Collaborations bailleurs – locataires et transition énergétique : ça pêche encore…

Rédigé par

Cédric BOREL

Directeur

1699 Dernière modification le 10/03/2017 - 10:54
Collaborations bailleurs – locataires et transition énergétique : ça pêche encore…

Les limites de la technique et du réglementaire.

L’une des plus grandes difficultés – et non des moindres – pour mettre en place un plan volontariste d’efficacité énergétique dans les bâtiments existants a été pointée par le rapport d’étape de la Charte Tertiaire du Plan Bâtiment Durable [1] : « les collaborations entre propriétaires-bailleurs et locataires sont très souvent minimalistes, voire inexistantes, rarement fructueuses ». La même étude révèle que les annexes environnementales aux baux sont, dans la majeure des cas, réduites à la collaboration minimale réglementaire, en témoigne le graphique ci-contre.

Comment expliquer ce statu quo ? Une enquête sociologique menée à l’occasion de la première édition du concours CUBE 2020[2] de l’IFPEB (dont le principe est d’animer une compétition d’économies d’énergies annuelle entre bâtiments tertiaire) a servi de révélateur des points de blocage. L’enjeu du concours étant de les lever par une démarche originale en temps limité.

L’« effet concours » suscité par CUBE 2020 aligne les actions des bailleurs, locataires et exploitants et permet d’enclencher une dynamique de collaboration plus « légère » sur l’enjeu énergétique considéré annexe par rapport à l’activité principale. Ainsi, l’urgence amicale du concours (un an pour réussir) permet aux parties prenantes de se retrouver sur un plan de progrès d’économies d’énergie plus fédérateur et dynamisant. Certains candidats interrogés se réjouissent que « les locataires [aient] compris beaucoup de choses sur ce qu’ils pouvaient demander à l’exploitant ». Les sociologues ont analysé qu’ « une source importante d’économies provient de la collaboration resserrée de l’exploitation et des utilisateurs, qui permet de s’accorder sur un réglage de l’exploitation au plus proche des usages ».

Même les bâtiments certifiés qui disposaient déjà un « comité vert » entre toutes les parties ont vécu à travers CUBE 2020 l’accélération des actions et une mobilisation plus forte des occupants. La prise de conscience collective est un vrai plus. Des candidats de la deuxième édition l’ont dit : « On est tous ensemble sur la même barque et on rame dans la même direction !» 

Ce n’est pas toutefois la panacée. Comment faire, dans un management « normal » d’activité, hors concours ? L’IFPEB a documenté les points clés d’une « action coup de poing énergie » d’une année. La réussite dépend d’une mise en place coordonnée de stratégie d’entreprise, d’engagement, de management, de communication et de collaborations entre utilisateurs et parties prenantes techniques[3].

Comme si, in fine, tous les outils étaient déjà là côté technique et méthodologie. Il ne manquait que le prise de conscience généralisée et l’envie collective de les utiliser.

C’est sûrement la clé pour s’engager efficacement dans la transition énergétique de l’immobilier tertiaire.

 

Cédric BOREL, Directeur IFPEB  



[1] Rapport « Charte pour l’efficacité énergétique des bâtiments tertiaires publics et privés, Troisième rapport de suivi, des objectifs confirmés, un besoin d’échanger entre acteurs pour les atteindre. »  Disponible sur ce lien.

[2] Concours Usage Bâtiment Efficace, CUBE 2020, sur ce lien.

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