Florent Mandereau (Ingénieur thermicien)
  • AVEL : Directeur de projet Sylvain Martin (Acousticien)
  • Entreprise Paris Ouest : Directeur technique Xavier Tournillon et Directeur des études Philippe Petit,
  • Asylum perspective et film de présentation (Laure-Anne Chastelain)
  • BIM Management : Monokrom

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Nous avons commencé par imposer à l’ensemble de l’équipe de travailler sur Revit pour permettre des échanges en fichier natif sans à avoir de pertes d’informations.

On a ensuite écrit une charte de modélisation sur Revit pour l’équipe de maitrise d’œuvre.

Afin de respecter cette charte, nous avons proposé aux membres de la MOE de s’entourer d’un BIM Manager, d’un coordinateur BIM ou d’un référent BIM en interne pour la mise en place du cahier des charges BIM de France Habitation dans chaque domaine :

  • VGA : Antonio Calabrese (BIM Manager, architecte chez Atlancad)
  • RVA: Barbora Gezeova (Architecte HMNOP, BIM Manager)
  • EPDC : Olivier Juan, (Ingénieur CVC – PB)
  • POC : Philippe Petit, (Directeur des études)
  • ASYLUM : Ludovic ASSAHORE

Au début, ils étaient très sceptiques sur la démarche. Pourquoi le BIM ? Comment fait-on ? Etc... Puis, une fois que tout a été mis en place, les échanges étaient plus fluides, grâce notamment à la plateforme collaborative que nous avions mis en place : Autodesk A360 (BIM 360 TEAM) et ils ont adhéré a cette méthodologie. Je croise d’ailleurs certains membres du projet lors de salons professionnels et ils me disent qu’il continuent à l’utiliser sur d’autres projets BIM. Aujourd hui c’est Rafael Garcia BIM Manager et Otto Kus qui suivent le projet.

 

Comment as-tu vécu la victoire du BIM d’argent et est-ce que cela a changé quelque chose dans ton quotidien ?

J’étais très heureux d’avoir obtenu ce prix, surtout que c’est mon premier prix dans mon métier en tant qu’architecte, donc cela a une valeur symbolique. Et cela valide surtout le travail que l’on fait au quotidien dans les agences et pour mes équipes aussi. Un prix est très important dans le cadre du BIM Management comme il n’y a pas vraiment de certification officielle. Au moins, cela le mérite d’être reconnu par les professionnels du BTP. Après, ce prix ne m’est pas uniquement destiné. Il y avait un beau projet de logements au final avec une équipe de maitrise d’œuvre volontaire dans la démarche BIM et une maitrise d’ouvrage qui avait des objectifs BIM bien précis.

Aujourd’hui, ce trophée permet de valider publiquement ce statut de BIM Manager. Tu as beau être connu parmi les 50 BIM Managers de France, si tu n’as pas de prix ou de certification c’est difficile de travailler par la suite avec des personnes qui ne connaissent pas ton travail.

 

As-tu quelque chose de particulier concernant ton parcours ou ta structure que tu aimerais nous révéler ?

MONOKROM – Architectes a une vision du métier d’architecte très artisanale avec des processus de conception d’organisation et de gestion moderne et innovante.

Nous aimons cette proximité avec nos clients et nos collaborateurs afin d’apporter des réponses concrètes a des problèmes donnés. Les nouvelles technologies nous permettent de travailler plus librement. On communique beaucoup entre nous pour des échanges sur les projets ou sur de nouvelles optimisations de travail liées à notre fonctionnement ou sur des projets BIM, sans pour cela avoir besoin de locaux .Nous ne sommes pas une agence virtuelle, mais la dématérialisation de l’agence d’architecture est assumée et on s’inscrit dans ce mouvement de travail collaboratif au-delà de l’architecture au travers de tout ce qui tourne autour coworking ou de l’économie collaborative encourageant l'échange et l'ouverture.

Que penses-tu de l’évolution du BIM en France depuis ces dernières années ?

Je trouve que l’évolution du BIM en France est très encourageante. On le voit surtout au travers de l’engouement dans les salons professionnels comme BIM World, Meeting BIM et bien d’autres qui arrivent chaque année. Je suis membre de Mediaconstruct et j’assiste chaque année au BIM’s DAY qui fait un point politique de la situation du BIM en France. Il y a des ateliers très intéressants sur les chartes et les protocoles, mais aussi sur les assurances ou les décisions politiques à l’échelle nationale. On parle d’objets génériques, d’un protocole de base pour tous les projets. Je pense que la rapidité de l’évolution du BIM en France dépendra des motivations des professionnels du bâtiment. Je suis contre l’obligation même si cela risque d’arriver pour une certaine taille de projets publics mais il faut plutôt que cela soit pour encourager. Obliger des professionnels à utiliser des méthodes de travail pour qu’il travaillent entre eux est contre-productif.

Aujourd’hui en France, tout est mis en place pour savoir si le BIM est bénéfique ou pas pour l’intérêt de votre société. Il y a des blogs, des salons, des initiatives politiques, des organismes reconnus qui communiquent sur le sujet, des projets exemplaires dans tous les domaines, des consultants, experts ou formateurs. Le BIM n’est pas une révolution c’est juste une évolution de notre métier qu’on l’accepte ou non. Chacun est libre de faire un projet avec des outils informatiques ou au crayon à papier ou au Rotring. Mais pour travailler correctement aujourd’hui, il faut au moins faire l’effort de travailler sur des outils qui permettent une certaine interopérabilité entre les différents acteurs du bâtiment et je pense que le BIM est la meilleure méthodologie en ce moment pour cela. Lire la suite sur ABCD Blog 

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