Conception collaborative et BIM : Quels outils, quelles organisations, quels bénéfices ?

7402 Dernière modification le 12/04/2016 - 10:24
Conception collaborative et BIM : Quels outils, quelles organisations, quels bénéfices ?

Malgré ses nombreux avantages, le BIM est une notion encore trop mal connue des professionnels de la construction, de l’aménagement et de l’exploitation. C’est autour de cette problématique qu’a eu lieu les 6 et 7 avril 2016, à l’espace Grande Arche, la seconde édition du BIM World.

Cet outil permettant à tous les intervenants de travailler de façon collaborative implique des bouleversements dans les modes de travail, ce qui explique pourquoi il a encore du mal à s’intégrer dans le secteur de la construction.

Lors d’une conférence axée sur la conception collaborative et le BIM, trois intervenants ont fait part de leurs retours d’expérience pour permettre aux professionnels de mieux aborder les problématiques qu’ils peuvent rencontrer avec la méthode BIM.

Assurer la collaboration des différents acteurs dans un projet de grande envergure peut vite devenir un casse-tête lorsque les différentes parties manquent d’informations. « Pour un projet de cette taille-là, collaborer n’est pas inné, ni naturel, mais il faut s’en donner les moyens », explique Simon Moreau, BIM manager chez Ingerop. « La cellule intégrée est notre meilleur outil collaboratif », cette innovation a pour but de rassembler tous les concepteurs en un seul lieu pour discuter, expliquer et débattre de solutions dans le but ultime de mieux comprendre les différents corps de métier.

Selon Jean-Baptiste Valette, Chef du Service Ingénierie Modélisation Projets à Vinci Construction France, le BIM connaît quatre contraintes :

1.       Le mode d’organisation des acteurs

Un mode de travail insuffisamment collaboratif et la déperdition d’informations sont à l’origine de l’augmentation des coûts et des délais, induisant ainsi une perte d’efficacité de l’approche top-down.

2.       Le partage des savoirs

En général, les documents des différents corps de métier divergent par leur format, ce qui empêche la bonne transmission, récupération et exploitation des informations.

3.       La circulation de l’information

Il existe deux extrêmes, soit l’information ne suit aucun protocole et s’avère être totalement chaotique, la rendant inexploitable. Soit l’information peut être excessivement contrôlée ; dans ce scénario elle n’atteindra jamais le destinataire et sera vouée à être perpétuellement réévaluée et complétée.

4.       La confiance

JB Valette souligne l’importance de la confiance entre les différents corps de métier, dont l’absence génère les déperditions en cascade, source du réel manque d’informations chez les usagers ; « La confiance ne s’impose pas, elle se construit ».

Pour outrepasser ces contraintes, la solution serait alors d’opter pour un BIM « managé », dans lequel il faut que les fonctionnalités, l’organisation, les outils et la plateforme soient définis au préalable, puis que l’ensemble soit formalisé dans une convention BIM.

Jean Baptiste Valette insiste que, si nous souhaitons qu’un projet OpenBIM collaboratif fonctionne au mieux, il faut que l’ensemble des acteurs soit un minimum formé à la méthode BIM, « les vraies réussites sont celles que l’on partage ».

« Le coût d’étude par opposition à l’exploitation est particulièrement bas, si on veut un BIM efficace il faut agir dès la conception, intégrer le BIM uniquement aux outils logistiques est une aberration » interpelle Jean-Marie Rousseau,président du groupe BETOM.  Il attire l’attention sur l’actuel manque de conscience de la maîtrise d’ouvrage lorsqu’il s’agit d’initialiser la maquette BIM. Aujourd’hui les économies générées par la maquette BIM pour un bâtiment sont estimées à 20% pour les coûts de construction et de 7% sur les budgets d’entretien et de maintenance.

Son retour d’expérience lui a permis d’établir les coûts d’entrée dans la transition numérique à travers une démarche BIM, ses investissements sont de :

  • 1€/m²/bâtiment pour les maquettes numériques
  • 1€/m² de foncier pour les autre informations (topo, réseaux extérieurs, délimitations, etc.)
  •  300 000€ d’outils (achat, développement, formation, contrat d’entretien, etc.)

Ces investissements ne viennent pas sans bénéfices, il a été enregistré une économie annuelle de 2€/m² de bâtiment, en grande partie due à la diminution de temps de recherche en informations et à l’augmentation d’informations disponibles. En effet, lors de la phase de chiffrage les variations de prix, peuvent maintenant être rapidement expliquées grâce au BIM.

Malencontreusement les retours sur expérience sont encore insuffisants pour estimer les bénéfices réels d’une maquette BIM.

Bien que ces retours d’expérience soient positifs, il ne faut pas oublier que des contraintes peuvent rapidement surgir si le maître d’ouvrage ne contrôle pas bien la situation. Une situation mieux gérable par la création de nouveaux rôles dédiés à la gestion du BIM. De même, une bonne coalition est indispensable, pour cela il ne faut pas omettre de normaliser les acteurs et délimiter clairement les prestations de chaque corps de métier.

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