Ilots de chaleur, canicules et arrosage urbain : une technique pour rafraîchir les villes de demain?

Rédigé par

Sophie Parison

Doctorante

7367 Dernière modification le 17/07/2018 - 09:51
Ilots de chaleur, canicules et arrosage urbain : une technique pour rafraîchir les villes de demain?

Pour lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain, depuis 2013, la Mairie de Paris expérimente le rafraîchissement d’urgence pour la population, par arrosage de l’espace public lors de vagues de chaleur.

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Le cœur de Paris plus chaud de 3°C

En raison de son importante concentration d’activités, de sa faible présence de végétaux, de l’imperméabilité et de la couleur sombre de ses sols ainsi que de la pollution, le cœur de Paris est plus chaud de 2 à 3°C sur l’année que sa périphérie. Ce phénomène, appelé « îlot de chaleur », est particulièrement préoccupant lors de vagues de chaleur, puisque cette différence peut atteindre les 8°C et engendrer de graves conséquences sanitaires.

Si la canicule parisienne ne concerne aujourd’hui que quelques jours de l’été, leur fréquence et leur intensité sont vouées à augmenter fortement dans les années à venir, conséquence directe du changement climatique.

L’arrosage urbain : une solution sanitaire d’urgence

Dans le cadre du volet d’adaptation au changement climatique du Plan Climat de Paris, pour lutter contre les îlots de chaleur, la Ville de Paris a décidé d’expérimenter, depuis 2013, l’arrosage des rues lors de journées particulièrement chaudes.

Cette technique, qui consiste simplement à déverser de l’eau sur le sol, est utilisée de façon traditionnelle dans certains pays du pourtour méditerranéen ou au Japon et permet de rafraîchir la population efficacement. Pour le cas de Paris, l’arrosage s’appuie sur l’emploi d’une ressource locale en eau distribuée grâce au réseau d’eau non potable de la Ville, utilisé quotidiennement par ailleurs pour le nettoyage des voiries.

Comment procède-t-on ?

Dans un premier temps, une zone de test a été développée sur la rue du Louvre, située en plein cœur urbain, peu arborée et fortement ensoleillée. Par temps très chaud, le trottoir et la chaussée rue du Louvre sont arrosés à l’eau non potable grâce au passage de laveuses et de lanciers. Deux fréquences de passage différentes sont testées le matin et l’après-midi, et l’effet sur le confort thermique est ensuite mesuré grâce à des stations météos placées sur l’espace public.

Des effets bénéfiques sur les températures ressenties par le piéton

Le retour d’expérience acquis depuis 2013 a permis de démontrer que l‘arrosage des sols a des effets bénéfiques sur le confort thermique des passants. En moyenne, il permet de diminuer la température de surface du sol d’une quinzaine de degrés au soleil, et la température ressentie par le piéton jusqu’à 2,8°C. L'arrosage permet également de fortement réduire le stockage de chaleur par la chaussée.

Quelle poursuite du projet ?

Une nouvelle campagne d'arrosage a de nouveau été initiée pour l'été 2018, toujours sur la rue du Louvre. Celle-ci visera notamment à réduire la consommation d'eau du procédé, bien que cette dernière reste marginale par rapport à la ressource en eau non potable disponible d’une part, et d’autre part aux petites surfaces arrosées et au peu de nombre de jours concernés dans l’été.

Un projet s’inscrivant dans une démarche plus globale

Une étude concernant le repérage des « zones les plus chaudes de l’espace public » est actuellement conduite à la Mairie de Paris. Cette étude, intégrant des indicateurs physiques, urbains et socio-économiques, permettra d’identifier les sites prioritaires nécessitant un rafraîchissement d’urgence au cours de l’été. La technique d’arrosage sera donc amenée à être réemployée sur différents sites lors des futurs étés.

En parallèle, une autre étude, portant sur l’impact des revêtements de voirie en eux-mêmes sur le confort du piéton, est en cours. De nouveaux matériaux innovants permettant de limiter l’effet de la chaleur sur la population sont testés, comme par exemple des matériaux poreux, particulièrement intéressants pour les synergies possibles avec le projet de zonage pluvial de la Ville, ou encore des matériaux réfléchissants. 

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