[Dossier Quartiers Bas Carbone] #16 - Plus de ville = moins de carbone : l’exemple du projet urbain Lyon-Confluence

Rédigé par

Etienne Vignali

Chef de projet Développement Durable

6022 Dernière modification le 28/01/2020 - 12:04
[Dossier Quartiers Bas Carbone] #16 - Plus de ville = moins de carbone : l’exemple du projet urbain Lyon-Confluence

Pour doubler la taille du centre-ville de Lyon, un important projet de renouvellement urbain a été engagé dans le quartier de la Confluence. L'objectif est de pouvoir accueillir à terme (d’ici 2030), 20 000 habitants et 25 000 emplois supplémentaires.

Lyon-Confluence : 150 hectares à aménager en 30 ans

Situé dans la moitié sud de la Presqu'île de Lyon, entre deux cours d’eau (Rhône et Saône), le territoire de Lyon-Confluence a longtemps été considéré comme une zone insalubre où se concentraient différentes activités industrielles et logistiques. La disparition progressive de ces activités a laissé place à un territoire enclavé derrière une autoroute et des voie ferrées, mais constituait des friches industrielles à reconquérir. Pour réaliser ce projet urbain de 150 hectares, une entreprise ad hoc a été créée : la « société publique locale » (SPL) Lyon-Confluence. (Re)créer un centre urbain, dense et attractif, contribue ainsi à réduire l’étalement urbain de la périphérie.

Lyon-Confluence vu du ciel,  © SPL Lyon Confluence / Desvigne Conseil – Jean-Philippe Restoy (Regard du ciel)

Lyon-Confluence, c’est un million de m2 à construire en 30 ans. Réduire l’impact environnemental du projet urbain nécessite des solutions innovantes, des moyens financiers, et l’implication dans la durée d’acteurs publics et privés. Plusieurs partenariats (locaux, nationaux et internationaux) ont permis au projet urbain Lyon-Confluence de progresser sur la réduction de son empreinte carbone ; aussi bien pour la réduction de la consommation énergétique (bâtiments et transport), l’augmentation de la production locale d’énergies renouvelables, que pour l’utilisation croissante de matériaux biosourcés.

Réduction de l’impact carbone de Lyon-Confluence : principaux partenariats

Dès 2005, des bâtiments neufs bas carbone

Entre 2005 et 2010, Lyon-Confluence, la ville de Saragosse (Espagne) et la région Lombardie (Italie) ont collaboré pour construire des bâtiments à haute performance énergétique. Ce partenariat était soutenu par la Commission Européenne : projet Concerto-Renaissance (FP6 « 6th Research Framework Programme »). A Lyon-Confluence, il s’agissait de 3 îlots de constructions neuves, pour un total de 77 000 m2 (600 logements et 16 000 m2 de bureaux ou locaux d’activité).

La consommation énergétique de ces bâtiments était inférieure de 40% à la consommation des bâtiments classiques (selon la réglementation thermique française de l’époque, en 2005) grâce à :

  • l’architecture bioclimatique (logements traversants pour faciliter la ventilation naturelle, une isolation par l’extérieur, des fenêtres performantes, une maximisation de la lumière naturelle des logements, un système de ventilation adapté au climat et aux usages)
  • une production d’énergie renouvelable locale (chaudières biomasse et panneaux photovoltaïques) couvrant 80% des besoins en eau chaude et chauffage et 50% de la demande en électricité des parties communes).

Ilots « ABC » : premiers bâtiments à haute performance énergétique du quartier Confluence

Crédits photo : © SPL Lyon Confluence / Laurence Danière

2016 : premier îlot mixte à énergie positive

Entre 2011 et 2016, une étape supplémentaire a été franchie avec la construction de « Hikari » premier îlot à énergie positive du quartier, produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme : 3 bâtiments (représentants un total de 12 000 m2 : bureaux, logements, commerces). Ce projet était soutenu par :

  • la Commission Européenne : projet Next Buildings (FP7 « 7th Research Framework Programme ») ; associant Lyon, Amsterdam (Pays-Bas), Helsingborg (Suède).
  • Le NEDO (agence gouvernementale japonaise pour l’énergie et la technologie), via le programme Lyon Smart Community.

La conception et les matériaux utilisés dans la construction contribuent également à réduire la consommation d’énergie (50 à 60% de moins qu’un bâtiment classique) : isolation thermique, apport de lumière naturelle optimisé, récupération de chaleur via la ventilation, utilisation de la nappe phréatique et de la ventilation naturelle pour le refroidissement, capteurs adaptant l’éclairage et le chauffage en fonction de la météo ou de la présence d’usagers.

La mixité des bâtiments permet de lisser la consommation énergétique entre les différents usages (bureaux, logements, commerces), et donc d’optimiser la production énergétique de l’îlot : photovoltaïque (toiture & façade), cogénération à l’huile de colza, géothermie.

« Hikari » : premier îlot à énergie positive du quartier Confluence

Crédits photo : © SPL Lyon Confluence / Aurélie Pétrel

Mobilité bas carbone

La conception et l’aménagement des nouveaux espaces publics et cœur d’îlots végétalisés (promenades piétonnes, pistes cyclables, jardins, bords de cours d’eau). Au total, et pour l'ensemble du projet Lyon-Confluence, c'est 35 hectares d'espaces publics à terme : espaces verts ou voiries (23 hectares déjà réalisés).

Le projet urbain Lyon-Confluence cherche à améliorer la qualité de vie en ville en :

  • maîtrisant la place de la voiture en ville et la congestion du quartier
  • mutualisant l'utilisation des parkings entre résidents et salariés du quartier
  • développant des infrastructures de mobilité électrique (40 bornes de recharge électrique, 16 véhicules électriques en autopartage, 2 navettes électriques autonomes...)
  • mettant à disposition des stations de vélos en auto-partage (9 stations)
  • favorisant des aménagements d'espaces publics permettant des déplacements sécurisés et apaisés pour les vélos et piétons.

Le quartier est desservi par le métro, le tramway, des bus, le train et le TGV, des cars interurbains et internationaux, une navette fluviale (Vaporetto).

Espaces publics favorables aux modes doux à Lyon-Confluence

Crédits photos : © SPL Lyon Confluence / Laurence Danière

Rénovation énergétique des bâtiments existants

Au-delà de la construction de bâtiments neufs à haute performance énergétique, Lyon Confluence contribue à la rénovation des bâtiments du quartier existant : logements (copropriétés privées et cités de logements sociaux) mais aussi bureaux et équipements publics.

Objectif : atteindre le niveau Bâtiment Basse Consommation (BBC) rénovation ; soit 96 KWh d’énergie primaire/m2/an (usages réglementaires).

Les travaux concernent :

  • l’isolation (façades, planchers bas, toitures)
  • l’installation de menuiseries plus performantes
  • la rénovation des systèmes de chauffage et de ventilation
  • l’intégration d’énergies renouvelables (photovoltaïque et chauffage urbain).

Cela permet d’avoir :

  • un meilleur confort thermique (en hiver mais aussi en été),
  • la préservation et la mise en valeur du bâti (le quartier existant étant en zone de protection du patrimoine)
  • et des économies de charges pour les occupants des bâtiments rénovés.

Le premier projet de rénovation énergétique du quartier Confluence date de 2012 (bâtiment de bureaux). Mais c’est surtout depuis 2016, que les rénovations énergétiques se sont accélérées dans le quartier ; notamment grâce au soutien de la Commission Européenne : programme Horizon 2020 - « Smarter Together » avec un partenariat entre Lyon, Munich (Allemagne) et Vienne (Autriche).

Aujourd’hui c’est 18 projets de rénovation énergétiques qui sont concrétisés, pour un total de 70 000 m2 : bureaux, équipements publics, et plus de 600 logements.

 

Travaux de rénovation énergétique à Lyon-Confluence

Crédits photos : © SPL Lyon Confluence / Jérémy Mathieu

 

Des résultats tangibles… mais des efforts à poursuivre

Le projet urbain Lyon-Confluence est à la moitié de sa réalisation, avec 500 000 m2 de nouveaux bâtiments à haute performance énergétique déjà construits (passifs et à énergie positive) ; et l’équivalent restant à construire dans les 10 prochaines années. Les îlots de constructions neuves sont mixtes : ils intègrent des logements (dont plus d’un tiers de logements sociaux), des bureaux, et des commerces ou locaux d’activité.

Depuis 15 ans, plusieurs projets d’expérimentations conduits avec des partenaires internationaux ont permis au projet urbain Lyon-Confluence de tester des innovations, pour diminuer l’impact carbone du quartier. Cela permet désormais de systématiser la construction de bâtiments neufs avec une consommation de 100 KW d’énergie primaire/m2/an (tous usages). Un nouvel îlot à énergie positive de 30 000 m2 démarre sa construction, et sera livré d’ici 2022. La production photovoltaïque du quartier est aujourd’hui supérieure à 2MW. Depuis 2016, un réseau de chauffage urbain (alimenté aux deux tiers par des énergies renouvelables ou de récupération) est en fonctionnement, pour pouvoir alimenter les bâtiments neufs les plus récents, mais aussi une partie du quartier existant.

Lyon Confluence

 

Le quartier existant est également concerné par l’amélioration de la performance énergétique puisqu’à ce jour, c’est une vingtaine de projets de rénovation qui se sont concrétisés (logements privés, logements sociaux, bureaux, équipements publics) pour un total de 70 000 m2. Ces projets d’éco-rénovation combinent préservation du patrimoine historique, amélioration du confort thermique (en hiver et en été), diminution de la consommation d’énergie des anciens bâtiments, et intégration d’énergies renouvelables. Mais ces 18 bâtiments ne représentent encore qu’une (petite) partie du bâti ancien de Confluence.

Au-delà de la généralisation de bâtiments à faible impact environnemental, un enjeu important concerne la mise en place d’outils permettant de suivre, et de garantir, dans la durée, la performance énergétique des bâtiments et des installations de production d’énergie renouvelable. Plusieurs projets sont ainsi en cours de développement, en partenariat avec la plateforme de données de la Métropole de Lyon, et différents maîtres d’ouvrages (promoteurs immobiliers, bailleurs sociaux, gestionnaires de bâtiments…).

Amélioration de la performance énergétique des bâtiments neufs de Lyon-Confluence :

principaux partenariats internationaux


Un article rédigé par Etienne Vignali, Chef de projet Développement durable, SPL Lyon Confluence

 

http://www.lyon-confluence.fr/

https://twitter.com/splconfluence

https://vimeo.com/lyonconfluence

https://www.facebook.com/LyonConfluence

 

Consulter l'article précédent :  #15 - Village des athlètes de Paris 2024 : Universeine a le bas carbone comme leitmotiv


           

Dossier soutenu par

Quartiers Bas Carbone

 

Quartiers Bas Carbone

Retrouvez tous les articles du dossier

 Quartiers Bas Carbone

Partager :