Développer la ville nourricière à Roubaix

Rédigé par

ALEXANDRE GARCIN

Collectivités

4699 Dernière modification le 28/01/2019 - 15:00
Développer la ville nourricière à Roubaix

La ville de Roubaix est la ville la plus dense des Hauts-de-France, avec plus de 7000 habitants/km². Ville champignon qui s’est construite au gré des usines textiles au XIXe siècle, elle est aujourd’hui caractérisée par un tissu urbain constitué de plein mais aussi de vides laissés par les anciens sites industriels qui n’ont pas trouvé de nouvel usage avec la fin de l’industrie textile.

Rapidement, l’agriculture urbaine est apparue comme une perspective permettant de répondre à la fois aux enjeux de recyclage des friches, mais également plus largement aux enjeux de réappropriation de la ville ainsi qu’aux enjeux alimentaires.

Répondre aux enjeux alimentaires : du potager urbain au pied d’immeuble

De 2010 à 2018, la ville a doublé les nombre de jardins familiaux et partagés et compte aujourd’hui 350 parcelles de jardins familiaux et près d’une dizaine de jardins partagés répartis sur 9 hectares, lesquels sont désormais protégés au plan d’urbanisme.

Mais la demande reste forte : près de 200 familles attendent toujours un lopin de terre à cultiver. Dans une ville dense, où les liens avec la nature manquent et où l’accès à une alimentation de qualité reste insuffisant, le besoin de se reconnecter au vivant par la culture du sol semble répondre à un besoin primaire. De nouveaux espaces sont donc peu à peu colonisés pour l’agriculture : les pieds d’immeubles ou les coins de rue.

Vers une reconquête des friches industriels

En 2016, la ville a entrepris de répertorier l’ensemble des friches pouvant répondre à des modèles d’agriculture urbaine. 15 hectares de friches ont été identifiés : dalle de parking inutilisé, ancienne friche industrielle. Au total, près de 24 hectares pourraient donc être cultivés à Roubaix et fournir 50% des besoins de fruits et légumes de 10% de la population.

Un appel à projet est lancé en janvier 2019 pour une dizaine de sites, le plus grand représentant 2,5 hectares. Reconquérir les friches pour nourrir la ville, c’est aussi une autre façon pour la ville de mettre en œuvre sa politique zéro déchet. Les déchets organiques peuvent se transformer localement en compost. Ce qui vient de la terre revient ainsi localement à la terre. Les gestes de tri reprennent du sens dans une approche locale. Les friches également se recyclent, pouvant ainsi redevenir des lieux d’activité et d’emploi, tout en contribuant à une amélioration du cadre de vie.

Agriculture urbaine et pollution des sols

La reconquête des friches industrielles pour l’agriculture pose néanmoins la question de la pollution des sols. Les sols souvent pollués par les anciennes industries doivent être analysés avec rigueur. Si la pollution est partout dans celle que l’on appelait la ville aux 1000 cheminées, elle n’est pas toujours incompatible avec des activités agricoles. En s’entourant des meilleurs experts en France mais aussi à l’international, la ville de Roubaix souhaite apporter à chaque site les réponses appropriées permettant de redonner un avenir agricole dans la ville jusqu’à accepter les cultures hors-sol quand il n’y a pas d’autre possible.

Articlé signé Alexandre Garcin, Adjoint au Maire de Roubaix, en charge du Développement Durable, du Numérique et de la Modernisation de l’Administration

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