Economies d'énergie : le lycée Kyoto tient ses promesses

Rédigé par

Jean-Philippe Pié

Journaliste

3548 Dernière modification le 30/07/2012 - 09:58

Lycée KYOTO Poitiers -  Photo : Région Poitou-Charentes/Françoise RochLa plupart des lycées en service aujourd'hui ont été construits entre 1950 et 1975. Des années glorieuses qui ne souciaient pas d'économies d'énergies. D'autant moins qu'un lycée, c'est un lieu "à courants d'air", où l'on circule beaucoup, d'une classe à une autre, d'un bâtiment à un autre. Conséquence : les lycées figurent parmi les immeubles français les plus énergivores. 


En 2005, une étude portant sur 90 % des lycées de la région Poitou-Charentes a évalué la consommation d'énergie moyenne à 160 kWh/m2/an par établissement. La nécessité de fusionner deux établissements, un lycée agricole et un lycée hôtelier, (les filières allant du CAP au bac pro) et de réunir 460 élèves a alors incité la région à réaliser un lycée exemplaire, avec une consommation de l'ordre de 5 kwh/m2/an. 

Conçu par l'architecte François Gillard et assez révolutionnaire lors de son ouverture à la rentrée 2009, le lycée Kyoto conserve aujourd'hui une réelle originalité - même si la réglementation et les nouvelles pratiques de construction tendent à banaliser ses performances. L'intelligence de sa conception, qui tient compte des "ressources" locales, l'absence d'énergies fossiles et surtout le bon comportement dans la durée peuvent inspirer utilement les lycées futurs... "Même si nous sommes encore en phase de mise au point, nous sommes à l'objectif en termes de consommation d'énergie" observe ainsi Emmanuel Puyfaud, en charge notamment du suivi du lycée au Conseil régional.


L'été, l'ouverture des ouvrants de l'atrium bioclimatique se fait automatiquement à partir de 27 C°, grâce aux sondes thermiques et solaires. Elles déclenchent aussi la fermeture des protections solaires.

 

Quelles sont les réalisations "stratégiques" de cet établissement de 16 500 m2 ? 

1) L'atrium central à ouvrants, qui sert de grand sas, d'espace tampon et régule les flux d'air. Sa fonction est fondamentale dans un lieu de fort passage. L'été, l'atrium permet de capter la chaleur et de l'évacuer par courant d'air entre les portes d'entrée et la verrière.

2) Une ventilation optimum, qui capte la chaleur... des élèves ! Dans une classe où 25 élèves sont présents, sans compter les ordinateurs, la chaleur monte vite. L'air chaud récupéré passe dans un échangeur avec rejet de l'air vicié puis est diffusé partout. Il en est de même pour les cuisines utilisées par les élèves hôteliers. 

3) Encore plus original et toujours dans cet esprit d'adaptation aux ressources locales, le lycée est équipé d'une cuve de 1000 mètres cube d'eau à 95 C°, bien isolée, qui stocke l'été la chaleur produite par l'incinérateur municipal, et la restitue l'hiver. Seul bémol, ce système de stockage inter-saisonnier se révèle plus coûteux que prévu. 

4) Une autre source d'énergie bien particulière ? Deux unités de cogénération fonctionnent à l'huile végétale (provenant des déchets du lycée hôtelier notamment) pour l'eau chaude sanitaire et la production d'électricité. 

S'ajoutent à cela, plus classiquement, 876 mètres carrés de panneaux photovoltaïques, une isolation par l'extérieur (un bardage + polyester et enduit ou caisson en bois avec laine de roche de 26 cm d'épaisseur). 

Pour préserver les qualités thermiques de ce lycée, il faut aussi travailler sur les usages, sur les comportements des élèves et des enseignants. "Le lycée étant ventilé de manière naturelle, il faut penser à ouvrir les fenêtres l'été, par exemple. Le travail de sensibilisation et d'explication est à effectuer à chaque rentrée" précise Emmanuel Puyfau. Mais les oreilles sont attentives. Le lycée éveille spontanément la curiosité des élèves. Les futurs professionnels agricoles sont intéressés par les panneaux solaires et la co-génération à l'huile. Les apprentis cuisiniers sont sensibles à l'utilisation d'appareils économes en énergie... 

Jean-Philippe Pié

Source ecobat " le Lycée Kyoto tient ses promesses"

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