Green Solutions Awards : les tendances quartiers

Rédigé par

Nadège Rigaudeau

1998 Dernière modification le 20/07/2017 - 09:39
Green Solutions Awards : les tendances quartiers
Cette année, 11 quartiers français concourent aux Green Solutions Awards - Quartiers. Conçus selon les principes du développement durable, ces quartiers se veulent attractifs, respectueux de l’environnement et vecteurs de mixité sociale. Extension, réhabilitation ou renouvellement, les quartiers candidats répondent à des enjeux urbains majeurs : la mixité sociale et fonctionnelle, la qualité des espaces publics et bien sûr la protection de l’environnement.

L’écoquartier comme vecteur de lien social et spatial

Certains écoquartiers présentent une forte dimension sociale. En effet, la requalification est l’occasion de réhabiliter et de diversifier l’offre de logements ; et d’accueillir une population aux profils variés. La dimension sociale se traduit aussi par les actions de concertation de la population sur le projet du quartier, ou encore sur la préservation de l’identité du lieu.

La gouvernance : des partenaires toujours plus nombreux 

La construction ou la réhabilitation d’un quartier nécessite souvent l’association de partenaires publics, privés, institutionnels ou encore associatifs afin de répondre à l’ensemble des enjeux du développement durable. Parmi les candidats city français du concours 2017, les porteurs de projets sont souvent issus du secteur public, même si la gouvernance est généralement mixte.

C’est le cas par exemple de l’écoquartier du Val Fourré (cf photo), porté par la ville de Mantes-la-Jolie. Ce projet a bénéficié d’une convention ANRU (Agence nationale de renouvellement urbain) en 2005, puis de la création d’un établissement public baptisé EPAMSA (Etablissement public d’aménagement du Mantois Seine Aval). Chargé de la coordination opérationnelle du projet « Mantes en Yvelines » et de la mise en œuvre des principales opérations d’aménagement, de restructuration urbaine et de développement économique, l’EPAMSA a permis d’assurer le lien entre les acteurs d’un projet global.

Pour l’écovillage des Noés, la ville de Val de Reuil a fait appel à SILOGE, première entreprise privée sociale de l’habitat du département de l’Eure. Celle-ci a mobilisé de multiples partenaires pour assurer la réussite d’un projet complexe, notamment l’ADEME, l’Union européenne, le Département de l’Eure, la Caisse des Dépôts de Consignations ainsi que des associations locales.

Lille Métropole a créé SORELI, une Société anonyme d’économie mixte de rénovation et de restauration, destinée à assurer l’aménagement et la construction des projets de la Métropole. SORELI a ainsi porté le projet Fives Cail, la réhabilitation d’un ancien site industriel. Sur l’île de la Réunion, c’est CBo Territoria, une société anonyme acteur global de l’immobilier, qui a porté le projet de la ZAC Beauséjour, initiée par la commune de Sainte-Marie. La ZAC a fait l’objet d’un partenariat continu entre l’ensemble des acteurs associés.

Dans le cadre de la réhabilitation du campus de Lyontech la Doua, c’est l’université qui porte le projet. Les campus universitaires sont vecteurs d’attractivité, d’innovations et doivent être réhabilités pour assurer le confort de ses usagers et rester compétitifs dans leur offre de formation. Les universités vont donc devenir des maîtres d’ouvrage majeurs dans les années à venir.  

Ainsi, les quartiers candidats ont tous été initiés par des collectivités locales ou territoriales. Celles-ci ont ensuite fait appel à des porteurs de projets privés ou parapublics avec des compétences et un savoir-faire spécifiques dans la construction et l’aménagement du territoire. Cette gouvernance complexe permet d’appréhender les différents enjeux du projet et de véritablement ancrer le quartier sur le territoire. 

Une identité à préserver et une histoire à raconter

Certains quartiers candidats aux Green Solutions Awards 2017 ont été construits ex-nihilo, comme c’est le cas de la ZAC Beauséjour. Les autres ont une histoire qui a forgé l’identité du lieu. Les collectivités et les porteurs de projet ont cherché à préserver ce passé tout en réhabilitant ou requalifiant un quartier.

Le quartier fives Cail (cf photo) porte la mémoire d’un siècle et demi d’activités industrielles. Fermé en 2001, ce site de 17 hectares accueille des bâtiments industriels monumentaux à fort potentiel de valorisation. Tout l’enjeu est donc de mettre en œuvre un programme de renouvellement urbain à partir de l’existant, tout en optimisant les qualités et les valeurs sociales et culturelles du site.

Pour l’écovillage des Noés (Val de Reuil), l’identité restait à créer. Les objectifs sont de valoriser le patrimoine local de cette ville nouvelle créée dans les années 70, et de faire naître une identité par l’implantation de services telle qu’une crèche ou une halle bio ; mais aussi par le maintien de la ripisylve (végétation au bord d’un cours d’eau) et de zones de cultures maraîchères.  

Bien plus qu’un bâtiment, un quartier est un lieu de vie, d’interactions sociales que partagent des habitants au quotidien. Ces quartiers sont des entités à part entière de la ville et de l’histoire de la région. C’est pourquoi l’identité du quartier est un enjeu majeur dans cette opération, pour les habitants comme pour les métropoles.

Objectif mixité sociale

Au-delà de la préservation de l’environnement, la réhabilitation ou la requalification d’un quartier obéit à des objectifs de mixité sociale et d’amélioration du cadre de vie.

Le renouvellement du quartier du Val Fourré a par exemple permis de diversifier l’offre de logements qui était jusque-là majoritairement sociale. Une partie des logements sociaux a été détruite au profit d’immeubles et de maisons de typologies différentes, tout en assurant le relogement des habitants actuels. Cette mixité de logements induit également une mixité d’habitants qui, à leur tour, peuvent générer une diversification d’activités.

Dans la même optique, l’éco-cité Zenata (Maroc, cf photo), est une ville de services qui a pour ambition de résorber les déséquilibres socio-économiques entre l’Est et l’Ouest du Grand Casablanca par la création d’emplois à forte valeur ajoutée.

La ZAC Beauséjour est un projet d’extension urbaine qui a intégré la mixité sociale dès la phase de conception. Des résidences séniores, sociales et privées, à l’architecture identique mais à la typologie diversifiée, ont été implantées. Ces logements sont complétés par l’intégration d’une crèche, de lieux de travail, d’espaces publics équipés et de commerces ; qui garantissent une qualité de vie à l’ensemble de la population.

  

La population comme intervenant du projet 

 La construction ou la réhabilitation d’un quartier est une opération complexe qui vient s’intégrer dans un tissu urbain déjà établi. La concertation de la population est alors indispensable pour cerner les besoins des habitants et de communiquer autour du projet. Le processus de concertation permet également de réunir l’ensemble des acteurs d’un projet autour de la table dans un cadre moins institutionnel et de les faire travailler en coopération.

Lors de la réhabilitation de la Cité du Centenaire (Belgique, cf photo) et dans le cadre de l’aménagement des abords, une concertation a été organisée avec les impétrants, l’Intercommunale de gestion des déchets (l’ICDI), le service trafic de la police de Charleroi et les représentants de la ville en vue de la rétrocession des voiries à la ville de Charleroi. Suite aux contacts échangés avec l’ICDI et en s'appuyant sur les dispositifs prévus sur le site, des éco-conseillers spécialisés seront chargés d’informer les habitants du quartier sur les pratiques visant à limiter la production des déchets.

Pour le projet lillois Fives Cail, des ateliers urbains ont été organisés dès 2005. Puis, en 2010, une concertation réglementaire (création de la ZAC, enquête publique) rassemblant les habitants et usagers du quartier de Fives, de Lille et au-delà, a été mise en place ; et relancée en 2015.

La ville de Beauséjour (Ile de la Réunion) a, quant à elle, reçu le prix du projet citoyen 2014. Pour Marie-Françoise Manière, présidente de l’UNSFA : « Beauséjour est vraiment exemplaire : concertation globale, qualité de la mise en œuvre et des réalisations, innovation… On a tous été séduits par ce projet ».

Le succès des labels et des certifications 

Afin de valoriser et de s’assurer de la qualité de leur projet, de nombreux candidats se sont engagés dans une démarche de labellisation. L’obtention d’un label ou d’une certification permet de se différencier des autres quartiers et de s’assurer du soutien de l’Etat. Parmi les candidats quartiers des Green Solutions Awards, les porteurs de projet se sont orientés vers 2 types de label : Ecoquartier et AEU2.

Le Val Fourré, Hikari, Fives Cail, le Jardin des Baseilles (Belgique) et la cité du Centenaire (Belgique) se sont engagés dans la labellisation écoquartier. Cette démarche est portée par le ministère du Logement et de l’Habitat Durable qui s’est doté d’un référentiel en matière d’aménagement durable. Lancée en 2008, cette labellisation en 4 étapes permet aux candidats d’être accompagnés tout au long de la démarche et de réorienter leur projet au fil du temps.

Le premier îlot urbain à énergie positive Hikari a, en plus du label Ecoquartier, bénéficié de la politique volontariste de Bouygues Immobilier qui s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue de la qualité technique et architecturale de ses immeubles.

L’écocité de Zenata au Maroc et la ZAC Beauséjour se sont orientées vers le label AEU2, l’Approche Environnementale de l’Urbanisme. Divisée en 4 étapes tout comme le label Ecoquartier, cette démarche se démarque par d’importants retours d’expériences et des principes d’évaluation du projet. Portée par l’ADEME, l’AEU se veut résolument tournée vers la mise en œuvre opérationnelle.

A une plus grande échelle, le campus de Lyontech la Doua s'inscrit dans la démarche HQE rénovation bâtiments tertiaires. Le but du projet est en effet d’obtenir la labellisation écocampus sur l’ensemble des bâtiments de l’université. Un projet ambitieux, qui, à terme, pourrait peser positivement sur le bilan énergétique de la métropole lyonnaise.

Les quartiers candidats aux Green Solutions Awards 2017, qu’ils soient labellisés ou non, suivent les principes du développement durable : économie, social, environnement. Au-delà de la construction ou de la rénovation de bâtiments, ces quartiers intègrent une forte dimension sociale dans leur projet ; tant dans la concertation que dans la mixité sociale et fonctionnelle. Véritables vecteurs de lien social, ces quartiers participent aujourd’hui à la ville durable de demain !

 



Découvrir le rapport des tendances bâtiments des Awards 2017

 

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