Collectivités, comment réussir la mise en oeuvre du tri à la source des biodéchets ?

3923 Dernière modification le 09/05/2017 - 07:40
Collectivités, comment réussir la mise en oeuvre du tri à la source des biodéchets ?

La loi sur la Transition énergétique pour la croissance verte, fixe le taux de valorisation en matière de déchets non dangereux à 65% et une réduction de la mise en décharge de 50% à l’échéance 2025. Le tri à la source des biodéchets constitue un enjeu important pour l’atteinte de ces objectifs et une obligation de généralisation à l’ensemble des producteurs pour 2025.
Les collectivités génèrent une large part des biodéchets produits, tant par leurs services que par les ménages. Elles ont accès à toute une palette d’outils pour la mise en œuvre du tri à la source : gestion de proximité (compostage domestique, partagé en pied d’immeubles ou à l’échelle d’un quartier) avec traitement in situ, collectes séparées (en porte à porte ou en apport volontaire) avec traitement centralisé (compostage industriel, méthanisation). L’ADEME publie des recommandations opérationnelles pour les collectivités afin de mettre en œuvre la généralisation du tri à la source.

Les biodéchets regroupent les déchets issus de ressources naturelles animales ou végétales. Dans les déchets ménagers, ils sont constitués surtout des déchets de cuisine (épluchures de légumes etc.), des déchets verts du jardin (tailles de haie, tonte de gazon, etc.) et des déchets en cellulose (essuie-tout, mouchoir en papier).

Généralisation du tri à la source des biodéchets, comment ça marche ?

En premier lieu, la réduction de la production des déchets par la prévention et la lutte contre le gaspillage alimentaire doivent constituer des objectifs prioritaires des plans d’action.

L’ADEME recommande la réalisation d’un diagnostic du territoire tenant compte des spécificités locales pour permettre de faire émerger un plan d’action. Cet état des lieux comporte par exemple, l’identification des outils de prévention de production de biodéchets, une étude des gisements (dont la part de gaspillage alimentaire) et des débouchés potentiels de biodéchets produits, une évaluation des coûts globaux du service public, etc.

Cela permettra à la collectivité de définir le plan d’actions à mettre en œuvre et permettra ainsi d’atteindre la performance attendue à un coût maitrisé. La collectivité peut choisir des solutions complémentaires et spécifiques aux différents milieux de son territoire : par exemple limiter la production de biodéchets en réduisant le gaspillage alimentaire de 50% et, pour les déchets produits, 80% de gestion de proximité combiné à 20% de collecte séparée de biodéchets.

L’adoption de solutions adaptées pour le tri à la source de biodéchets, ainsi qu’une optimisation globale de tout le service public de gestion des déchets ménagers et assimilés doivent permettre une meilleure maîtrise des coûts de la collectivité.

Les biodéchets sont à orienter d’abord en compostage domestique ou partagé, puis les déchets verts peuvent être collectés en déchèteries ou points de regroupement en limitant cet apport par des actions de prévention auprès des particuliers. La collectivité doit jouer un rôle dans l’accompagnement des ménages dans l’utilisation des composteurs, elle ne doit plus seulement se concentrer sur la distribution du matériel mais la compléter par la connaissance des usagers sur la pratique. L’ADEME recommande aux collectivités de recourir aux dispositifs de formation existants coordonnés par le Réseau Compost Citoyen (RCC). Quatre types de missions y sont développés : le chargé de mission déchets des collectivités, le maître composteur, le guide composteur, le référent de site.

Pour la collecte séparée des biodéchets, l’ADEME conseille de cibler en priorité les déchets alimentaires pouvant être compostés ou méthanisés. Le choix des moyens de pré collecte (récipients chez l’habitant) et de collecte (bacs de présentation) doit être adapté à l’organisation choisie. Les modalités de collecte peuvent se baser sur l’apport volontaire, notamment quand ce moyen est très développé sur les autres flux, et/ou sur la collecte en porte en porte, voire même en substitution de certaines tournées de collecte des ordures ménagères résiduelles.

L’exemple du SMICTOM des Pays de Vilaine (Ille-et-Vilaine)

Le syndicat a réduit de 60 % son tonnage d’ordures ménagères résiduelles (OMR) entre 2012 et 2014 en mettant en place d’une façon quasi-simultanée la collecte séparée des biodéchets et la redevance incitative. En 4 ans, un flux de biodéchets s’est « stabilisé » autour de 30 kg/hab./an.

Informer pour sensibiliser et mobiliser tous les acteurs.

Conduire une campagne d’information soutenue et réitérée auprès des usagers, pour préparer et expliquer, est nécessaire à l’acceptation des changements qui interviendront.

Pour que celle-ci soit effective il est également important de sensibiliser et d’impliquer tous les acteurs concernés pour construire la nouvelle filière : une démarche de construction de la filière en transversalité et une concertation avec l’ensemble des acteurs concernés sur le territoire, qu’ils soient individuels (citoyens collecteurs et utilisateurs, agriculteurs utilisateurs) ou collectifs (associations, réseaux d’acteurs), acteurs publics (établissements scolaires, de santé…) ou privés (groupements de gros producteurs, prestataires de collecte ou de traitement) est primordiale pour la cohérence et la pérennité de la nouvelle filière.

 

Article publié sur ADEME
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