Green Solutions Awards 2017: le bas carbone a la cote

Rédigé par

Sylvain Bosquet

Responsable Web editorial

4455 Dernière modification le 21/07/2017 - 09:00
Green Solutions Awards 2017: le bas carbone a la cote
L’un des rôles majeurs des Green Solutions Awards est de promouvoir les techniques et innovations dans le monde de la construction durable. Chaque candidat est une source d’inspiration pour les professionnels. Découvrez les grandes tendances 2017 dans la catégorie Bas Carbone.

La chasse au carbone est ouverte. Les 35 candidats Bas Carbone des Green Solutions Awards 2017 rivalisent de créativité pour résoudre le problème des émissions de CO2 dans le bâtiment, qu’il s’agisse des émissions à l’usage comme à la construction pour prendre en compte toutes les énergies grises : végétalisation, puits de carbone, matériaux biosourcés ou recyclés, économie circulaire, énergies renouvelables… 

1- La végétalisation au service de la décarbonation

Qui capture le carbone mieux que les plantes ? Ce simple constat explique pourquoi beaucoup de bâtiments qui veulent réduire leur impact carbone choisissent la végétalisation. En utilisant la photosynthèse, ils bénéficient d’un certain nombre d’avantages :

  • Absorption du CO2 émis par le bâtiment
  • Purification de l’air
  • Rafraîchissement naturel en été (pour une façade végétale ou des écrans végétaux bioclimatiques)
  • Possibilité de récupération des eaux de pluie (pour les toitures végétalisées)

Si l’effet de puits carbone reste minime avec les murs et toitures végétalisés, et que certains y ont vu du greenwashing, les bénéfices de cette solution sont aujourd’hui démontrés. Reste peut-être la question de la maintenance et de son coût.

Retrouvez ici les bâtiments candidats aux Green Solutions Awards 2017 qui ont mis en avant cette solution :

2- Exploiter les énergies renouvelables

Une autre évidence du bas carbone : on peut réduire son impact en utilisant plus d’énergies renouvelables. Le solaire, l’éolien, le micro-hydraulique, la géothermie… Depuis quelques années, le secteur met en œuvre pléthore de systèmes pour récolter ces énergies renouvelables. Un bâtiment allemand et un bâtiment américain illustrent cette conception du bas carbone focalisé sur les consommations à l’exploitation : Zero emission et le Brock Environmental Center sont deux bâtiments à énergie positive qui reversent une partie de leur production renouvelable (en l’occurrence des panneaux photovoltaïques) dans le réseau urbain, ce qui diminuera de nouveau l'apport en carbone du bâtiment.

Mais cette vision partielle n’inclut ni le bilan carbone du bâtiment en amont (à la construction), ni en aval (à la déconstruction). D’autres candidats tentent de répondre à cette problématique qui fait débat parmi les experts.

3- Des matériaux bas carbone ?

Généralement, on voit le bois comme le matériau bas carbone par excellence. Tout dépend du chemin qu’il a dû parcourir pour arriver sur le chantier, ou de l’impact carbone de sa transformation en matériau. Certains des candidats des Awards 2017 qui ont choisi le bois ont porté une attention particulière à sa provenance. Les filières locales voire nationales ont été privilégiées comme pour Biodiversum, réalisation luxembourgeoise ou la Résidence 42 en Allemagne.

Autres matériaux considérés comme bas carbone : les biosourcés. Ecobatys, bâtiment démonstrateur pour les filières locales de Bretagne, a été construit avec des matériaux biosourcés et géosourcés, dont 90% sont recyclables : parement en granit, bardages en chêne et châtaignier, isolation paille, cloisons en terre. En Espagne, c’est HuloHaus qui présente des solutions biosourcées avec une isolation en laine de bois et coton recyclé. Plus exotique, la Maison des Yvelines construite par la Voûte Nubienne au Sénégal. Cet édifice a été construit selon une méthode de construction millénaire connue en Haute Egypte qui utilise la terre crue pour produire des briques. Ce procédé, en plus de puiser ses ressources localement, permet d’employer les populations locales.

Retrouvez ici quelques bâtiments candidats aux Green Solutions Awards 2017 qui ont mis en avant cette solution :

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4 – Décarboner les chantiers

Dans cette optique, Le Groupe scolaire de Blénod lès Touls a préféré minimiser le temps d'installation ainsi que la période de chantier, avec comme objectif une réduction d'émissions carbone significative lors de la livraison du bâtiment. Pour cela, les modules utilisés lors de la construction ont été préfabriqués en usine afin de faciliter leur intégration sur site.

5 - Economie circulaire

L’économie circulaire, le réemploi et la mise en œuvre de matériaux recyclés comme la prise en compte de la déconstruction font leur chemin. En Croatie, l’enveloppe de la maison Eco-Sandwich est entièrement réalisée en panneaux produits à base de déchets de construction, ainsi que d'autres matériaux préalablement recyclés. L'ingéniosité de la solution ? Ces même panneaux sont potentiellement entièrement recyclables, générant un cycle quasi infini du matériau.

D’autres candidats ont choisi de renouveler des matériaux classiques comme le béton.
C'est le cas de la Plateforme Décathlon, qui utilise un béton à base de granulats recyclés issus de hauts fourneaux (cf. Rabot Dutilleul et Les Carrières du Boulonnais s'associent pour une économie circulaire). Cette récupération constitue la 1ère opération d'économie circulaire des Carrières du Boulonnais qui, par là-même, propose une solution pour préserver les ressources en sable, élément classiquement constitutif du béton. Aucun forage ni extraction n’a été nécessaire pour produire ce béton.

6 – Les labels pour guider la démarche

Parmi les candidats, 6 ont choisi de suivre la démarche bas carbone à travers un label ou une certification : en l’occurrence les labels BBCA et E+C-. Le premier a été lancé en 2015 en parallèle de la COP21 de Paris pour focaliser le bâtiment non plus sur la seule efficacité énergétique mais pour introduire une vraie préoccupation sur le bilan carbone du bâtiment à travers 4 piliers de mesure :

  • Construction (mixité intelligente des matériaux, sobriété de la conception…)
  • Exploitation (énergie faiblement carbonée, ENR…)
  • Stockage carbone (présence de matériaux bio-sourcés)
  • Economie circulaire (réemploi de produits, la mutualisation des espaces, le potentiel de changement d’usage, le potentiel d’extension)

Le label E+C-, aussi appelé Energie Carbone, est une expérimentation française préfigurant la prochaine réglementation de la construction qui succédera à la RT2012. Aujourd’hui, elle ne fonctionne que pour la construction neuve. Il s’agit d’une démarche volontaire. Le label E+C- intègre deux approches pour le calcul des performances environnementales :

- une approche simplifiée pour faciliter l’évaluation des impacts environnementaux du bâtiment

  • les lots du contributeur « produits de construction et équipements » les moins impactants (sur la base des retours d’expérience des tests HQE Performance 2011 et 2012) peuvent être complétés grâce à des valeurs forfaitaires maximisantes mises à disposition par le ministère en charge de la construction
  • des formules de calcul simplifiées sont proposées pour le calcul des impacts des contributeurs « chantier » et « consommations et rejets d’eau »

- une approche détaillée pour permettre aux maîtres d’ouvrage exemplaires de valoriser leurs efforts avec un calcul détaillé de l’ensemble des lots.

En parallèle, un calcul des indicateurs relatifs à la performance énergétique du bâtiment est réalisé avec le moteur de calcul fourni par le Ministère en charge de la construction, en complément du moteur actuel utilisé pour le calcul réglementaire. Il comprend un calcul des consommations des usages non réglementés et de l’autoconsommation.

Découvrez les candidats qui ont suivi les démarches BBCA et E+C- :

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Réduire l’empreinte carbone des bâtiments est devenu une véritable préoccupation et un objectif concret pour un nombre grandissant d’acteurs. Mais le secteur cherche encore les bonnes méthodes : sur quoi doit-on agir ? Un matériau 100% naturel est-il pour autant bas carbone ? Quels sont les meilleurs indicateurs pour mesurer cet impact ? Il reste beaucoup à faire et à débattre dans ce domaine. Si les solutions présentées par les candidats n’ont pas vocation universelle, elles peuvent inspirer les bâtiments de demain, par leurs échecs comme par leurs succès.

 



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