Des solutions pour la ville de demain : vers une renaturation des sols : retour sur la journée technique du 08 octobre 2019 à la Défense

4795 Dernière modification le 24/10/2019 - 10:13
Des solutions pour la ville de demain : vers une renaturation des sols : retour sur la journée technique du 08 octobre 2019 à la Défense
Le mardi 08 octobre 2019, le Cerema Ile-de-France a organisé une journée d’échanges à destination des collectivités, pour présenter des exemples concrets de désimperméabilisation et renaturation des sols et répondre aux principales inquiétudes des acteurs face à ces solutions innovantes. Près de 150 personnes issues des collectivités, bureaux d’études et services de l’état ont répondu présent à l’invitation.
 

VERS UNE RENATURATION DES SOLS

Depuis les années 60, nos villes s’étendent afin de répondre à de nombreux besoins sociaux et économiques (demandes de logements, de transports, d’activités, de parkings, …). Cet étalement urbain engendre inévitablement une artificialisation des sols voire une imperméabilisation qui n’est pas sans conséquence sur notre vie et notre environnement : recul des espaces naturels et agricoles, érosion de la biodiversité, augmentation des risques d’inondation, îlots de chaleur urbain... visuel Pour limiter ces phénomènes, dans un contexte de changement climatique et de forte demande sociale et environnementale pour plus de nature en ville, des collectivités ont développé des stratégies globales se basant sur la désimperméabilisation et la renaturation de leur sol.

 

Cette journée technique a permis de présenter des exemples concrets de désimperméabilisation et renaturation des sols et de répondre aux principales inquiétudes des acteurs (collectivités, bureaux d’études, services de l’Etat) face à ces solutions innovantes afin de les développer le plus largement possible sur les territoires, de l’opération à la planification.

 

 

LE SOL COMME UNE DES SOLUTIONS DE LA VILLE DE DEMAIN :

Lors de cette séquence introductive, le Cerema représenté par V. Graffin, directeur du département ville durable du Cerema Ile-de-France a présenté le contexte, les enjeux de la prise en compte des sols, les travaux du Cerema sur le sujet ainsi que l’accompagnement qu’il propose aux collectivités.

Les sols rendent de multiples fonctions et services essentiels à l’Homme, notamment dans le cadre de l’adaptation au changement climatique et la limitation de l’érosion de la biodiversité. Malheureusement l’artificialisation des sols impacte fortement ces sols et les fonctions et services qui lui sont associés. Le plan biodiversité de 2018 a mis en avant un objectif de « Zéro Artificialisation Nette » afin de limiter au mieux ce phénomène comme l’ont présenté A. Lombard, chargé de mission MTES/DEB et G. Ducos, chargée de mission MTES/CGDD. Des exemples de solutions plus ou moins simples à mettre en œuvre ont ensuite été présentés par Marc Barra, écologue à l’ARB IdF, département de l’Institut Paris Région et qui sont mis en avant dans le cadre du dispositif Capitale Française de la Biodiversité

schémaLes deux alignements d’arbres ont été plantés en même temps mais avec des conditions différentes : les arbres de gauche ont été plantés dans des fosses individuelles tandis que ceux de droite bénéficient de fosses continues : un gage de réussite pour la reprise et le développement du végétal !

 

La séquence suivante s’est articulée autour de la présentation d’exemples réussis d’opérations de désimperméabilisation et renaturation des sols, mis en œuvre dans certains territoires comme à Bagneux (« Renouvellement urbain du quartier V. Hugo » par N. Leroy, paysagiste), Aubervilliers (« Projet de la Tierce forêt » par A. Bernik, architecte, cf. photo ci-dessous) et Lyon (« Requalification bioclimatique de la rue Garibaldi » par F. Ségur). L’ensemble de ces projets se caractérise par une approche transversale du sujet, un portage politique fort, la mobilisation de différents acteurs complémentaires (écologue, paysagiste, architecte, etc.) ainsi qu’une participation citoyenne et des études de sol réalisées au préalable.

Caractérisation du sol

DES RÉPONSES AUX INQUIÉTUDES DES ACTEURS DE L’AMÉNAGEMENT SUR LES SOLUTIONS :

La première partie de l’après-midi a été consacrée à une table ronde, animée par R. Dagois de Plante & Cité, qui a mis en avant les principaux freins au développement de ces solutions innovantes : leur coût par rapport aux techniques classiques, leur faisabilité technique dans des espaces dégradés et les contraintes liées au sous-sol, notamment en milieu urbain. Des recommandations / solutions techniques (cf. photo ci-contre : création de sols artificiels par G. Séré) / outils ont été proposés par des experts afin de lever au mieux les freins identifiés et répondre aux questions de la salle.

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DES SOLUTIONS À DIFFÉRENTES ÉCHELLES : DE LA PARCELLE À LA MÉTROPOLE :

La dernière thématique a permis d’aborder les réflexions et solutions innovantes qui peuvent être mises en œuvre à différentes échelles de la ville. Cette séquence s’est articulée tout d’abord autour de deux retours d’expérience: un travail pédagogique à Marseille sur des solutions potentielles à différentes échelles inspirées des techniques ancestrales de gestion de l’eau (cf. photo ci-contre) et un à Paris sur la désimperméabilisation des sols de cours d’écoles (projet de cours Oasis). La dernière présentation avait pour objet de présenter un projet de recherche appliquée : le projet Dési’ville visant à proposer un outil d’aide à la décision sur cette question de la désimperméabilisation.

Impluvium au Sénégal et ses principes
Impluvium au Sénégal et ses principes
Source : ENSP Versailles-Marseille
 

CONCLUSION :

La question des sols en milieu urbain est devenue de plus en plus prégnante en France, mise en avant par le plan biodiversité de 2018 et son objectif de « zéro artificialisation nette ». Cet objectif nécessite bien sûr une approche quantitative (observatoire du foncier) mais aussi (et surtout) une approche qualitative afin de prendre en compte la qualité des sols : la renaturation des sols peut participer à cet objectif mais ne sera sans doute pas suffisant.

Aujourd’hui, dans un contexte fort d’adaptation au changement climatique, de limitation de l’érosion de la biodiversité et d’une forte demande sociale pour davantage de nature en ville, des solutions de désimperméabilisation et renaturation des sols apparaissent essentielles voire incontournables et qui commencent à être mises en œuvre dans certains territoires. Il est évident que de fortes contraintes existent en milieu urbain (pollution, faible infiltrabilité, gypse, réseaux techniques, …) mais celles-ci doivent être étudiées et précisées : un diagnostic préalable de sol, réalisé par des spécialistes, est indispensable pour connaitre le sol et permettre la plupart du temps de les lever.

Ces solutions, applicables de l’échelle de l’opération à l’échelle de la planification, nécessitent encore de la recherche. Des outils techniques/projets de recherche en cours de développement seront à terme proposés aux collectivités afin de les aider dans la mise en œuvre de ces solutions de désimperméabilisation-renaturation des sols (projets REGREEN, Dési’ville, TRIADE, SITERRE 2).

Article publié sur Cerema événement
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