Filières locales, économie et emploi : les vraies questions à se poser

Il est souvent acquis que les filières locales pour la construction sont sources de développement économique et social pour les territoires et de surcroît qu’elles sont vertueuses en terme d’impacts environnementaux et sanitaires.

Si une démarche militante permet de concevoir naturellement tout l’intérêt des filières locales pour la construction, en exerçant son esprit critique on ne peut plus aujourd’hui se satisfaire de simples affirmations. A l’instar d’autres filières locales, il convient d’aller plus loin dans la réflexion, dans l’analyse et d’apporter des éléments de preuve, qui permettront de répondre aux détracteurs de ces démarches.

C’est au prix d’une telle réflexion que pourront se développer des filières locales pour la construction ayant de réels intérêts pour nos territoires. Ces quelques lignes n’ont pas la prétention de répondre à tous ces sujets, mais d’essayer de poser les premières questions qui permettront de mener la réflexion.

Le développement économique, quel que soit le domaine d’activité, dépendra de  la valeur ajoutée économique créée par les acteurs du secteur sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Il convient dès lors d’évaluer cette valeur ajoutée :

• Est-elle importante ou faible ?

Mais aussi de s’interroger sur la façon dont est répartie cette valeur sur toute la chaîne,

• Est-ce qu’elle ne bénéficie qu’à quelques acteurs de la chaîne ?
• Est-ce qu’elle reste sur le territoire ?

Sur la question du développement social, le simple critère, souvent mis en avant, de création d’emplois (ou d’emplois préservés) ne suffit, en rien, pour statuer sur l’intérêt d’une filière locale en termes de développement social. En effet, il est nécessaire de s’interroger sur :

• La qualité des emplois (savoir-faire, pénibilité, conditions sanitaires…),
• La répartition de la valeur ajoutée sur les emplois,
• Et plus globalement sur la responsabilité sociale des acteurs de la chaine de valeur.

A noter aussi que, souvent, la mise en place d’une filière locale, s’appuie sur une dynamique collective, au cours de laquelle tous les acteurs impliqués co-construisent la filière, or une telle démarche de co-construction représente une réelle valeur sociale pour le territoire. Elle est toutefois difficile à évaluer en termes d’impacts.

Enfin sur la question environnementale, souvent sous-jacente à la notion de filière locale, il est important de ne pas avoir d’a priori et de se référer aux cadres existants pour démontrer tout l’intérêt environnemental des produits issus des filières locales.

Répondre à tous ces questionnements, sans idée reçue et avec des outils adaptés, c’est permettre aux filières locales pour la construction de se valoriser et d’améliorer encore leurs performances environnementales et socio-économiques.

Article écrit par Yves Hustache, C&B Constructions & Bioressources

Retrouvez les filières locales de la construction durable lors de leurs Assises Nationales le 23 mars

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