Croître avec la révolution écologique: 3 questions à Christian Brodhag

Rédigé par

Christian Brodhag

Vice-Président Construction21 France / Président Construction21 AISBL

2283 Dernière modification le 05/11/2015 - 10:17
Croître avec la révolution écologique: 3 questions à Christian Brodhag

La transition énergétique et écologique (TEE) est le plus souvent perçue comme une contrainte par les entreprises. Et pourtant, elle peut être un puissant levier de différenciation et d’innovation. Dans sa nouvelle étude, « Croître avec la révolution écologique », Bpifrance Le Lab a choisi de partir du point de vue de 1000 collaborateurs de PME et d’ETI, afin de mieux comprendre leurs attentes et leurs réactions face aux démarches « TEE » de leur entreprise. C’est donc un nouveau regard sur la TEE qui est ici proposé et une mise en lumière des opportunités qu’elle offre pour les entreprises.

Christian Brodhag, Directeur de recherche à l'Ecoles des Mines de Saint Etienne et président de Construction21, témoigne sur l'innovation et la révolution écologique dans le bâtiment.

La transition énergétique et écologique apparaît-elle comme une contrainte ou un défi pour le secteur de la construction et du bâtiment?

Christian Brodhag: C’est un défi majeur. Le secteur offre un réservoir très important de réduction des émissions par des actions à coût faible voire négatif. Le défi est de transformer ce potentiel en un marché, alors que les coûts de l‘énergie, qui sont croissants à long terme, sont aujourd’hui artificiellement bas, suite notamment à des tensions géopolitiques. Diminuer le recours aux énergies fossiles, s’orienter vers des bâtiments à énergie positive, cela répond à la question climatique, mais aussi à la création d’emplois et d’activités relocalisés, à l’équilibre de la balance commerciale et à l’économie de long terme. Le pur jeu économique de court terme ne permet pas la transition, mais le fait que la construction soit très encadrée par la réglementation permet de tirer vers le haut le niveau moyen de performance thermique notamment des bâtiments neufs.

Quelles sont les caractéristiques de l’innovation dans le secteur ?

C.B. : Si elle est largement tirée par la réglementation et les incitations fiscales, l’innovation dans la construction a des origines très diversifiées, poussée par de nouvelles technologies ou solutions dans les matériaux, les produits, ou les applications du numérique, et tirée par le marché, notamment dans le tertiaire ou encore par des demandes nouvelles des consommateurs.

L’innovation ne se limite pas au neuf, à des technologies de rupture et à quelques bâtiments emblématiques. La réhabilitation de l’ancien est un enjeu majeur en France (80 % du parc bâti de 2050 est déjà construit), et des solutions simples, voire frugales, peuvent apporter une contribution non négligeable à ces transitions.

L’innovation se logera dans tous les grands enjeux identifiés et notamment les solutions constructives, actives et l’économie circulaire. Les solutions constructives impliquent les enveloppes, les matériaux isolants, les vitrages…, ainsi que la structure en jouant sur l’inertie et le stockage. La gestion des matières premières, notamment biosourcées, et le recyclage des déchets en fin de vie, s’inscrivent dans le cadre de l’économie circulaire. Quant aux solutions actives de régulation et de pilotage, elles vont descendre depuis les grands immeubles tertiaires vers la copropriété et le logement individuel.

En parallèle, le numérique, permettant l’accès et le traitement de données, massives ou non, va introduire des innovations managériales et économiques majeures. La maquette numérique (BIM) va introduire une plus grande précision dans la gestion des chantiers et, demain, la gestion des bâtiments en mettant à disposition de tous les acteurs une carte d’identité détaillée de chaque bâtiment. La mesure fine des consommations en temps réel et l’automatisation des systèmes dans des bâtiments connectés apporteront également une meilleure maîtrise de la consommation finale.

Cela ne manquera pas d’impacter la réglementation et les labellisations, pour s’intéresser à la performance réelle en usage, qui seule compte tant en matière économique de consommation d’énergie que du point de vue climatique.

Quels sont les objectifs de la plateforme Construction21 ?

C.B. : Le média social Construction21 a été conçu pour accompagner les transitions du bâtiment. Il part du constat, d’une part, que le secteur de la construction est multiforme, et repose sur une variété d’acteurs économiques et professionnels, et d’autre part que la révolution numérique peut permettre l’accès à l’information pour ces acteurs. Outre le rôle de veille et d’information, Construction21 propose 3 types de contenus originaux :

  • une base de données des meilleures réalisations de construction et d’innovations (avec un dispositif de prix international qui accentue la visibilité) ;
  • une base de données sur les formations disponibles par thèmes et par régions pour une trentaine d’organismes de formation en France ;
  • des communautés en ligne avec des activités de veille partagée sur un thème, une formation, un projet, un évènement ou l’usage d’un outil.

En développant en partenariat avec le R20, l’association initiée par Arnold Schwarzenegger, une nouvelle base de données décrivant quartiers exemplaires et solutions urbaines, Construction21 se positionne au niveau international comme plateforme d’échange pour la réalisation de l’objectif de développement durable des Nations Unies n°11 sur la ville et la construction durable.

 

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